Les péripéties d’un Congolais dans les Prairies publiées aux ÉNP
Le roman Du rêve parisien au froid des Prairies de Pierre Minkala-Ntadi a paru aux Éditions de la nouvelle plume (ÉNP) le 21 février dernier. Le besoin d’acceptation sociale, la honte, les relations familiales et les défis d’intégration des réfugiés sont certains des thèmes explorés par ce roman fictif qui constitue la toute première publication par un auteur d’origine africaine pour la maison d’édition.
L’auteur franco-manitobain Pierre Minkala-Ntadi est originaire de la République du Congo et est détenteur d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication de l’Université de Grenoble Alpes, en France. Il enseigne la nouvelle grammaire de la langue française à l’Université de Saint-Boniface.
Du rêve parisien au froid des Prairies est son troisième roman. Celui-ci raconte l’histoire d’Adolphe, un jeune Congolais qui se retrouve dans un camp de réfugiés à la suite d’un drame. Il se voit contraint d’abandonner son rêve parisien et ses vêtements de marque pour suivre sa famille adoptive au Manitoba.
Le froid des Prairies appelant à des choix vestimentaires orientés sur la survie, Adolphe ne peut plus compter sur son identité de « sapeur », un homme qui s’habille avec élégance, pour masquer la honte enracinée en lui.
Le roman présente ainsi une réflexion profonde sur les effets du sentiment de honte dans la vie d’un jeune homme en quête de reconnaissance sociale.
Honte, humiliation et ambition
Tout au long du récit, Adolphe a des ambitions, mais n’arrive pas à les concrétiser. L’auteur explique : « Il veut bien faire, mais il y a toujours une rechute. Il a conscience de ses erreurs après une mésaventure, mais chaque fois il tombe. Il veut construire une estime de soi et être mis en valeur, cependant il vit mal ses échecs. »
PHOTOS Crédits : Courtoisie des Éditions de la nouvelle plume (ÉNP)
Pierre Minkala-Ntadi est originaire de la République du Congo et est arrivé au Canada après un séjour en France. Il réside au Manitoba.
Pour le personnage, l’opinion des autres revêt une énorme importance. Dans sa ville natale de Brazzaville, Adolphe est « sapeur » et fait partie de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (SAPE).
« Dans le mouvement de la sape à Brazzaville, Adolphe est adulé pour ses habits. Il cherche toujours à construire une image positive », précise Pierre Minkala-Ntadi.
Une fois dépouillé de son identité de « sapeur », Adolph est à la dérive. « Il est en quête d’une reconnaissance sociale. Quand il y a une fausse note dans sa quête, il ressent le sentiment de honte », observe l’écrivain.
L’auteur explore entre autres le rôle du parent dans l’instillation du sentiment de honte, soulignant que les parents sont eux aussi en quête de reconnaissance sociale à travers leur progéniture.
« Ils veulent tracer un chemin pour leurs enfants pour se mettre en valeur, indique Pierre Minkala-Ntadi. Si l’enfant devient médecin, avocat, directeur ou politicien, cela démontre que le parent a réussi. Un enfant qui traîne dans la rue est une déception. »
Pour l’homme de lettres, la fiction permet d’exprimer cette réalité vécue par de multiples immigrants, au Canada ou ailleurs.
« L’histoire d’Adolphe est fictive, mais représente une réalité. Plusieurs parents immigrants sont déçus que leurs enfants ne progressent pas dans leur scolarité dans le pays d’adoption. Adolphe représente ces enfants qui, aux yeux de leurs parents, n’apportent pas de fierté. »
Sublimer la réalité
Pierre Minkala-Ntadi utilise le roman pour « sublimer une réalité concrète que vivent beaucoup de nouveaux arrivants ».
Adolphe, le héros du livre, constitue ainsi un personnage fictif qui symbolise le rêve de la jeunesse congolaise pour l’auteur. « La jeunesse de Brazzaville rêve d’ailleurs, notamment de Paris à cause des liens historiques et culturels avec la capitale française. »
Au moyen de ses péripéties, le romancier présente la réalité des réfugiés et immigrants. Le livre apporte par exemple le problème des langues officielles dans une province comme le Manitoba.
L’auteur résume : « On encourage les Africains francophones à choisir cette destination pour contribuer à la francophonie de la province, mais lorsqu’on arrive on a l’impression que le français ne sert à rien. On ne peut pas avoir d’emploi sans parler anglais. Celui qui arrive seulement avec le français doit apprendre l’anglais. »
En plus du choc culturel, les nouveaux arrivants doivent aussi retourner aux études. « Même les professionnels sont réduits à zéro à leur arrivée et doivent reprendre une formation pour travailler au Canada », dénonce-t-il.
Du rêve parisien au froid des Prairies est la première publication d’un auteur d’origine africaine publiée aux Éditions de la nouvelle plume (ÉNP). Plus de renseignements sur le site web de la maison d’édition.
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