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Pergélisol et impacts sur les communautés nordiques

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Balises

Un des effets de la fonte du pergélisol peut être observé dans l’affaissement de structures.

Un des effets de la fonte du pergélisol peut être observé dans l’affaissement de structures.

Photo : National Snow & Ice Data Center
En ce début décembre, de nombreux spécialistes sont d’avis que l’année 2016 est en bonne position pour devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée, dépassant le record précédent établi en 2015. Ces tendances à long terme ont des conséquences sur les environnements nordiques, en particulier sur le pergélisol.

Le pergélisol est défini comme tout dépôt terrestre minéral ou organique ou roche dont la température est inférieure à 0 °C pendant au moins deux années consécutives. Puisque le climat est le principal facteur déterminant la répartition du pergélisol (la température moyenne annuelle ne doit pas dépasser 0°C), la superficie et l’épaisseur du pergélisol augmentent avec la latitude et l’altitude. À chaque été, la couche superficielle du sol fond alors que les températures grimpent. Cette couche au-dessus du pergélisol (de quelques centimètres à environ un mètre d’épaisseur), qui permet la survie des plantes dans ces sols froids, est appelée mollisol ou couche active. Le pergélisol est une composante importante affectant les paysages canadiens, et à l’échelle mondiale couvre une superficie estimée à environ deux fois la taille du Canada! En Saskatchewan, on peut commencer à trouver des îlots isolés de pergélisol sporadique dans les environs de La Ronge et Île-à-la-Crosse.

Les températures froides des sols pergelés, ralentissant la décomposition et l’activité microbienne dans les sols, ont permis l’accumulation d’un énorme réservoir de carbone sous forme de matière organique. Alors que les températures se réchauffent, l’activité microbienne peut recommencer. La décomposition de matière organique relâche des gaz à effet de serre tels que le gaz carbonique (CO2) et le méthane (CH4) lorsque la décomposition se fait en milieu anaérobique. La fonte du pergélisol est un peu comme une bombe à retardement climatique. Le réchauffement des températures pourrait démarrer une boucle de rétroaction positive, c’est-à-dire que des températures plus chaudes provoquent le relâchement de gaz à effet de serre, qui intensifie le réchauffement du climat, qui à son tour provoque plus de fonte.

La fonte du pergélisol a des impacts climatiques et environnementaux importants, mais aussi des impacts directs sur les populations nordiques à travers le monde. En effet, le réchauffement et le dégel du pergélisol peuvent provoquer une instabilité du sol et modifier le drainage et l’hydrologie. De nombreuses communautés nordiques doivent ajuster la manière dont les infrastructures sont construites. Les symptômes sont nombreux : maisons qui s’affaissent, routes qui craquent, oléoducs instables, glissements de terrain, apparition de mares de fonte (thermokarst) ou assèchement de lacs.

Un autre triste exemple d’impacts de la fonte du pergélisol sur les communautés nordiques a pris place en Sibérie en juillet et août 2016. Des températures particulièrement chaudes ont provoqué une fonte des sols plus importante qu’à l’habitude. Ce dégel a permis le relâchement de spores d’anthrax, aussi appelée la maladie du charbon. Les spores de Bacillus anthracis, la bactérie responsable de la maladie, peuvent être conservées dans le pergélisol pendant plus d’une centaine d’années. L’anthrax cause une maladie pulmonaire qui peut être mortelle si elle n’est pas traitée immédiatement. Cette éclosion de la maladie était la première dans cette région sibérienne en plus de 75 ans. Plus d’une vingtaine de personnes ont été contaminées, menant au décès d’un enfant. Les populations de cette région sont principalement des nomades dont la survie est liée à l’élevage de troupeaux de rennes. On a rapporté que plus de 2300 rennes ont succombé à la maladie.

Plus que jamais, la recherche à long-terme dans les environnements nordiques, de même que l’inclusion des communautés affectées dans le processus, est critique afin d’améliorer nos prédictions de ce qu’un futur climat plus chaud nous réserve.

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