Le souffle créatif au féminin
Crédit : Edu Lauton / Unsplash
Les 19 et 20 février derniers, Entr’Elles, le regroupement des femmes en Saskatchewan, a organisé une retraite virtuelle de ressourcement. L’occasion pour les participantes de prendre soin d’elles, de leur communauté et de leur créativité
Pour sa deuxième édition, l’activité a regroupé une quinzaine de participantes partout dans la province, issues de divers groupes d’âge et de cultures.
Un pari réussi pour l’organisme : « J’aime mieux avoir quinze personnes engagées plutôt que cinquante qui ne participent pas ! », s’exclame Émilie Lebel, coordonnatrice de la programmation à Entr’Elles.
La coordonnatrice poursuit en rappelant que la retraite est conçue pour donner une voix aux femmes et leur faire connaître leurs droits, particulièrement dans le domaine de la santé.
« Ce genre d’ateliers permet aussi de faire des liens, de donner plus de connaissances et de pouvoir aux femmes dans leur communauté », précise cette dernière.
Le pouvoir des mots
Un des éléments rassembleurs de la retraite est sans nul doute la langue française qui sert de base au développement de la diversité. « Nous avons profité de cette fin de semaine pour poursuivre certaines des discussions entamées lors du Rendez-vous fransaskois sur l’identité fransaskoise, comment les femmes s’identifient, comment elles sont reliées entre elles », détaille Émilie Lebel.
Shannon Lacroix, responsable des communications au Conseil culturel fransaskois
Courtoisie
Une des participantes à l’événement, Shannon Lacroix, abonde dans le même sens : « J’ai eu un beau sentiment d’appartenance et de partage. Nous avons toute l’expérience de la minorité linguistique et ça nous rassemble. »
Shannon Lacroix explique également qu’elle ressent un vent de renouveau au sein de l’organisme. Anciennement Fédération des femmes fransaskoises, Entr’Elles se veut plus inclusif et respectueux d’une diversité grandissante de cultures, de générations et d’intérêts.
« Plusieurs femmes ne s’identifiaient pas comme fransaskoises ou même francophones et nous voulions rejoindre le plus grand nombre de réalités possible », précise Émilie Lebel.
« Je ne participais pas aux activités avant », confie ainsi Shannon Lacroix. Désormais, Entr’Elles propose une plus grande variété d’activités selon la jeune femme qui observe « plus de jeunes femmes s’impliquer à des moments charnières de leur vie comme leur premier enfant ou un changement de carrière ».
Ouvrir ses horizons
La diversité est certainement un atout qui a énormément plu à Shannon Lacroix. « Il est important d’entendre toutes les voix, ce sont autant d’expériences de vie à découvrir. Ça nous donne la chance à toutes d’en apprendre plus sur les défis des autres, d’évoluer et de nous soutenir comme communauté. »
La pandémie a souligné l’importance de l’art dans la vie, une thérapie à la portée de tous et à laquelle les participantes à la retraite de ressourcement entendent bien s’adonner.
« La communauté francophone et francophile a une grande variété de talents ! J’aimerais voir des soirées d’échange de pratiques artistiques où moi, par exemple, je veux apprendre le ukulélé et, en échange, je peux enseigner les rudiments du tricot », illustre Shannon Lacroix.
La mobilisation était d’ailleurs au cœur du propos d’Anne Brochu Lambert, animatrice de l’atelier Créativité et engagement communautaire lors de la retraite, inspirée d’une conférence donnée par la journaliste Émilie Perreault lors du Forum de la Fédération culturelle canadienne-française en décembre 2021.
L’atelier portait sur la notion de l’art en tant que service essentiel, et Anne Brochu Lambert, elle-même artiste visuelle, a proposé une réflexion poussée mais accessible sur l’art comme catalyseur communautaire.
« L’idée est de réanimer nos communautés, de redonner aux gens un sens d’appartenance. Les arts sont là pour nous aider à cheminer dans notre vie, surtout en temps de pandémie », affirme l’animatrice qui est également présidente du Conseil culturel fransaskois.
Cette dernière s’est dite agréablement surprise de voir que la plupart des participantes à la retraite se sont spontanément tournées vers le travail artisanal et créatif pour passer au travers de la pandémie.
Elle constate du même souffle que ces mêmes femmes ne se considèrent pas artistes pour autant. « Il est impératif de démontrer que la hiérarchie dans les arts est contestée depuis fort longtemps. À la fin du 18e siècle, début 19e, on cantonnait les femmes dans des activités comme le tricot, la couture, et elles n’avaient pas accès aux académies », relève Anne Brochu Lambert.
Créer pour s’engager
La création comme forme d’engagement social et communautaire apporte une précieuse valeur à la dynamique d’une communauté. Et pour mobiliser, il faut aller chercher les gens par les émotions, précise Anne Brochu Lambert.
« C’est souvent le reproche que l’on fait à la communauté fransaskoise, de proposer aux gens de s’impliquer en participant à des AGA [assemblées générales annuelles] et des CA [conseils d’administration], mais il faut aussi qu’il y ait une composante de plaisir et de découverte, que cela leur bénéficie personnellement avant de rayonner dans la communauté », exprime-t-elle.
Entr’Elles entend bien mettre en pratique cette vision et, comme le résume Shannon Lacroix, sa retraite de ressourcement n’a pas pris fin le 20 février : « Elle ne fait que commencer ! »
La prochaine activité de l’organisme Entr’Elles aura lieu le 10 mars pour souligner la Journée internationale de la femme.
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