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La Suisse de l'Afrique?

Le français bien vivant au Botswana

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M. Antoine Courroy, Directeur de l’Alliance Française au Botswana et Son Excellence Mme Anne de la Blache, Ambassadrice de France au Botswana

M. Antoine Courroy, Directeur de l’Alliance Française au Botswana et Son Excellence Mme Anne de la Blache, Ambassadrice de France au Botswana

Photo: Alexandra Drame (2015)
En Afrique, le français n’est pas populaire que dans les pays de l’ouest ou du centre, où il est souvent la langue officielle. Une petite nation anglophone dont on parle peu, le Botswana, étonne par le dynamisme de sa francophilie grandissante.

Avant de partir en mission de coopération éducative dans ce pays d’Afrique australe cet été, j’ai effectué quelques recherches. Frontalier de l’Afrique du Sud, le pays compte 2 millions d’habitants. 220,000 personnes vivent dans sa capitale Gaborone, une population égale à celle de Saskatoon. Avec son économie et son régime politique stables, le pays a gagné les surnoms de « miracle africain » ou encore « Suisse de l’Afrique ». Il détient même le titre de « Pays le moins corrompu d’Afrique » au classement de Transparency International, un organisme de lutte contre la corruption. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre!

Arrivée là-bas pour former des professeurs de français langue étrangère, j’ai découvert un pays où le français est valorisé. Parfois même plus qu’au Canada, où il est pourtant une des langues officielles.

Des relations internationales privilégiées

Si l’économie vit au rythme des échanges avec le grand voisin sud-africain, au niveau diplomatique et politique le Botswana a des relations très dynamiques avec de nombreux pays. Membre actif du Commonwealth, le Botswana dispose traditionnellement de relations privilégiées avec les pays anglo-saxons. Ainsi, 7 500 Britanniques y résident et les États-Unis ont fait de ce pôle de stabilité le point d’ancrage de leur politique régionale en Afrique australe. En plus d’avoir contribué à la construction de la base aérienne géante de Malelopole, à 80 km à l’ouest de Gaborone, le gouvernement américain maintient aussi des liens diplomatiques intenses au plus haut niveau.

Si la langue officielle est l’anglais et que 90% des Botswanais parlent également la langue locale, le setswana, le français gagne du terrain dans le pays : c’est actuellement la seule langue étrangère enseignée dans le système scolaire, au niveau secondaire. Langue officielle de la diplomatie, le français est très prisé par les diplomates et fonctionnaires de l’administration botswanaise. Gaborone est en effet le siège d’une délégation de l’Union européenne, de l’UNESCO (Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture) et de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) qui compte des pays francophones comme la République Démocratique du Congo, Madagascar et l’Ile Maurice. Cette organisation de développement économique encourage les efforts permettant à la région d’assurer elle-même sa propre diplomatie préventive, de résoudre localement les conflits et assurer une bonne gouvernance.

Le gouvernement français, de son côté, est très actif au niveau de la coopération éducative, scientifique et culturelle, grâce à son ambassade et l’Alliance française de Gaborone qui forme chaque année près de 250 étudiants en français langue seconde. J’ai d’ailleurs pu apprécier leur dynamisme dans ce secteur lors de mes 3 semaines de mission.

Un accord de coopération entre les deux pays permet à la France d’appuyer le Botswana dans la formation des professeurs de français, dans la sélection des cadres éducatifs en charge du français au sein du ministère botswanais de l’Éducation ou encore dans la formation linguistique des fonctionnaires de police et militaires botswanais.

Le dynamisme de ce petit pays anglophone qui déplace des montagnes pour pouvoir offrir une place de choix à la langue française, force l’admiration. De retour dans notre grand pays supposément bilingue, où le français perd un peu plus chaque jour sa place de seconde langue officielle, je me questionne sur l’avenir de notre langue, de notre culture, non seulement en milieu minoritaire, mais à l’échelle de la nation. Les élections fédérales qui approchent pourront nous éclairer sur la question de l’avenir du français au Canada, au moins à court terme. Mais au-delà des aspirations de nos dirigeants, le dynamisme de notre langue passe par nous. Le français c’est vous, c’est moi, c’est nous tous!

Des étudiants de l’Alliance française de Gaborone et leur enseignante, Melle Sandrine Bridel (à gauche)

Des étudiants de l’Alliance française de Gaborone et leur enseignante, Melle Sandrine Bridel (à gauche)

Photo: Alexandra Drame

Pourquoi apprenez-vous le français?

Des étudiants de l’Alliance française de Gaborone répondent

- Il y a beaucoup d’opportunités professionnelles dans les pays francophones.
- Pour travailler dans des organisations internationales. J’aime la culture et la langue françaises!
- Je voudrais m’installer en Europe, le trilinguisme est utile là-bas.
- C’est une langue romantique!
- Je travaille au ministère de la Santé et cette langue est utile pour communiquer avec mes collègues des autres pays de la SADC.
- Quand les Français parlent, c’est très beau! Ici, quand vous parlez une autre langue, vous pouvez devenir ambassadeur par exemple, car peu de gens parlent bien le français. Je rêve de le maîtriser!