Derrière chaque horizon se cache un écrivain marcheur
Les derniers jours de l’année 2023 ont vu naître le recueil de poésie de l’auteur fransaskois David Baudemont, Derrière chaque horizon, paru aux Éditions du blé, au Manitoba.
L’auteur est prolifique, mais il prend son temps. L’auteur est éclectique, mais il sait choisir avec soin. Il a jonglé avec les genres : du théâtre au roman jeunesse en passant par la poésie-dessin, comme dans Derrière chaque horizon.
La contradiction créative lui vient naturellement et il ne s’en défend pas. « Je m’y perds complètement moi-même. Je ne sais jamais quel sera le prochain ouvrage. Je marche à l’instinct, » reconnaît l’artiste.
L’inspiration vient en marchant
La marche est d’ailleurs le moteur qui alimente autant l’écriture que le dessin chez le poète-peintre. Au fil de ses déambulations, l’auteur puise inspiration et admiration : « J’ai appris à aimer les pays plats, mon paysage interne a beaucoup changé. »
Car les plaines s’apprivoisent, surtout pour quelqu’un qui a connu les reliefs montagneux avant de découvrir l’immensité des espaces sans fin. « J’ai grandi dans les montagnes, et au départ, j’ai eu beaucoup de peine avec la plaine, je la trouvais plate, pas intéressante. »
C’est avec Lignes de fuite, paru aux Éditions de la nouvelle plume en 2015, que l’auteur dit s’être « approprié la plaine ».
La plaine, personnage central
Derrière chaque horizon est un prolongement de ce personnage fétiche que sont les paysages pour l’auteur fransaskois.
Les plaines servent alors de tremplin à une écriture introspective qui rejoint des thèmes personnels, mais également universels à travers cette « quête existentialiste dont nous sommes tous habités ».
« [Ce recueil] est basé sur des symboles, des métaphores, des choses personnelles, comme l’immigration, l’enfance, les relations avec les amis et la famille, les deuils, et d’autres sujets plus philosophiques », décrit David Baudemont.
Aux dires de l’écrivain, « le parcours labyrinthique des plaines » révèle une fenêtre intérieure qu’il faut aller chercher, découvrir, car les réponses se trouvent dans cet espace intérieur.
« Derrière chaque horizon est un recueil d’écrivain marcheur avec cette idée de fenêtre intérieure dans laquelle s’impriment des images. De ces images viennent les mots. Le dessin vient avant l’écriture », résume l’auteur.
Un lancement de haute voltige
L’auteur, qui avoue appréhender les lancements et autres événements publics pour leur caractère anxiogène, s’est dit enchanté par la formule virtuelle proposée par les Éditions du blé et le Regroupement des écrivains de l’Ouest et du Nord canadiens (RÉNOC).
David Baudemont
David Baudemont, auteur fransaskois
Crédit : Jean-Yves Fréchette
Animée par Jérémy Laniel, une soirée du 7 décembre a permis d’avoir des échanges profonds et intimistes avec l’écrivain fransaskois et un public varié et nombreux.
« Non seulement ce genre de lancement aurait été impensable avant la pandémie, mais il faut aussi souligner l’excellente collaboration du RÉNOC qui a fait une promotion incroyable », se réjouit l’auteur.
Ce lancement marque aussi la suite de l’aventure avec les Éditions du blé, que David Baudemont qualifie d’exceptionnelle : « C’est de loin la meilleure maison d’édition que j’ai jamais eue ! Ils sont d’un professionnalisme et d’une gentillesse incroyables. »
L’écrivain remarque que les petites maisons d’édition sont maintenant les seules à taille humaine qui sont près des auteurs et mettent l’accent sur le contact humain. « Nous avons de la chance d’avoir accès à ce genre de maisons d’édition dans l’Ouest. »
Évoluer dans l’écriture
Ce nouveau recueil s’inscrit dans une démarche évolutive pour David Baudemont. Ce dernier ne sait pas toujours où vont le mener ses prochains projets. Par exemple, le roman jeunesse fait partie du passé : « J’ai fini sur Junk City et je savais que c’était le dernier. »
Le théâtre, par contre, occupe encore et toujours une place de choix dans la carrière littéraire de l’auteur qui reste humble : « Je ne suis pas un littéraire au départ. Je n’ai aucune formation en théâtre. J’ai eu des mentors, mais en théorie je ne sais absolument rien sur l’écriture dramatique. »
Le Fransaskois, qui cherche à « passer à une écriture plus évoluée, plus adulte », n’écarte pas la possibilité d’un roman qu’il décrit comme la forme d’écriture la plus aboutie, mais aussi la plus exigeante.
« Je ne suis pas encore au stade où je peux écrire un roman littéraire, c’est le stade suivant. C’est là que je vais essayer de terminer. Un bon roman, ça demande un bon scénario et un bon style. C’est du marathon ! »
En attendant la prochaine inspiration, David Baudemont s’apprête à délaisser les plaines pour renouer avec ses racines françaises et familiales. Sa pièce pour marionnettes Orange au pays des anges a remporté un prix de dramaturgie et sera présentée à Charleville-Mézières au printemps.
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