Indifférence face au vote francophone
Rouleaux de cartes d’information de l’électeur vierges
Photo : Élections Canada (2015)
Les partis politiques aspirant à prendre le pouvoir à Ottawa ont longtemps courtisé les électeurs francophones, en campagne électorale. Au fur et à mesure que le poids démographique des Canadiens ayant le français comme langue maternelle diminue, les partis et leurs candidats semblent accorder de moins en moins d’importance à cette tranche de l’électorat. Une tendance vérifiée tout au long de cette campagne 2015.
Au Québec, seule province canadienne où les électeurs francophones forment une majorité, les partis tentent par tous les moyens de séduire ces électeurs. À l’extérieur de la province, les enjeux propres à la minorité francophone occupent bien peu de place dans la campagne. En fait, il n’en est presque pas question, sauf lors de débats locaux.
On a senti cette indifférence de la part des principaux partis lors du débat des chefs en français diffusé par Radio-Canada le 24 septembre dernier. Le fait que l’on y ait ignoré complètement les francophones hors Québec a entraîné une virulente sortie de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, qui a incité ses membres à formuler une plainte au CRTC contre le diffuseur public.
D’autre part, impossible de passer sous silence les lettres, les questionnaires et les autres demandes qui sont restés sans réponse. Dans les cas où un parti daignait répondre à un message envoyé par un organisme représentant les francophones hors Québec, les réponses comportaient tout sauf des engagements concrets. « Pour que le Canada tire meilleur parti de sa dualité linguistique, il faut qu’il se dote d’une vision d’ensemble et d’un plan directeur. Le Canada les a déjà eus, mais il ne les a plus », avançait, à titre d’exemple, le Parti libéral dans une réponse fournie à la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF). Comme engagement ferme, on repassera.
Des gains négligeables
Si les électeurs francophones se sentent si peu interpelés dans cette campagne, c’est parce que les partis politiques n’ont jamais aussi peu abordé leurs enjeux. Sans douter de la bonne foi des politiciens dans la course, on peut déduire que cette indifférence envers les dossiers cruciaux pour les francophones en situation minoritaire est le résultat d’un calcul politique : il vaut mieux dépenser son énergie ailleurs.
Et en jetant un coup d’œil aux statistiques sur la langue à l’échelle du pays, on constate que la situation ne risque pas de s’améliorer au cours des prochaines campagnes électorales. Lentement mais sûrement, les Canadiens qui ont le français comme langue maternelle voient leur poids démographique diminuer. Au milieu du XXe siècle, ce groupe constituait près du tiers de l’électorat. Dans les années 1980, c’est le quart de la population canadienne qui avait le français comme langue maternelle. Selon le recensement de 2011, le groupe ne représente plus que 21,3% de l’électorat.
En Ontario, province la plus populeuse, on parlait de 3,88 % de l’électorat en 2011, comparativement à 5,0% en 1991. Cette réduction du poids démographique s’observe également au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et en Alberta, entre autres.
Comme rien ne laisse présager que les chefs de parti se mettront du jour au lendemain à s’adresser aux francophones, tout indique que les organismes porte-parole devront redoubler d’ardeur afin de présenter leurs revendications une fois un gouvernement élu.
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