La francophonie milite pour se faire entendre
Denis Simard, président de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF)
Crédit : Courtoisie
Les organismes francophones en situation minoritaire ont multiplié les actions pour faire connaître les enjeux de la francophonie canadienne et défendre ses intérêts auprès des partis et des candidats aux élections fédérales du 20 septembre 2021. Les citoyens francophones sont également invités à passer à l’action.
La campagne électorale fédérale bat son plein. Malgré les nombreuses contraintes de la pandémie et celles liées aux élections anticipées, candidats et leaders politiques ne ménagent pas leurs efforts pour séduire.
De leur côté, les représentants des communautés francophones mettent en avant les enjeux de la francophonie canadienne. Des enjeux dont les plus prioritaires sont la modernisation de la Loi sur les langues officielles (LLO) et la place de la francophonie canadienne dans la relance post-pandémique, en plus d’enjeux sectoriels dans l’éducation, la santé, la jeunesse ou l’immigration.
« Mon vote francophone »
Présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada.
Crédit : Courtoisie
« Nous avons développé des outils pour faire en sorte que nos communautés francophones et acadienne et leurs associations de représentation soient bien outillées pour connaître et défendre les intérêts de la francophonie canadienne dans ces élections fédérales », indique Liane Roy, présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).
Depuis Ottawa, la FCFA, qui regroupe l’ensemble des associations francophones des provinces et des territoires hors Québec, a conçu « Mon vote francophone », une plateforme en ligne qui permet au citoyen francophone de trouver toutes les informations nécessaires en vue de choisir pour qui voter.
Enjeux prioritaires, enjeux et revendications de chaque secteur, déroulement du vote et droits linguistiques des électeurs francophones, ce sont là autant d’éléments disponibles sur le site lancé par la FCFA.
Mieux encore, la plateforme offre aux électeurs francophones la possibilité d’agir en utilisant des lettres types qu’ils peuvent envoyer aux candidats dans chacune des circonscriptions. « Sous peu, nous allons ajouter un comparatif des plateformes électorales pour aider nos électeurs à identifier celles qui servent le mieux les dossiers de la francophonie canadienne », confie Liane Roy.
Sensibiliser les partis
Sur le terrain, la FCFA et les associations francophones partout au pays ont organisé des rencontres régionales avec les candidats. Dans l’Ouest canadien, l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) s’est jointe à ses pairs de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et du Manitoba pour rencontrer les candidats des trois partis politiques majeurs, à savoir le Parti libéral, le Parti conservateur et le Parti néo-démocrate.
« Nous leur avons brossé un portrait de la francophonie de l’Ouest canadien, les priorités de nos communautés dans chacune de nos provinces, ainsi que nos réalités avant d’avoir des sessions de questions-réponses entre candidats et représentants », révèle Denis Simard, président de l’ACF.
À l’issue de ces rencontres, le porte-parole de la fransaskoisie identifie deux types de candidats. D’une part, ceux qui ont des liens solides avec les communautés francophones de l’Ouest et qui sont venus réitérer leur volonté de les soutenir. D’autre part, ceux qui avaient peu ou pas de connaissance du fait français dans l’Ouest et sont venus s’en informer pour la première fois.
Réforme du bilinguisme
Sur la question de la réforme de la Loi sur les langues officielles attendue par les francophones depuis plusieurs décennies, la FCFA tout comme l’ACF sont confiantes quant à la volonté des trois principaux partis de passer à l’action.
En effet, libéraux et conservateurs ont promis d’agir dans ce sens dans les 100 premiers jours suivant les élections du 20 septembre, tandis que le les néo-démocrates ont promis que cette réforme serait l’une de leurs priorités.
Reste à savoir le contenu des projets de loi qui seront présentés. Et là encore les représentants de la francophonie canadienne promettent d’être vigilants et très actifs pour défendre les intérêts des communautés francophones minoritaires. « Nous sommes des organismes apolitiques et nous travaillons avec tout le monde pour la protection de nos droits », rappelle Denis Simard.
Éducation en français
L’éducation francophone en milieu minoritaire, autre dossier brûlant, n’a pas été négligée par les partis fédéraux. En effet, le leader du parti libéral Justin Trudeau tout comme celui des néo-démocrates Jagmeet Singh se sont arrêtés début septembre à Sudbury, grand bastion franco-ontarien où se trouve l’Université Laurentienne dont la crise a fait couler beaucoup d’encre.
D’après le média franco-ontarien ONFR, qui a couvert ces rencontres, Justin Trudeau a promis de doubler les fonds accordés sur trois ans aux institutions postsecondaires francophones en milieu minoritaire, passant de 40 à 80 millions de dollars dès la prochaine rentrée, et ce, de manière permanente.
De son côté, Jagmeet Singh n’a pas donné de promesse chiffrée, mais a tout de même promis de sauver l’Université Laurentienne, bien qu’il ne soit pas en faveur du transfert des programmes en français à l’Université de Sudbury comme le souhaitent plusieurs Franco-Ontariens. Pour sa part, le Parti conservateur a promis d’accorder annuellement 30 millions de dollars aux institutions postsecondaires francophones, sans préciser si ce transfert serait à caractère permanent.
« Ces promesses prouvent que nous nous faisons entendre et que la francophonie canadienne a son mot à dire », se réjouit Liane Roy. Reste à voir si les partis passeront de la parole aux actes.
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