Le français, langue de travail au World Trade Centre Winnipeg
« On voit maintenant l’impact de l’économie francophone ». – Mariette Mulaire
Mariette Mulaire, PDG du World Trade Centre Winnipeg
« Le français est parlé partout dans le monde. »
Photo: WTCW (2015)
WINNIPEG - Mariette Mulaire a fait ses premières armes dans le mouvement des municipalités bilingues avant de cofonder, en 2013, le World Trade Centre Winnipeg. Fin avril 2015, les 300 membres de l’Association internationale des WTC l’ont élue à leur Conseil d’administration.
« Que le World Trade Centre Winnipeg soit bilingue, déclare Mariette Mulaire, c’est un miracle. Le français, ça demeure notre langue de travail, même si notre clientèle est surtout anglophone. Certains employés ont le français comme 2e ou 3e langue et on a des liens de commerce dans une dizaine de langues. Je suis la gardienne du français au bureau ! »
Le WTCW est né à la suite du 2e Forum international d’affaires de l’Ouest canadien en 2012, Centrallia, qui réunissait 700 entrepreneurs à Winnipeg et se déroulait en français, anglais et espagnol. Une 3e édition aura lieu en 2016.
« La francophonie prend une nouvelle place au pays, signale la PDG. On voit maintenant l’impact de l’économie francophone. On ne peut pas passer à côté. »
Mariette Mulaire parlera de développement économique et de tourisme devant le Centre de la Francophonie des Amériques, la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne et le Réseau de développement économique et d’employabilité du Canada (RDÉE).
Au siège social de la WTCA à New York, la Manitobaine s’entretient en français avec le personnel. « Je me promène avec les PDG de Panama, de São Paulo et de Milan, et on parle français. Le français est parlé partout dans le monde, c’est pas une langue perdue, c’est une langue importante.
« La langue de travail, c’est l’anglais, explique-t-elle, mais on entend toutes sortes de langues, le chinois, beaucoup d’arabe. C’est normal de s’exprimer dans une autre langue et d’avoir un accent. C’est tout à fait naturel de parler français devant les autres. »
Pour la directrice générale du Conseil économique du Nouveau-Brunswick, Anne Hébert, la présence de Mariette Mulaire à l’international est une inspiration. « Le Forum Centrallia a été mis sur pied par la communauté francophone, au centre du pays, et a acquis une renommée internationale. Mariette Mulaire a réussi à valoriser le bilinguisme canadien comme un atout pour faire des affaires internationales. »
Madame Hébert ajoute :« On a l’Organisation internationale de la Francophonie qui regarde au développement économique. Au pays, le fédéral s’intéresse au bilinguisme comme une force économique à exploiter. Au Nouveau-Brunswick, on voit la même chose. Son élection arrive juste au bon moment.
« La perception que les Manitobains ont d’eux-mêmes a changé depuis Centrallia. On ne parle plus d’une minorité qui essaie de survivre. Il y a une prise de conscience que la langue elle-même peut contribuer à une industrie.
Le président du RDÉE du Canada, Denis Laframboise, rappelle le cheminement de la nouvelle administratrice de la WTCA. "C'est une merveilleuse nouvelle pour la francophonie économique canadienne. Madame Mulaire est viscéralement liée aux communautés francophones et bilingues du pays. Elle saura éveiller les acteurs du développement économique aux enjeux prioritaires et les intégrer aux actions fondamentales qu'il faudra mener.
« Avec elle au Conseil de la WTCA, c'est certain que de nouvelles connexions mondiales se créeront et serviront à la vitalité économique des communautés francophones et acadienne. Comme elle, de nombreuses personnes de notre réseau ont la capacité d'accéder à des postes influents et d'apporter des changements énergiques pour la croissance économique de notre pays. »
L’ambassadrice francophone a aussi été reconnue par le commissaire aux langues officielles dans son récent rapport annuel, avec le Prix d’excellence 2015 pour la promotion de la dualité linguistique au Canada.
Graham Fraser explique : « Personne de vision, Mariette Mulaire a su convaincre ses collègues anglophones que le bilinguisme pourrait ouvrir les horizons du WTCW et élargir le bassin de ses contacts. Ce dernier est un organisme pleinement bilingue, une réussite exemplaire parmi les World Trade Centres. »
Mariette Mulaire appelle au dépassement. « Le français que mes parents m’ont donné est parfaitement normal à l’international. C’est les unilingues qui sentent qu’il leur manque un morceau… Je me demande comment ça se fait qu’on se bat encore autour de deux langues au Canada.
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