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Actualité communautaire

Olivier Gentillon, un pionnier noir en Saskatchewan

Artiste peintre
Xavier Mutshipayi apporte les touches finales à son portrait d’Olivier Gentillon.
Crédits : Xavier Mutshipayi

Le 22 février, le portrait du docteur Olivier Gentillon, conçu par l’artiste visuel Xavier Mutshipayi, a été dévoilé. L’œuvre d’art, commandée par le Conseil culturel fransaskois (CCF) dans le cadre du Mois de l’histoire des noirs, met à l’honneur le pionnier qui a œuvré pour l’accueil et l’intégration des Noirs en Saskatchewan. 

Shannon Lacroix, responsable des communications du CCF, précise d’emblée que « le portrait restera dans la collection permanente du CCF ». Il faut dire qu’Olivier Gentillon est considéré comme un véritable pionnier noir fransaskois. 

Ce dernier avait d’ailleurs été honoré lors de la cérémonie d’ouverture du Mois de l’histoire des Noirs organisée par la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS) le 6 février.

Originaire d’Haïti, Olivier Gentillon est parti dans sa jeunesse étudier à New York, entre autres pour fuir le régime de François Duvalier, ou Papa Doc. Il a par la suite quitté les États-Unis pour le Canada après l’assassinat de plusieurs figures du mouvement des droits civiques, dont Martin Luther King en 1968.

Après avoir été diplômé dentiste à Montréal, Olivier Gentillon cherchait désespérément un emploi pour payer ses dettes. Après un bref passage dans le village d’Outlook, au sud-ouest de Saskatoon, il est parti exercer son métier dans la ville des ponts en 1974, où il réside depuis. 

Un homme respecté 

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Le portrait d’Olivier Gentillon
Crédits : Xavier Mutshipayi

À Saskatoon, le docteur est devenu très impliqué dans l’église catholique Saints-Martyrs-Canadiens. C’est avec cet engagement qu’il a fait ses preuves, parrainant un grand nombre de nouveaux arrivants francophones. Lors de la cérémonie du 6 février, plusieurs d’entre eux lui ont d’ailleurs exprimé leur reconnaissance et leur admiration.

Olivier Gentillon dit que sa femme et lui ont aidé tellement de nouveaux arrivants qu’il ne peut plus les compter. « Quand on rencontre quelqu’un de nouveau, on est toujours prêt à savoir d’où il vient et à essayer de lui donner le strict minimum pour commencer une nouvelle vie », conçoit-il. S’il y a des gens qu’il a aidés mais qu’il n’a jamais revus par la suite, le docteur est resté ami avec beaucoup de ses protégés.

Le docteur Gentillon reste humble devant les éloges qui lui sont faits. « Je n’aime pas m’attarder sur ce que j’ai fait de bien. Parfois, on aide quelqu’un car on est la personne qui est là pour le faire, c’est tout », répond-il simplement.

Quoique flatteuse, la dénomination de « pionnier » noir lui semble prétentieuse. L’Haïtien d’origine estime qu’il est loin d’avoir autant souffert que les premiers Noirs sur le continent américain, réduits à l’esclavage.

Jumelage avec un artiste talentueux

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Xavier Mutshipayi apporte les touches finales à son portrait d’Olivier Gentillon.
Crédits : Xavier Mutshipayi

Xavier Mutshipayi, le peintre qui a réalisé le portrait, est originaire de la République démocratique du Congo et est établi à Winnipeg depuis environ cinq ans. Spécialisé dans le réalisme, l’artiste dit puiser son inspiration « un peu partout et dans la nature ».

Passionné de dessin depuis tout petit, le Franco-Manitobain d’adoption s’est tourné vers sa passion après avoir terminé des études d’économie. « J’ai pu développer mon style artistique et j’ai exposé mes œuvres au Congo et en Belgique », explique-t-il. Le peintre continue ainsi de vivre de son art au Canada.

Xavier Mutshipayi a été approché par Zoé Fortier, coordonnatrice au CCF, pour réaliser le portrait du docteur Gentillon, son premier projet d’art visuel avec la communauté fransaskoise. Les deux hommes ne se connaissaient pas et l’artiste a dû s’imprégner de l’histoire du dentiste : « Son histoire est très inspirante pour les jeunes et pour les Noirs, exprime-t-il. C’est important d’avoir des exemples comme lui pour réaliser qu’on peut faire quelque chose de positif. »

Pandémie oblige, l’artiste et son sujet n’ont pas pu se rencontrer pour la réalisation du portrait. Le peintre a donc dû se contenter de photos comme modèles pour son œuvre.

Être à la hauteur 

En s’impliquant activement de la sorte, les deux hommes espèrent qu’un jour la vie sera meilleure pour les Noirs partout dans le monde. Pour Xavier Mutshipayi, le mois de février constitue ainsi « une période importante pour apprendre et conscientiser les gens par rapport à ce qui est arrivé ». De son côté, Olivier Gentillon regrette que « chaque année, on parle du Mois de l’histoire des Noirs, mais qu’après, on oublie tout ».

Le docteur Gentillon estime qu’il faut saisir l’occasion pour aller au bout des revendications du mouvement Black Lives Matter de 2020. « Ce sont les plus démunis qu’on emprisonne, qui remplissent les prisons au Canada et aux États-Unis », déplore-t-il, rêvant de pouvoir voir, un jour, « un monde sans barrières, sans préjugés, sans injustice, sans hypocrisie, et où l’on reconnaît l’égalité des habitants et leur bien-être ».

Son portraitiste le rejoint : « Il faut que les gens comprennent que tout le monde est égal. Personne n’est supérieur à l’autre, et la diversité fait la beauté de la nature. »

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Emmanuel MassonEmmanuel Masson

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