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Discours du Trône concis et sans surprise

Bien accueilli par les portes parole des communautés francophones

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Parlement d'Ottawa
Dans son premier discours du Trône, vendredi dernier, le premier ministre Justin Trudeau a misé sur la concision. Ceux qui s’attendaient à des primeurs et à des annonces flamboyantes ont été déçus, le discours reprenant les grandes lignes de la plateforme électorale des libéraux.

Dès le départ, le chef libéral a insisté sur le fait que son gouvernement entendait faire les choses différemment au cours du prochain mandat, voulant ainsi marquer une coupure entre le gouvernement actuel et celui de l’ère Harper. On a d’ailleurs senti un désir de la part de M. Trudeau de régler certains comptes avec Stephen Harper, lors de ce discours lu par le gouverneur général David Johnston, tradition oblige.

 

« Il faut souligner ce que le gouvernement ne fera pas : il n’utilisera pas les publicités du gouvernement à des fins partisanes, il n’entravera pas le travail des agents parlementaires, et il n’aura pas recours à des mécanismes tels que la prorogation et les projets de loi omnibus pour éviter les examens minutieux », a laissé tomber Justin Trudeau.

 

« Le gouvernement prouvera aux Canadiens et Canadiennes ainsi qu’au monde entier qu’un environnement sain et une économie forte vont de pair. L’un est impossible sans l’autre. La protection de l’environnement et la croissance de l’économie ne sont pas des objectifs incompatibles », a-t-il poursuivi dans une critique peu subtile à l’endroit de son prédécesseur. 

 

Les promesses 

Au chapitre des engagements du gouvernement, en cette semaine où pas moins de 197 nouveaux députés faisaient leur entrée à la Chambre des communes, le premier ministre en a profité pour réitérer les promesses formulées par son parti en campagne électorale.

Entre autres, le Parti libéral s’engage à réduire le fardeau fiscal de la classe moyenne, à intensifier la lutte aux changements climatiques, à accueillir 25 000 réfugiés syriens au pays, à déclencher une enquête publique sur la disparition de nombreuses femmes autochtones et à procéder à une réforme du système électoral en vue des prochaines élections générales.

D’autre part, il était impensable que l’on évite la question du Sénat dans ce premier discours du Trône, les récentes controverses impliquant des sénateurs ayant tellement fait couler d’encre.

« Pour rétablir la confiance de la population et mettre fin à la partisannerie, le gouvernement respectera son engagement concernant la réforme du Sénat en mettant sur pied un nouveau processus non partisan et fondé sur le mérite afin de conseiller le premier ministre concernant les nominations au Sénat », promet Justin Trudeau.

Les électeurs seront d’ailleurs en mesure de juger par eux-mêmes de l’efficacité de ce nouveau processus dès le début de la nouvelle année, puisque le premier ministre aura à combler certains postes vacants à la Chambre haute.

« Encourager l’utilisation des langues officielles » 

Enfin, en ce qui concerne la question des langues officielles et des francophones vivant en situation minoritaire, elle a été abordée dans un court paragraphe englobant également le financement de la culture et du diffuseur public. 

« Le gouvernement appuiera la société CBC/Radio-Canada, encouragera l’utilisation des langues officielles du pays, et investira dans les industries culturelles et créatives canadiennes », a indiqué le nouveau premier ministre.

Bien que très peu détaillé, cet engagement de la part du gouvernement a semblé rassurer le milieu culturel, si l’on se fie au président de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), Martin Théberge.

« Une nouvelle ère de collaboration de notre secteur avec les décideurs et influenceurs politiques du Canada vient de commencer. Je suis heureux des engagements présentés dans le discours du Trône où l’utilisation des langues officielles est encouragée et où l’appui aux infrastructures culturelles et créatives, dont la Société Radio-Canada, est réaffirmé. Tous ces engagements se retrouvent sous le thème de la diversité, cette diversité qui enrichit notre écosystème culturel », a commenté M. Théberge.

 

Pour sa part, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada a elle aussi accueilli favorablement le discours du Trône, voyant un signe d’ouverture de la part du gouvernement en ce qui a trait à l’engagement de celui-ci à « encourager l’utilisation des langues officielles ».


« 
Nous voyons dans cette formulation une volonté d’agir pour que les langues officielles prennent leur place au pays, tant dans l’offre de services en français de la part du gouvernement que dans l’appui à la vitalité des communautés elles-mêmes », soutient la présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier.

 

Maintenant que le coup d’envoi à la 42e rentrée parlementaire a officiellement été donné, les organismes porte-parole en matière de francophonie voudront entreprendre dès que possible des discussions avec les nouveaux interlocuteurs au sein du gouvernement.Or, ces promesses énoncées pour le moins brièvement ont laissé les membres de l’opposition officielle sur leur faim. 

 

« Il est décevant de constater que les Libéraux n’ont pu donner aux Canadiens les réponses à de nombreuses questions d’une importance vitale. Le discours du Trône est une occasion de montrer clairement comment les choses vont se dérouler, mais nous attendons de savoir quelle sera l’orientation du Canada sur de nombreux enjeux majeurs », a déclaré le vétéran conservateur Tony Clement.