Quand Fred Pellerin inspire le grand écran
L’arracheuse de temps est un film québécois réalisé par Francis Leclerc et sorti en 2021. Le long métrage est la troisième adaptation cinématographique d’un récit du célèbre conteur québécois Fred Pellerin. Ses histoires sont celles de son village natal en Mauricie, empreintes de légendes et de magie.
Dans L’arracheuse de temps, on retrouve Fred, âgé de 11 ans, qui craint pour la vie de sa grand-mère malade. Pour tenter de rassurer son petit-fils que la mort n’est pas une fatalité, Bernadette lui conte sa rencontre avec la grande faucheuse elle-même en 1927.
Bien que la relation entre le jeune Fred et sa grand-maman serve de fil conducteur au récit, le film attire toute notre attention sur les aventures de la jeune Bernadette au village de Saint-Élie-de-Caxton. Guidée par des forces qui la dépassent, la jeune femme devra sauver les habitants du village dans une course contre le temps.
Affiche du film L’arracheuse de temps réalisé par Francis Leclerc
Crédit : Les Films Séville
Un frisson d’automne, une nuit orageuse, une brume et un clocher, on attendrait presque l’arrivée du cavalier sans tête de Sleepy Hollow. Francis Leclerc donne le ton en revisitant les codes du film fantastique. Comme le disait l’écrivain français Roger Caillois, « le moment essentiel du film fantastique est souvent l’apparition qui ne peut pas arriver et qui se produit pourtant ».
Véritables apparitions ou hallucinations ? Le spectateur a de quoi s'interroger sur les visions de Bernadette. Le personnage est fort et incroyablement bien incarné par la pétillante Jade Charbonneau. Le réalisateur offre un univers sombre au conte. Les personnages sont bien vivants, l’humour est au rendez-vous, mais c’est le mystère qui occupe une grande partie du film.
La bande-son offre un linceul de velours à l’image et ajoute une couche de surnaturel au film, nous évoquant ainsi l’univers d’Harry Potter. Le réalisateur a par ailleurs fait appel au créateur d’effets visuels Arnaud Brisebois, qui a travaillé sur Blade Runner 2049. Avec des allures de production hollywoodienne, il en résulte un superbe travail de composition d’image et de photographique.
Mais aussi, des références religieuses iconiques s’invitent sous les traits d’un pommier. Frappé par la foudre, il devient similaire au buisson ardent du récit biblique de Moïse le guidant vers son destin. L’arbre offrira également des fruits empoisonnés dans lesquels des personnages croqueront, ce qui n’est pas sans nous rappeler la tentation d’Adam et Ève dans le jardin d’Éden.
Le film est riche et envoûtant. Le style des années 1930 est à la mode et ça fait du bien ! Les costumes, l’approche, le style, l’ambiance, les réalisateurs ont une chance de revisiter plusieurs styles, et c’est au travers du récit fantastique que Francis Leclerc l’a fait. Une seule hâte, retourner en Mauricie. Les frères Grimm n’ont qu’à bien se tenir.
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