Tremblay et Barbeau au Théâtre Oskana
Un programme double pour débuter la saison 2017
L'équipe de Manon Last Call et Surprise! Surprise!
De gauche à droite: Sur le divan Sylvie Brassard, Marie-Christine Bouillon, Nahila Bendali (Surprise Surprise) Debout: Gilles Groleau (metteur en scène de Manon Lastcall), Michel Chammartin (metteur en scène de Surprise Surprise), Emilie Dessureault-Paquette, Guy Michaud, Frédérique Cyr-Michaud et Marc Drolet (Manon Lastcall).
Photo: Amanda Jacek
Le Théâtre Oskana présentait, du 19 au 22 janvier dernier, Surprise! Surprise! de Michel Tremblay et Manon Lastcall de Jean Barbeau, dans des mises en scène de Michel Chammartin et Gilles Groleau.
Le metteur en scène Michel Chammartin s'est vu attribué la tâche de monter Surprise! Surprise! Après plusieurs semaines de répétition, on peut dire ce fut un succès.
L'intrigue de la pièce, écrite en 1975, est la suivante: Laurette et Jeannine organisent un surprise party pour l'anniversaire de Madeleine. Mais au lieu de Madeleine Simard, c’est Madeleine Michaud qui est invitée par erreur, ce qui la plonge dans une totale confusion. Laurette se rend compte de sa bêtise, en avertit Jeannine, et elles décident d'inviter les deux Madeleine pour ne pas froisser la fausse fêtée. Elles se rappellent alors que les deux Madeleine ne se parlent plus depuis que la Simard a volé le chum de la Michaud...
On retrouve dans cette pièce tous les éléments du vaudeville sans que toutefois les personnages ne quittent la scène. Les entrées et sorties conventionnelles sont remplacées par des croisements téléphoniques. Les trois protagonistes, chacune munie de son téléphone à cadran, sont toutes en proie à un mal courant: l'impossibilité de communiquer. À coups de sonneries, de bascules sur un fauteuil et d'aiguilles à tricoter qui ne tricotent plus, le spectateur assiste en moins d’une demi-heure au développement inéluctable d'un sordide fait divers.
Les trois actrices ont fort bien livré ce texte à la fois musical et cacophonique. Pour Michel Chammartin, le défi résidait “surtout dans l'absence de mouvements de scène”. Or, au fur et à mesure des répétitions, la limite de mouvement est devenue une source d'inspiration où chacune des actrices apprenait à s'approprier le petit espace dans lequel elle était placée: l’une assise à sa table de cuisine, l’autre sur son canapé et la troisième sur son fauteuil à bascule. Les comédiennes, en pleine maîtrise de leur texte et de leur art, telles des musiciennes de musique de chambre, ont donné une interprétation sans faille de cet enfer de la triangulation avec, pour crescendo final, le couteau de cuisine luisant de la Michaud!
Avec Manon Lastcall, on retrouve l'expression du mal à communiquer.
Un directeur de musée est visiblement au bord de la crise de nerfs, bien avant l'entrée sur scène de la cause de ses tracas, soit une jeune femme sans éducation qu’il aurait rencontrée lors d’une sortie bien arrosée.
On comprend rapidement que notre fonctionnaire, Maurice, souffre de dépendance à l’alcool et au sexe et que les conséquences de ses actes le rattrapent lentement et sûrement. La jeune fille, Manon, joue de chantage afin d’obtenir son prochain emploi: guide interprète du musée. En l’espace de quelques semaines, le nombre de visiteurs au musée augmente de 300%. Et pour cause, le discours de la guide de musée est moins informatif que divertissant. Avec une fin un peu surfaite, on comprend que Manon Lastcall sera la cause de la fermeture du dit musée.
La pièce, écrite en 1972, repose essentiellement sur la dynamique de luttes de classes et des rapports de pouvoir (verbal, sexuel, social) qui séparent et rapprochent les 4 personnages: le mari, la femme, la maîtresse et le ministre. Le jeu des acteurs principaux Émilie Dessureault-Paquette et Marc Drolet se prêtait parfaitement au style comique de la pièce. Le metteur en scène Gilles Groleau souligne que “la force du personnage de Manon c’est que, contrairement à Maurice, elle reconnaît ses faiblesses et est prête à se préparer pour la job, ce qui démontre une certaine humilité chez elle et nous la rend sympathique”.
En guise de conclusion, je voudrais souligner que notre communauté regorge de talents qui gagneraient à être plus connus, tant chez les acteurs, que chez les metteurs en scène, qu'auprès du public.
Ne manquez pas la prochaine production du Théâtre Oskana, La grande révolution électrique de Laurier Gareau, du 16 au 19 mars.
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Cécile Denis
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