À la sauvegarde du patrimoine vivant
Le 17 novembre dernier, la Société historique de la Saskatchewan (SHS) a offert une formation sur la conservation du patrimoine vivant. L’enjeu : préserver les traditions ancestrales qui définissent l’identité des francophones au pays.
L’événement, proposé en formule hybride, était animé par Christine Bricault, du Conseil québécois du patrimoine vivant (CQPV), ethnologue et coordinatrice de la formation au CQPV.
« La stratégie est de s’appuyer sur la force et le leadership du Québec avec le CQPV pour trouver comment faire perdurer notre patrimoine vivant », avance Alexandre Chartier, directeur général de la Société historique de la Saskatchewan (SHS).
Du patrimoine palpable
Le patrimoine vivant se définit par les valeurs, les croyances et les modes de vie hérités des générations passées et utilisés pour comprendre le présent et bâtir l’avenir.
Sa sauvegarde est assurée par la documentation, la célébration, la transmission des connaissances et des compétences et l'adoption de pratiques et de processus durables.
« Les participants ont beaucoup parlé de la pêche sur glace, de la chasse, du tressage de blé, ces choses que l’on retrouve dans les communautés et qui devraient faire partie du patrimoine vivant », rapporte le directeur.
Les participants ont également été encouragés à faire ressortir le patrimoine vivant qui s’est perdu avec le temps.
« Il faut le retrouver par des archives, du matériel audiovisuel ou des pratiques ancestrales dont certaines personnes se souviennent », commente Alexandre Chartier.
Parfois, le patrimoine vivant peut sembler inusité. « Nous avons tous rigolé quand nous avons parlé de la chasse aux gophers, relate le porte-parole. Jusqu’au tout début du siècle, il y avait des enfants qui recevaient des médailles lorsqu’ils allaient à la chasse avec leur petite carabine. Bien sûr, à la base, c’était pour éviter que les gophers fassent des trous dans les champs. »
Du patrimoine varié et multiple
Le patrimoine vivant ne réside pas seulement dans les savoir-faire, mais aussi dans les rassemblements sociaux.
« Nous avons parlé de la Fête des moissons qui est très présente dans les milieux ruraux, des épluchettes de blé d’Inde, du carnaval d’hiver et de la fête de Sainte-Catherine qui était très populaire autrefois et qui s’est perdue », précise Alexandre Chartier.
Toujours selon le passionné, la fransaskoisie regorge d’exemples de patrimoine vivant. « Bien sûr, il y a la ceinture fléchée, le drapeau et le nom fransaskois lui-même. Nous avons aussi parlé du suif qui a été très populaire dans les communautés, qui est en fait de la graisse animale qu’on utilisait pour des pommades. »
Et les langues ?
Une table ronde entre divers acteurs clés de la communauté a eu lieu au terme de la rencontre. Nima Spaniel, directrice de l’Association canadienne-française de la Trinité, en faisait partie.
La participante s’est penchée sur la question des langues : « Est-ce que les langues sont considérées comme du patrimoine vivant ? »
Selon l’animatrice Christine Bricault, l’UNESCO ne considère pas encore officiellement les langues comme patrimoine vivant, mais les discussions sont ouvertes.
Éric Lefol, directeur général de Vitalité 55+ et autre participant à la table ronde, a renchéri : « En Saskatchewan, nous avons des accents francophones locaux très intéressants, comment les préserver autrement que par des entrevues et des enregistrements ? »
Quelle vision pour le patrimoine vivant fransaskois ? « Une personne a exprimé le souhait de voir naître un Conseil du patrimoine vivant français. Ça démontre l’intérêt et l’importance pour certaines personnes de mettre en valeur notre héritage », souligne le directeur de la SHS.
Pour le moment, il s’agira de multiplier les occasions de partage autour des traditions francophones, un travail facilité par les organismes qui composent la francophonie.
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