Les difficultés d’intégration des Africains dans la fransaskoisie
Mythe ou réalité?
Jean Nepo Murwanashyaka
Photo : Alexandra Drame
Alors que le gala africain, édition 2014, vient de s’achever, le bilan positif de l’évènement ne fait pas oublier le travail que fait tout au long de l’année la Communauté des Africains Francophones de la Saskatchewan (CAFS). Jean Nepo Murwanashyaka, son président, nous en dit plus sur l’association, mais surtout sur ses relations avec les autres organismes communautaires.
Pouvez-vous nous faire un bilan sur le gala africain qui vient d’avoir lieu samedi?
Nous sommes très satisfaits : nous avions un objectif d’au moins 300 personnes, qui a largement été atteint, puisque nous avons eu plus de 400 personnes. C’est une grosse activité qui demande beaucoup de travail à nos bénévoles, mais qui rassemble toute la communauté et beaucoup de personnes de la majorité. Nous avons même des personnes qui sont venues de Regina, Prince Albert, Humboldt, Moose Jaw, North Battleford. Nous sommes contents d’avoir pu inclure aussi les régions.
Comment expliquez-vous la mobilisation des Africains pour les activités de la CAFS, mais leur relative absence lors des activités des autres organismes fransaskois?
Trois problèmes se posent souvent : celui du transport, car on parle souvent de larges familles et c’est tout un défi pour les déplacer, le manque d’information, car les gens ne sont pas encore assez informés des enjeux de l’implication communautaire, et surtout, le problème de ressources financières.
Ces raisons peuvent s’appliquer aux nouveaux arrivants, mais qu’en est-il des personnes qui sont là depuis plusieurs années et qui ne participent toujours pas à la vie communautaire fransaskoise?
Il y a d’abord une phase d’intégration qui est nécessaire : au début on cherche à nourrir sa famille, trouver un travail, un toit... Il faut compter une dizaine d’années avant qu’une personne soit vraiment intégrée.
Que fait la CAFS pour inverser cette tendance?
Les informations de la communauté ne filtrent pas toujours auprès de tous les Africains. La CAFS travaille à ce que l’information communautaire soit diffusée à un plus grand nombre. Mais même mieux informés, certains ne se sentent pas encore concernés par la cause fransaskoise.
Est-ce que la division qu’il y avait avec l’ACF il y a deux ans fait partie du passé?
Au niveau des élus, disons que oui, des solutions ont été proposées. Mais elles sont toujours en voie d’application. Dans les faits, la situation n’est pas encore complètement résolue.
Certains objectifs des organismes fransaskois ne correspondent plus aux réalités actuelles de la communauté, et sont des fois mal comprises.
Certaines personnes disent se sentir exclues et éprouver des difficultés particulières à s’intégrer de par leurs origines. Selon, vous est-ce que cette exclusion existe?
Oui, on ne peut pas se cacher qu’il existe toujours des défis raciaux.
La CAFS a-t-elle un dispositif pour aider ses membres qui connaissent des difficultés d’intégration?
C’est justement la mission de la CAFS de faciliter l’intégration et lutter contre l’isolement de tous. C’est pour cela que nous avons mis en place le projet de jumelage entre familles fransaskoises et nouveaux arrivants. Nous organisons aussi des rassemblements lors du barbecue annuel, des brunchs dans les paroisses francophones, ou encore le gala culturel africain comme la semaine passée. Mais la CAFS continue à souffrir du manque de financement qui permettrait de mieux coordonner ses activités et mieux soutenir ses membres.
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