Le chandail orange, un symbole de guérison
Le 30 septembre marque la Journée du chandail orange et, depuis juin 2021, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Lors de cette journée, les Canadiens reconnaissent les fautes du passé et du présent, et participent aux événements éducatifs et culturels en portant un chandail orange.
Cette année, l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) et le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) se sont associés pour lancer une campagne de vente de chandails orange.
« L’ACF a pris l’initiative de produire des chandails orange pour inviter les Fransaskois à la réflexion et à participer aux événements », indique Napoléon Hatungimama, coordinateur du programme Mieux-vivre ensemble de l’ACF.
« En portant le chandail orange, on montre notre soutien à la communauté autochtone et aux survivants des pensionnats. Aussi, on honore les familles qui ont perdu leur honneur et leur histoire. C’est un message d’espoir », ajoute l’agent.
Un symbole de réhabilitation
« Ce n’est pas la première fois qu’on est en partenariat avec le CÉF pour la Journée du chandail orange, poursuit Napoléon Hatungimana. L’année dernière, on était quatre organisations. Cette année, on a fait des changements. Notamment, on a inclus la communauté autochtone. »
Deux entreprises autochtones se sont en effet impliquées dans la production des chandails orange : Four Claws Inc., pour la conception graphique, et The Factory pour la fabrication.
Au lieu de retrouver le traditionnel slogan Chaque enfant compte sur les chandails, les organismes ont choisi la mention Pour honorer les enfants.
Le chandail orange conceptualisé pour la campagne de vente de l’ACF et du CÉF
Crédit : Four Claws, Inc.
« Le slogan Chaque enfant compte est un slogan primordial, souligne Rodger Ross, conseiller aux affaires autochtones pour le CÉF. Au Canada, et aux États-Unis, c’étaient les enfants autochtones qui ont été enlevés. Le CÉF veut honorer la mémoire de ces enfants. »
L’image choisie pour la conception est, en fait, la combinaison de deux visuels. C’est Rodger Ross qui est derrière cette idée, étant copropriétaire de Four Claws Inc.
« On a commencé avec une femme perlée enrobée en orange pour bien représenter la Journée. Parce qu’on ne peut pas voir son visage, elle peut représenter une femme ou un enfant. Le cercle en arrière-plan symbolise ce qui est souvent appelé une roue de médecin, que j’appelle un cerceau sacré. Les quatre couleurs représentent les quatre races du monde. J’ai choisi ça pour reconnaître toutes les cultures qui font partie de la famille du CÉF. »
Un apprentissage
« Le chandail est un symbole d’enlèvement de la famille et de la culture des élèves des pensionnats », explique l’artiste et éducatrice crie Honey Constant-Inglis.
Aujourd’hui, note la membre de la Première Nation de Sturgeon Lake, « le chandail orange s’est transformé en symbole de réclamation de l’héritage, de la culture et de la langue pour le peuple autochtone. »
Selon Napoléon Hatungimama, la vente de chandails est bien accueillie dans les établissements du CÉF. « L’année dernière, on a vendu 350 chandails. On prévoit la vente de 500 cette année. »
Honey Constant-Inglis, artiste et éducatrice crie, offre des ateliers de perlage afin de sensibiliser à la culture et au patrimoine autochtones.
Crédit : Honey Constant-Inglis
Surtout, c’est l’éducation qui est au cœur de la Journée du chandail orange et de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation pour le conseil scolaire.
« À l’école, on a appris l’histoire de la petite fille qui portait un chandail orange, relate Émilie, élève de sixième année au CÉF. Porter un chandail orange nous rappelle qu’on devrait traiter tout le monde avec respect. »
L’origine du chandail orange
Parmi eux, Phyllis Webstad raconte qu’en 1973, lorsqu’elle avait six ans, elle a été envoyée pour la première fois dans un pensionnat. Pour sa première journée, sa grand-mère lui avait donné un chandail de couleur orange. Mais à son arrivée à l’établissement, on lui retire ses vêtements et elle ne reverra jamais le chandail.
Ainsi ce bout de tissu est devenu un symbole de commémoration, d’enseignement et de guérison pour les peuples autochtones.
C’est en 2021 que le gouvernement fédéral déclare le 30 septembre comme jour férié national.
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