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Politique
La FCCF plaide la cause de la SRC auprès de la ministre Shelley Grover

La FCCF plaide la cause de la SRC auprès de la ministre Shelley Grover

Le lundi 28 juillet 2014

Objet : Lettre ouverte à l’honorable Shelly Glover, ministre du Patrimoine canadien

Madame la Ministre,

Au nom des 22 membres de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), des quelque 3 000 artistes et des milliers d’artisans et travailleurs culturels que la FCCF représente partout au pays, je vous écris aujourd’hui pour vous demander de redonner à la Société Radio-Canada (SRC) les moyens de poursuivre son mandat indispensable à la vitalité culturelle de la francophonie canadienne. Les compressions annoncées en avril et en juin, ainsi que l’annonce du nouveau plan stratégique de la Société, qui prévoit l’abolition de plus de 2 000 emplois et des compressions évaluées à plus de 200 M$, nous font craindre le pire pour l’avenir de notre diffuseur public.

Le mandat de Radio-Canada est vaste et important, mais il peut se résumer en trois mots : informer, éclairer et divertir les citoyens d’un océan à l’autre, à l’autre et ce, dans les deux langues officielles de façon à créer un nécessaire espace pour favoriser un dialogue pancanadien. Pour répondre pleinement à ce mandat, notre diffuseur public doit bénéficier de moyens suffisants de sorte à ne pas dépendre des cotes d’écoute et des revenus publicitaires. Le Canada a besoin d’un diffuseur public fort qui fait des choix de programmation en fonction de son mandat plutôt que de sa rentabilité. Bref, il est important que Radio-Canada soit un véritable diffuseur public et qu’il se distingue clairement d’une entreprise commerciale par la qualité et la diversité des informations qu’il diffuse et par l’offre d’autres types de programmation haut de gamme. À nos yeux, il est impensable que la SRC devienne un simple rediffuseur de contenus faisant concurrence à d’autres entreprises médiatiques par l’intermédiaire de multiples plateformes, en misant principalement sur le développement numérique tel que cela est envisagé dans le nouveau plan stratégique de la Société. Notre diffuseur public national canadien doit favoriser le journalisme d’enquête, le documentaire, la variété, la fiction, le rayonnement des arts et de la culture de nos milieux, et servir de vitrine privilégiée à nos créateurs. Il doit être un incubateur de talents artistiques et favoriser la production de contenus canadiens de tout genre en travaillant avec les producteurs indépendants, les réalisateurs, les artistes et les artisans de façon à faire rayonner partout au pays les contenus produits dans toutes les régions du Canada. Il doit avoir les moyens de ces ambitions.

Selon nous, il est évident que la mise en œuvre du plan stratégique dévoilé à la fin de juin aura des effets néfastes sur les communautés linguistiques en situation minoritaire. Nous sommes également d’avis que ce plan stratégique est le pure résultat des coupes infligées à notre société d’État. En affaiblissant ainsi notre diffuseur public, le présent gouvernement l’empêche de mener à bien sa mission et ceci ne peut que fragiliser les liens entre nos collectivités, diminuer le nombre d’emplois culturels dans nos milieux, miner la capacité d’accompagnement du talent artistique de la SRC et, surtout, réduire le rayonnement des artistes et des organismes artistiques et culturels de la francophonie canadienne. Cela amoindrira nécessairement la capacité qu’a la SRC de contribuer à la diffusion de l’identité et des valeurs canadiennes, à la construction identitaire et à la vitalité linguistique et culturelle des Canadiens, notamment dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire. L’érosion progressive de la capacité de la SRC, résultant à la fois des réductions de son crédit parlementaire et de la mise en œuvre de son nouveau plan, se soldera par des pertes d’acquis pour la francophonie canadienne. La FCCF est d’avis que cette approche est contraire aux obligations de la SRC et du ministère du Patrimoine d’après la Loi sur les langues officielles.

La FCCF demande donc que soit amorcé, dans les plus brefs délais, un réel débat public pour réfléchir à l’avenir de notre diffuseur public. Il faut cesser de couper dans les budgets de la SRC, qui est depuis près de quatre-vingts ans l’un des joyaux de la démocratie canadienne, et doter plutôt cette institution de moyens et de stratégies à la hauteur de son mandat. Nous vous enjoignons à travailler conjointement avec la haute direction de la SRC pour assurer l’avenir de la SRC et à mettre fin à toute démarche contribuant à dénaturer notre diffuseur public qui nous tient profondément à cœur et qui a tant contribué à la richesse artistique, culturelle et linguistique du Canada au fil des ans. Donnez-lui les moyens de maintenir et d’accroître son influence en région de façon à augmenter la production de contenus canadiens de tout genre et à favoriser le rayonnement des artistes et des activités culturelles de partout au pays à l’échelle nationale.

Cela ne pourra se faire si les crédits parlementaires continuent à s’effriter. En 2009-2010, chaque contribuable canadien versait annuellement 34 $ au financement de la SRC. En 2015, cette contribution aura baissé à 29 $ . Pourtant, selon une étude effectuée en 2004 par le Groupe Nordicité ltée, la part moyenne de financement public, par habitant, reçue par divers radiodiffuseurs publics partout dans le monde en 2004 était de 80 $ par année. Le Canada fait piètre figure à cet effet, dépassant seulement deux pays . Un diffuseur public fort favorisant l’accès à la culture canadienne et tissant des liens entre les Canadiens de partout au pays, dans les deux langues officielles, est une ressource essentielle pour la vitalité culturelle du Canada. C’est pourquoi la FCCF demande que le crédit parlementaire de la SRC soit immédiatement revu à 40 $ par contribuable, par année.

Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma plus haute considération et soyez assurée que la FCCF serait ravie de vous rencontrer pour discuter plus en profondeur de la question.

Le président,

Martin Théberge

c.c. Monsieur Hubert Lacroix, président-directeur général de CBC/Radio-Canada

 

[1] Tous amis de Radio-Canada, Livre blanc sur l’avenir de CBC/Radio-Canada au cœur d’un service public de qualité, avril 2014, p. 6 : http://amisderadiocanada.files.wordpress.com/2014/04/resume_livreblanc_fr_web.pdf

[2] Le Grouge Nordicité ltée, Analyse du soutien public accordé à la radiodiffusion publique et aux autres instruments culturels au Canada, juin 2006, p. 9 : http://www.cbc.radio-canada.ca/_files/cbcrc/documents/crtc/2006/apr-2006-5-cbcsrc-comparaison-radiodiffuseurs-publics.pdf  

 

 

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