Les élections et L'Eau vive: pas de quoi sauter de joie
Les Canadiens ont tranché et de quelle manière! 31 ans après son père, Justin Trudeau accède au pouvoir à l’issue d’une soirée historique, noyée dans une vague non pas orange mais rouge libérale. Stephen Harper avait lancé une campagne interminable, espérant épuiser ses adversaires. Il n’a fait qu’attiser un peu plus la colère des électeurs, déjà exaspérés par presque 10 ans de pouvoir conservateur. La coupe était tellement pleine qu’ils ont pour beaucoup voté en avance, pressés de se débarrasser de cette campagne sans fin. Le vote d’hier n’est d’ailleurs pas seulement un plébiscite pour Justin Trudeau, c’est aussi un rejet clair et net de la politique bleue.
De nombreux Fransaskois pourraient se réjouir de l’arrivée aux affaires d’un francophone, ancien professeur de français. Ils pourraient encore plus se réjouir de voir disparaître un Harper tout sauf francophile (malgré ses progrès dans la langue de Molière), bien connu pour sa surdité maladive vis-à-vis des revendications francophones. Les organismes fransaskois pourraient voir dans cette prise du pouvoir fracassante des libéraux, une lueur d’espoir. Alors que beaucoup souffrent d’un sous-financement, doivent licencier des employés, surcharger de travail les autres, Justin Trudeau représente peut-être de meilleurs lendemains. L’Eau vive pourrait s’associer à cette excitation. Mais votre journal ne le fera pas. Car le mal est déjà fait.
Après des années de pouvoir conservateur, le seul hebdomadaire francophone de la Saskatchewan est désormais à genoux financièrement. Le gouvernement fédéral a coupé une grande partie de ses budgets publicitaires à destination des journaux francophones. Une source cruciale, vitale de financement pour L’Eau vive. Des dizaines de milliers de dollars ont été perdus encore cette année. Ce marathon électoral 2015 nous a donné le coup de grâce. Et malgré un changement de pouvoir, les mois à venir n’ont rien de réjouissant, avec des revenus publicitaires qui resteront anémiques, un long moment du moins. D’ici là, votre journal aura disparu s’il ne fait rien. Nous avons donc décidé de serrer les dents et notre ceinture. A partir de novembre, provisoirement, nous ne paraîtrons plus qu’aux deux semaines et cesserons, la mort dans l’âme, notre parution en format papier. Votre journal restera accessible sur Internet, sous la forme que vous connaissez.
Comme Justin Trudeau appelait au changement, L’Eau vive doit marteler le même mantra. Il nous faut réfléchir à un nouveau modèle, une nouvelle Eau vive, pour que l’information en français survive dans notre province, qu’elle soit d’encore meilleure qualité. Peut-être que ce modèle n’existe pas dans un contexte aussi difficile pour la presse minoritaire, surtout en Saskatchewan. Mais il faut chercher, se laisser une chance. En attendant, nous lançons une levée de fonds. Une première depuis de nombreuses années. Alors si vous tenez à L’Eau vive et à l’information en français en Saskatchewan, contribuez.
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