Fonds l'Eau vive banniere
Close
Trudeau : Père et fils pour un même Canada
Réjean Paulin
/ Catégories: Opinion, Réjean Paulin, Politique

Trudeau : Père et fils pour un même Canada

Cette bizarrerie langagière nous est familière. Elle m’est venue en mémoire en écoutant la gouverneure générale lire le discours du Trône.

Ce n’est pas Julie Payette qui, penchée sur son écritoire à Rideau Hall, a rédigé cet exposé de 40 minutes sur le prochain mandat libéral. C’est plutôt le voisin d’en face, celui du 24 Sussex, Justin Trudeau, qui a couché ces mots sur papier, probablement avec les conseils de son entourage.

Ainsi vont les choses dans notre pays. Le chef d’État agit toujours sur les conseils du premier ministre. Par conséquent, tout comme son père et ses autres prédécesseurs, Justin Trudeau peut dicter ses volontés et intentions à la gouverneure générale.

Le passage suivant m’a rappelé les années de son père.

On va s’affairer à mener «à bien un plan qui procure des résultats pour tous les Canadiens, y compris les femmes, les membres des minorités visibles et linguistiques (italiques par l’auteur), les personnes handicapées, ainsi que les membres de communautés LGBTQ2».

Et voilà! Les minorités linguistiques se retrouvent diluées dans la masse, parmi toutes les minorités qui peuplent le Canada. On oublie la notion des deux peuples fondateurs. Entre les lignes, on lit la formule du multiculturalisme cher à Pierre Elliott Trudeau qui en a fait une politique officielle dans les années 70 et 80.

C’était peu de temps après la Commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme.

Le multiculturalisme était loin de faire l’affaire des milieux francophones et de leurs défenseurs. On craignait que leur identité spécifique ne devienne qu’une pièce sur la mosaïque culturelle canadienne. C’était la hantise des nationalistes québécois et aussi de Jean-Robert Gauthier, député libéral franco-ontarien à l’époque, et ardent défenseur de la cause francophone. Devenu sénateur en 1994, Jean-Robert Gauthier en avait toujours contre cette politique. Aujourd’hui, on a envie de leur donner raison.

J’ai survolé les prairies deux ans avant que le multiculturalisme soit inscrit dans la Charte des droits et libertés en 1982. Une heure avant l’atterrissage, j’imaginais la présence française au milieu des immenses champs couleur d’or qui défilaient sous mes yeux.

Un collègue francophone m’a accueilli à l’aéroport. Le soir, j’écoutais le téléjournal de Radio-Canada et le lendemain, l’émission matinale, toujours en français. Vingt-quatre heures après ma descente de l’avion, rien n’avait démenti l’image d’un Canada composé essentiellement de deux peuples reconnus par l’Histoire.

Cette vision n’a pas résisté longtemps.

L’allemand que parlait un automobiliste et son mécanicien, le polonais, langue première du propriétaire de mon logement, et d’autres langues entendues ici et là, tissaient avec le français une sorte de dentelle qui bordait la toile sonore anglophone. Beau et plaisant dans une société ouverte sur le monde. Mais dans tout ça, le français ne résonnait ni plus fort ni plus faiblement que ces langues étrangères.

Exagéré? Je me le suis demandé jusqu’à ce qu’un préposé d’une quincaillerie me demande si je parlais ukrainien. Puis un jour, un Ukrainien m’a demandé quelle langue je parlais.

On ne peut reprocher à un pays de reconnaitre son patrimoine culturel. La recherche d’un monde meilleur doit passer par cette voie.

L’ouverture doit venir des fondateurs de ce pays. Ces derniers doivent partager l’héritage que l’Histoire leur a légué. À cet égard, les Francophones devraient en avoir autant à partager que les Anglophones, ce qui n’est pas le cas.

Ce texte du «garçon de son père» définit l’idéal du pays. Si deux langues et deux peuples forment le tissu social canadien, le discours du Trône n’en a pas passé le fil dans sa fibre la plus profonde.

Imprimer
32676

Réjean PaulinRéjean Paulin

Autres messages par Réjean Paulin
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche de deux Conseillers/Conseillères en développement économique (CDÉ). Date de clôture : 17 décembre 2021 Plus de détails The post 2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique appeared first on CÉCS.

Poste à combler : Conseiller.ère en emploi

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un conseiller(ère) en emploi).  DÉTAILS The post Poste à combler : Conseiller.ère en emploi appeared first on CÉCS.

Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un Coordonnateur/Coordonnatrice du programme Jeunesse Canada au Travail dans les deux langues officielles (JCTDLO). DÉTAILS The post Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail appeared first on CÉCS.
RSS
1345678910Dernière

Actualité économique

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Grâce aux financements du Fonds de développement économique francophone des Prairies (FDÉFP), trois organismes fransaskois peuvent concrétiser...
4365
La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

L'ambassadeur de Belgique au Canada, Patrick Van Gheel, a effectué une visite officielle en Saskatchewan du 24 au 27 octobre afin de...
5990
Le CÉCS dresse le portrait des régions Le CÉCS dresse le portrait des régions

Le CÉCS dresse le portrait des régions

Disponibles sur le site du Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) depuis la mi-juin, six rapports statistiques offrent un...
5242
Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Depuis le 3 août, une nouvelle application, Too good to go, permet aux habitants de Regina et de Saskatoon de réduire leur gaspillage alimentaire....
5410
RSS
1345678910Dernière
Conditions d'utilisationDéclaration de confidentialité© Copyright 2024 Journal L'Eau Vive. Tous les droits sont réservés.
Back To Top