Quand nous pourrons boire du pétrole et nous nourrir d’argent, le monde sera sauvé!
D’ici là, avoir un accès facile à de l’eau potable, de l’air sans toxicité, de la nourriture saine produite près de chez nous, des paysages naturels diversifiés et des écosystèmes florissants demeure essentiel à notre qualité de vie et à la vitalité de nos communautés.
Quand on permet à des pipelines remplies de pétrole de traverser les deux rivières (Saskatchewan Nord et Sud) qui fournissent la majorité de l’eau potable aux citoyens de la province, sans en assurer une inspection rigoureuse ou avoir des systèmes ultra sécuritaires pour contenir les fuites (double ou triple caissons), il y a de quoi questionner la valeur que de ce gouvernement provincial donne à la qualité de vie des citoyens.
Sommes-nous condamnés à devoir mettre en péril la qualité de notre environnement pour payer nos dettes et développer nos infrastructures ? Est-ce une fatalité? Et pourquoi l’intérêt public semble-t-il secondaire face aux intérêts privés? N’y a-t-il pas de stratégies de développement économique plus durable et responsable? Bien sûr! Et les faits tendent même à démontrer que ces stratégies économiques sont plus rentables à long terme et comportent d’énormes bénéfices en termes de santé publique et de développement économique des collectivités.
Concevoir l’environnement seulement comme un potentiel économique exploitable, penser que les technologies compenseront, éventuellement, pour la stérilisation des sols et de l’eau, enlève toute relation d’interdépendance et de respect avec la Nature. Une économie à courte vue produit des profits à court terme, une économie durable valorise l’environnement et assure un développement à long terme. Au lieu d’une économie de l’extraction, la province devrait valoriser la transformation et le développement de valeurs ajoutées à ses produits.
Il est temps de redéfinir radicalement les priorités si nous ne voulons pas nous retrouver avec encore davantage de catastrophes environnementales comme la fuite de pétrole dans la rivière Saskatchewan Nord ou d’autres effets des changements climatiques. Que faudra-t-il pour que ce gouvernement reconnaisse le péril en la demeure et agisse dans une perspective de développement durable des ressources et du potentiel humain de cette province?
La population, les citoyens, doivent demander mieux! Le peu de réaction populaire suite à l’empoisonnement de l’eau potable à Prince Albert est symptomatique d’une apathie ambiante. L’attestation environnementale pour une nouvelle usine de potasse près de Regina vient d’être approuvée et l’apathie règne sauf pour un groupe de résidents directement affectés. Toutefois cette usine devrait, une fois complétée, puisera environ 11 millions de mètres cubes d’eau par année dans la même source que la ville de Regina : le lac Buffalo Pound, un tout petit lac. Tout cela pour fournir des engrais à l’industrie agricole chinoise. Mesurons-nous bien les risques de l’exploitation des écosystèmes pour des redevances financières? Et le débat public en province est quasi-absent semble-t-il !