Jean Johnson
Le 18e président de la FCFA, Jean Johnson (à droite), flanqué du président des élections, André Lalonde, au moment de l’annonce des résultats du 2e tour de scrutin.
Photo : (2017)
« Quand l’égalité des votes a été annoncée, on a tous les deux été estomaqués, explique le nouveau président de la FCFA du Canada, Jean Johnson, on ne s’attendait pas à ça. ». Le 10 juin, il a fallu un deuxième tour de la présidentielle, qui a produit encore 9 voix contre 9, sauf pour un bulletin invalide pour la présidente sortante, Sylviane Lanthier. C’est dire la division au sein de l’organisme parapluie.
La tension aurait vite été apaisée par le nouveau porte-parole. « Aussitôt que l’assemblée s’est terminée, je suis allé vers les supporters de Sylviane [Lanthier]. J’en ai approché six et je leur ai dit que nos communautés avaient besoin de nous ensemble. Deux sont venus vers moi et m’ont dit : “On a hâte de travailler avec toi, le processus est terminé, on se rallie.” »
La tension au sein de la FCFA était palpable depuis plusieurs mois. Selon Johnson, l’ancien président de l’Association canadienne-française de l’Alberta, il était clair que les membres s’attendaient à une hausse du ton dans les revendications pour la reconnaissance des communautés.
« On voulait une présence forte et non le statu quo dans la continuité de la relation avec le fédéral. On cherchait un rôle plus actif dans le débat sur la nomination de la commissaire aux langues officielles. »
La frustration des membres
Jean Johnson estime qu’une fracture s’est produite lors d’une réunion des membres, début juin, sur la stratégie à emprunter dans la controverse entourant le choix de Madeleine Meilleur. Les décideurs ne se seraient pas ralliés à la position avancée quant à la rencontre demandée avec le premier ministre.
« Il y a eu une conversation vraiment houleuse qui s’est terminée dans la frustration, surtout pour l’Acadie et l’Ouest. Cette division a été très difficile. »
Face au refus de Justin Trudeau de rencontrer la FCFA dans les délais, le nouveau plan de la FCFA consistera à générer des pressions sur le premier ministre par le biais de multiples rencontres auprès des parlementaires.
Un accès à Justin Trudeau
« On va travailler avec autant de ministres que possible, détaille le président, avec les députés du gouvernement et de l’opposition. Le Sénat est aussi devenu un levier de communication pour nous, pour demander un accès au premier ministre. »
L’objectif d’une rencontre avec le chef libéral serait d’obtenir une position claire du gouvernement en matière de langues et de communautés de langue officielle. « Le premier ministre doit sortir un énoncé et des directives. »
La FCFA aurait développé de bonnes relations avec les hauts fonctionnaires, affirme-t-il, mais moins avec les élus. « On a une équipe à Ottawa qui peut parler aux fonctionnaires. Mon action, c’est de rencontrer les ministres. C’est là qu’on peut avoir de l’influence. Est-ce qu’on va déranger ? Absolument. On va prendre notre place. »
Pas de conflit d’intérêts
Combien de temps le nouveau président pourra-t-il consacrer à son rôle national ? Jean Johnson est le directeur général du Quartier francophone d’Edmonton.
Se retrouve-t-il en situation potentielle de conflit d’intérêts, comme l’était Sylviane Lanthier depuis son élection en 2015 ? Jusqu’en avril dernier, elle cumulait les fonctions de la présidence de la FCFA et la direction générale du Centre culturel franco-manitobain, deux organismes financés par Ottawa.
« Mon salaire est payé par les cotisations des membres de la zone d’amélioration commerciale du Quartier, note l’Albertain d’origine. Il n’y a pas de conflit. Par contre, je vais cette semaine rencontrer mon conseil d’administration qui ne veut pas me voir partir. Il va falloir trouver comment on fait ça. »