Un marché du travail bouleversé par la pandémie
Les après-coups de la pandémie continuent de secouer le monde. Après avoir déstabilisé en profondeur nos modes de vie, tel un tremblement de terre, des ondes de choc ont déplacé certaines plaques tectoniques sur lesquelles s’est établie notre société. Ces plaques glissent les unes sur les autres et, sous la pression de leur poids, certaines éclatent, provoquant un renversement des rapports de force historiques.
Parfois, il est possible d’identifier la cause précise de certains effets. D’autres fois, la logique de la transformation sociale semble être irrationnelle, imprévisible et même inexplicable, relevant du chaos ou du hasard. La pandémie a provoqué de nombreuses ondes de choc à l’origine d’événements tout aussi insoupçonnés.
Le premier renversement des rapports de force se trouve certainement au niveau du marché du travail. Nous avons aujourd’hui au pays un taux de chômage historiquement bas. Certaines industries n’ont plus le personnel nécessaire pour fonctionner à plein régime.
Durant la pandémie, de nombreuses personnes ont décidé de jeter leur tablier professionnel et d’opter pour la retraite ou un changement de carrière. D’autres, dans l’industrie des services ou du divertissement, ont été mises à pied si longtemps qu’elles ont trouvé de nouvelles avenues professionnelles.
Le personnel de première ligne dans nos hôpitaux et autres services de santé a été écrasé par la pression. Soit ils ont choisi de quitter leur emploi, soit ils sont tombés au combat à la suite d’un épuisement professionnel.
Cette conjonction de facteurs personnels et sociaux, combinés à de nombreux départs à la retraite chez les baby-boomers, exerce une telle pression qu’un renversement assez radical du pouvoir entre employeurs et employés s’est opéré.
Aujourd’hui, ce n’est plus l’employé qui est évalué en entrevue, mais bien son futur employeur. L’employé, selon ses compétences, peut négocier sinon exiger certaines conditions de travail.
La pénurie de main-d’œuvre au Canada n’est pas un phénomène inédit, mais aujourd’hui c’est devenu un enjeu économique national qui commence à affecter nos institutions de santé, nos services publics en général et certaines industries qui doivent ralentir leur activité.
Le mouvement des plaques tectoniques du marché du travail ne s’est pas encore arrêté. Le recrutement et la rétention du personnel vont demeurer des mots-clés pour de nombreuses années.
Ce renversement des rapports de force offre certainement une occasion de valoriser des milieux de travail plus soucieux de leurs équipes, encourageant le développement personnel des employés.
D’autres plaques sont toujours en mouvement. Nous traversons une époque historique où de nouvelles réalités nationales et internationales imposent des renversements dans l’équilibre des pouvoirs. Et nous n’avons encore qu’une vision limitée de leurs conséquences sur l’avenir.
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