« Regarde », me dit ma voisine, « l’hôtel au centre-ville est en feu ! » Elle me montre les nouvelles sur son téléphone. Intrigué, j’y vois le potentiel d’une aventure, alors je me précipite vers l’incendie.
Je m’approche autant que possible de l’édifice qui brûle. Malheureusement, les pompiers ont délimité un périmètre avec du ruban jaune. Je dois rester sur le trottoir de l’autre côté de la rue. Les pompiers arrosent le feu depuis des heures, alors le chemin devant l’Hôtel de Lethbridge ressemble à une rivière de glace.
Il fait -20 degrés Celsius en ce 24 février, mais les gouttelettes d’eau dans l’air ajoutent beaucoup d’humidité, donc la température semble plus basse. Le froid fend mon manteau. Malgré tout, je l’oublie rapidement parce que la scène devant moi capte toute mon attention comme dans une transe.
Ce panneau d’arrêt est incrusté de glace suite aux tentatives des pompiers d’éteindre le feu.
Crédits : Dominique Liboiron
La vapeur blanche monte haut dans le ciel bleu. Malgré la beauté du blanc contre le bleu, la quantité de vapeur me rappelle le nuage champignon de la bombe atomique.
Tout près de l’édifice, je vois un panneau d’arrêt incrusté de glace, mais on peut toujours y lire le mot ‘STOP’. Je m’approche, je prends deux photos et soudainement un pompier me crie : « Monsieur, éloignez-vous ! » J’avais franchi le ruban jaune.
Mais ça va. J’ai pris les photos de l’angle que je voulais et le pompier ne m’a pas menacé d’une amende. Après l’avoir calmé avec de la jasette, je lui demande s’il peut dévoiler la cause de l’incendie.
Le pompier me dit que l’enquête est en cours, alors il ne peut rien dire. Compte tenu de la température hier soir, -32 degrés, et le nombre de sans-abri au centre-ville, je soupçonne que l’un d’eux est entré illégalement dans l’hôtel vacant et s’est fait un feu pour se tenir au chaud. Peut-être que les flammes ont échappé à son contrôle. L’hôtel date de 1902 et n’accueillait plus personne depuis des années.
De retour du bon côté du ruban, je souhaite rester dehors plus longtemps, sauf que je porte des gants minces afin de manipuler ma caméra à film plus facilement. Je prends quelques autres photos et mes doigts hurlent de froid. J’aurais dû emporter ma paire de grosses mitaines dans lesquelles je mets des chauffe-mains, mais j’étais pressé de partir et je les ai oubliées.
J’entre dans un commerce pour me réchauffer avant de capter d’autres images. La prochaine étape de mon aventure a été de développer le film et d’imprimer les photos dans la chambre noire de mon université.