Après l’élection, les étudiants donnent leur vision et prévisions

29 octobre 2015

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REGINA - En 3e année au Département d'études francophones et interculturelles de La Cité universitaire francophone de Regina, les étudiants du cours Défis contemporains de la francophonie canadienne et leur professeur, Michel Poplansky, ont discuté des résultats de la campagne électorale. Ils en ont tiré certaines leçons, tout en partageant leurs prévisions.

Élections fédérales: ce qu'en pensent des Fransaskois

L'Eau vive a demandé à des Fransaskois quels sont les enjeux qu'ils et elles considèrent importants pour les prochaines élections ainsi que leur avis sur la durée de la campagne. À compter de cette semaine nous publions leurs réponses.

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Roger Lepage
avocat, 62 ans
(Regina)

Les enjeux :

1. Améliorer le processus démocratique en permettant à Élections Canada de faire son travail de sensibilisation des jeunes à l'importance de voter. Il est difficile de réformer une démocratie si 40% de l'électorat, surtout les jeunes, les autochtones et les défavori-sés, ne votent pas. Il faut permettre la représentation proportionnelle pour mieux re-présenter toutes les tranches de la société. Il faut réformer le Sénat pour qu'il soit plus utile, lui redonner son mandat de représenter les minorités et les régions et le sous-traire aux nominations politiques.

2. Retourner au mandat d'être ambassadeur de la paix dans le monde plutôt qu'être simplement un autre belligérant. L'image internationale du Canada en a pris pour son rhume depuis qu'on dépense plus d'argent à renforcer notre puissance militaire. Le Ca-nada serait plus utile pour le monde s'il investissait dans la diplomatie, l'apprentissage des autres cultures et l'éducation internationale.

3.Établir un système d'impôt plus juste et suffisant pour s'occuper correctement des moins fortunés.

4. Mieux s'occuper de l'environnement et faire preuve d'une vision plus globale lors-qu'on développe nos ressources. 5. Mieux reconnaître les droits des minorités dont les francophones, les métis, et les autochtones et mettre en œuvre les mécanismes pour que ces droits soient respectés.

La durée :

Je m'inquiète que les règles aient changé pour permettre aux partis de dé-penser plus d'argent lors des campagnes électorales. Cela favorise le parti au pouvoir qui souvent reçoit plus de dons. C'est une tendance qui nous rapproche du système américain où il faut être riche pour entrer en politique. 78 jours de campagne va favori-ser le parti qui a le plus d'argent dans ses coffres. De plus, une longue campagne para-lyse la fonction publique et la gouvernance. En fin de compte, ce sont les contribuables qui paient le coût sans nécessairement en tirer plus de bénéfice. Par contre, les nou-veaux candidats auront plus de temps pour cogner aux portes et se faire connaître. La campagne aurait dû commencer seulement en septembre.

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Frédéric Dupré
Éducateur, 43 ans
(Regina)

Les enjeux :

L'enjeu majeur pour ma part est la transition vers une économie verte fondée sur les énergies renouvelables et une vision à long terme de l'utilisation des ressources naturelles. Le Canada est loin derrière dans le domaine et l'exploitation et la combustion des énergies fossiles causent des dégâts environnementaux et sociaux considérables.

Le second enjeu est d’accroître l'accès à des services éducatifs pour la petite enfance. Investir dans l'enfance et l'éducation pré-scolaire apporte énormément à notre société. Ce domaine de l'éducation est sous-financé et peu d'enfants ont accès à des centres éducatifs de la petite enfance.

La durée :

C'est à l'image de Stephen Harper, manipulateur et machiavélique. Il ferait tout pour déjouer les règles démocratiques traditionnelles pour que cela joue à son avantage. C'est une dépense extravagante qui ne fait rien pour répondre aux enjeux réels de sous-financement dans bien des programmes et projets au pays. Le gouvernement Harper ne travaille pas pour le Canada et ses citoyens, mais les corporations et leurs profits. Ainsi peut-il faire de ces élections les plus coûteuses de l'histoire du pays. On ne peut qu'espérer que l'argent ne fera pas TOUTE la différence dans cette élection historique.

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David Baudemont
Écrivain, 56 ans
(Saskatoon)

Les enjeux :

Les enjeux que j’aimerais voir discutés sont ceux du long terme: transition des énergies fossiles aux énergies renouvelables, engagements et actions pour une éducation accessible à tous les budgets, investissements dans la petite enfance, politiques d’immigration à long terme; politiques pluriannuelles de soutien aux arts, à la culture et aux industries créatives; maintien et développement de la recherche scientifique; examen du vieillissement de la population et du risque de troisième âge à deux vitesses.

La durée :

C’est un point mineur. Je pense toutefois que cela ne réglera pas le désintérêt croissant de la majorité silencieuse pour la politique, au contraire.

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Jean Bossuet Lazarre
coordonnateur au Collège Mathieu, 54 ans
(Gravelbourg)

Les enjeux : Les gens posent beaucoup de questions économiques aujourd’hui. Le gouvernement fédéral a eu beaucoup de difficultés, avec des pertes d'emploi et des coupures budgétaires, surtout dans la fonction publique. C’est préoccupant.

Les enjeux francophones : La francophonie minoritaire n'est pas un enjeu pour le gouvernement. Le Premier ministre ne participera même pas au débat en Français. Cela ne passera pas inaperçu dans la communauté francophone.

La durée: Je n'étais pas au Canada lors des précédentes élections, mais j’ai entendu qu’une campagne aussi longue est très rare. Cela peut entraîner des conséquences sur la population, par rapport aux dépenses que cela entraînera, etc.

Photo: Michel Vézina (2015)

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Gary Ouellette
Coordonnateur de la radio CFRG, 30 ans
Gravelbourg

Les enjeux : Je pense que le Projet de loi antiterroriste C-51, et toute la polémique qui existe autour de ce texte, représenteront un sujet sensible pour le Premier ministre Stephen Harper et les conservateurs. Cela constituera certainement un enjeu déterminant dans le vote des électeurs.

Les enjeux francophones: Les conservateurs ne proposent pas grand-chose à notre communauté. Selon moi, les francophones de Saskatchewan seront mieux considérés si le NPD arrive au pouvoir.

La durée : Cette décision des conservateurs, d’organiser une campagne historiquement longue, a pour but de donner aux gens le temps d'oublier qu'il y a des élections, et d'arriver à la date butoir sans avoir trop réfléchi.

Photo: Michel Vézina (2015)

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Louis Stringer
Retraité, bénévole au Musée de Gravelbourg, 70 ans
(Gravelbourg)

Les enjeux: Le gouvernement a réduit drastiquement les budgets de nombreux programmes agricoles. Cette décision a entraîné des conséquences malheureuses sur les progrès accomplis en agriculture.

Les enjeux francophones : Les programmes qui avaient été créés dans le passé pour les francophones, je pense à l’ouverture de centres, le versement de subventions de fonctionnement, etc. Tout cela a été sévèrement amputé sous Harper.

La durée: Choisir de lancer la campagne aussi tôt constitue un calcul politique. C’est un manège de la part du Premier ministre Stephen Harper car son parti dispose d’un budget plus élevé. La longueur de la campagne va contraindre les autres formation à limiter leurs dépenses.

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Samuel Martineau
Étudiant, 23ans
(Gravelbourg)

Les enjeux: L’armée sera selon moi au centre des débats. De nombreux soldats sont à l’étranger pour combattre l'Etat islamique. Le NPD a dit qu’il les ramènerait alors que le PC veut définitivement les maintenir en opération extérieure. La question des dépenses militaires sera aussi certainement discutée.

Les enjeux francophones: Le PC donne l’impression de ne pas donner d’importance à la francophonie. Pour notre communauté, le Parti libéral et le NPD pourraient faire avancer la cause des fransaskois.

La durée: J’ai été étonné en apprenant que la campagne serait aussi longue. Normalement elle dure 34 jours. Cette fois elle s’étale sur 78 jours. Je me demande quelles sont les stratégies politiques cachées derrière ça.

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Mike Bowden
Enseignant, 38 ans
Prince Albert

Les enjeux : Je suis préoccupé par la question du Sénat. Est-ce que cette nouvelle institution suivra le même modèle que celui des États-Unis ? Si oui, quel sera le processus de cette transformation ? Par ailleurs j’aimerais voir émerger des plans au sujet du système des réserves indiennes. Un programme visant un traitement plus équitable des citoyens autochtones.

La durée : Ce deuxième point touche à d’autres enjeux, notamment l’idée du grand changement qu’on a constaté aux dernières élections : les libéraux en 3e position derrière le Nouveau Parti démocratique, et le Parti vert qui prend une place au gouvernement. Je crois qu’une élection plus longue donnera à ces partis l’opportunité de mieux partager leurs idées, de mieux se présenter à un public prêt à approfondir les changements au sein du gouvernement. Du côté de la Saskatchewan, Tommy Douglas (fondateur du parti à l'origine du NPD et premier ministre d'un gouvernement socialiste) a été nommé, lors d'un concours de la SRC/CBC en 2004, le meilleur Canadien. Que se passerait-il dans le pays si le gouvernement fédéral subissait aujourd’hui un changement semblable ?

Photo: Sandra Hassan Farah (2015)

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Véronique Eugène Loewen
Responsable en communications, 47 ans
(Saskatoon)

Les enjeux : J’aimerais voir discuté un plan de réduction des taxes pour la classe moyenne. J’attends aussi des débats sur un plan de soutien pour les petites et moyennes entreprises afin de relancer l'économie, alors que le pays se trouve dans une situation difficile. Ce projet les aiderait à investir dans le but d’accroître les exportations, de relancer les embauches et l'augmentation des salaires afin d'accroître les dépenses des ménages. J’attends un plan concret pour combattre et prévenir toute attaque terroriste au Canada. Enfin j’espère un programme national avec des objectifs préétablis de réduction des émissions de C02 et de protection de l'environnement.

La durée : Selon moi la durée de la campagne est sans importance. A mon avis les gens se mobilisent au plus tôt un mois avant les élections. Les Canadiens qui sont vraiment intéressés apprécieront davantage d'opportunités de juger les candidats et diverses plateformes. Les autres, ceux que la politique n’intéresse pas, feront comme d'habitude, ils se décideront à la dernière minute sans véritable considération pour les sujets présentés pendant la campagne. Ils détermineront leur choix plutôt par habitude ou allégeance à un parti ou simplement opposition à un autre.

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Albert Lebastard
Retraité, 64 ans
(Saskatoon)

Les enjeux : L'état de notre démocratie me préoccupe le plus. Les racines de ce que j'appelle la "déparlementisation" de notre système fédéral ont trouvé la terre avant l'arrivée du dernier gouvernement mais M. Harper a accéléré la transformation du gouvernement en présidence à l'image américaine de façon alarmante. Pour l'économie, je la vois mise au service de la politique plutôt que de la population. Les gens veulent profiter de la prospérité mais pas à n'importe quel prix. Voilà un des grands fossés entre le PCC et les Canadiens. Il y a d'autres enjeux importants mais voilà les deux domaines qui domineront la campagne, je crois. C'est clair que je vois le discours dirigé sur un ton anti plutôt que pro, c'est à dire qu'on parle plus des raisons de se défaire du gouvernement précédant plutôt que choisir entre les offres d'alternatives. C'est dommage. Je crois qu'il y a de quoi discuter surtout du côté démocrate mais aussi de plus en plus du côté libéral. Malheureusement les électeurs ne sont pas assez attentifs.

La durée : La longueur anormale de la campagne démontre un cynisme de la part du dernier gouvernement mais, sauf pour le coût bien plus salé, je ne vois pas un grand effet sur le succès de tel ou tel parti, malgré l'avantage financier qu'elle donne aux Conservateurs.

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Stéphane Rémillard
Conseiller en développement économique, 51 ans
(Saskatoon)

Les enjeux : Il y a quelques préoccupations qui n’ont pas été adressées depuis un bon bout de temps dans toute l’hypocrisie du système politique canadien et qui commencent à être assez dommageables pour les communautés francophones hors Québec. On a beau dire qu’on ne coupe pas les financements, mais à force de ne rien changer, de laisser le statu quo, on finit par asphyxier les communautés francophones et les organismes. Il y a quelque chose qui doit être adressé : est-ce que la francophonie a encore sa place au Canada? Ça ne s’adresse pas juste à M. Harper, ça s’adresse à tous les joueurs qui sont là. Les libéraux à une certaine époque n’ont pas fait beaucoup mieux. Est-ce que le NPD a les mêmes intentions? Ce serait bon de poser la question. Et les deux autres, on les connaît déjà.

La durée : Quand on était à cheval ça se comprenait, mais on est au 21è siècle, en principe ça ne devrait pas requérir autant de temps. Ce n’était vraiment pas nécessaire. C’est une bonne façon d’épuiser les candidats, les partis qui ont peu de financement, surtout les petits joueurs. Probablement que l’idée est d’amener les adversaires à faire des erreurs. Cela démontre le côté prétentieux du Premier ministre qui estime que lui ne fera aucun faux-pas ! C’est une tactique, rien de plus et je trouve que cela entraîne beaucoup de dépenses inutiles.

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