Une empreinte indélébile
Il a beau être parti, il nuit encore. Quand l’homme quitte un lieu, inutile d’être Sherlock Holmes pour savoir qu’il y est passé. L’homme artificialise, construit, bétonne pour y développer ses activités, bien souvent lucratives. Quand les ronds ne rentrent plus, il va voir ailleurs si le vent est plus porteur.
Ce mode de vie laisse des traces et nous commençons à en payer le prix. À l’image d’une Europe à l’agonie devant ses terres qui s’imperméabilisent à vitesse grand V, le Canada doit lui aussi panser les plaies du passé et réfléchir à l’après.
Mine Lake
La Saskatchewan en est l’exemple parfait : des hommes, elle a su en attirer ! Tous tombés sous le charme d’un élément chimique répondant au doux nom d’U92 – l’uranium. Ce précieux minerai a fait la richesse et la renommée de la province. Des mines ont poussé comme des champignons pour en extraire le combustible nucléaire.
La mine Gunnar, située à 25 km au sud-ouest d’Uranium City, a tourné à plein régime jusqu’en 1963 avant que le robinet ne cesse lui aussi de couler. Alors les hommes sont partis creuser ailleurs, laissant derrière eux une cicatrice dans le paysage.
Ces stigmates ne sont que la face émergée de l’iceberg. La plaie profonde se situe dans les sols, dans les eaux.
Le Saskatchewan Research Council a entrepris de retirer l’amiante des bâtiments du site de Gunnar.
On estime aujourd’hui à 1 % le nombre de sites miniers réhabilités dans le monde, ce qui pose d’énormes questions environnementales quand on connaît les pollutions que cela entraîne.
Le Projet CLEANS
Dirigé par le Saskatchewan Research Council, le projet CLEANS a pour objectif de mener des activités d'assainissement et d’assurer une surveillance environnementale afin de rendre les sites sûrs.
Ce projet pluriannuel financé par les gouvernements de la Saskatchewan et du Canada est axé sur l'assainissement de 35 mines d’uranium abandonnées dans le nord de la province, dont fait partie la mine Gunnar.
Après des années d’activités, cette mine a laissé derrière elle plus de 4,4 millions de tonnes de résidus miniers. D’énormes pâtés de sable qui, à chaque pluie, à chaque ruissellement, viennent polluer les lacs, rivières, cours d’eau, sols et animaux…
Une couverture qui fait chaud au cœur
Comme nous faisons partie du tout, il a fallu trouver une solution. Après cinq années de dur labeur, Fond du Lac Nuna Joint Venture a terminé la construction d’un système de couverture épaisse recouvrant la plus grande aire de résidus (Gunnar Main Tailings) et la majeure partie de l'aire centrale de résidus du site.
L’objectif ici est de couvrir les résidus avec des couvertures ensemencées au préalable d’un mélange de graines indigènes qui favoriseront la croissance de la végétation sur les nouveaux reliefs et qui protégeront de l'érosion.
Après avoir dormi pendant l'hiver, ces graines ont germé avec succès en 2022, marquant une première étape dans le processus de revégétalisation. Les systèmes racinaires des graminées semées aideront à maintenir le sol et le gravier en place, prolongeant ainsi la durée de vie de la couverture qui enveloppe la zone de résidus.
Au fil du temps, le site Gunnar sera naturellement repeuplé par des arbustes et des arbres, ce qui le rapprochera de son état naturel d’origine, en gardant bien à l’esprit qu’il n’y a jamais de retour à l’état initial sur d’anciens sites miniers. Le meilleur remède reste la prévention.
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Arthur Béague
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