ACFR : vers un nom plus inclusif ?
Assemblée générale extraordinaire de l'ACFR
Lors de l’assemblée générale extraordinaire, en mai, 2019 les membres de l’ACFR ont évoqué la volonté de changer le nom de l’organisme
Photo : Erik Tremblay (2019)
L’Association canadienne-française de Regina (ACFR) pourrait changer de nom d’ici l’automne. Via un sondage en ligne diffusé depuis le 26 mai, les membres de la communauté sont invités à donner leur avis : le terme « canadien-français » doit-il disparaître, jugé trop peu inclusif et archaïque ?
« Association communautaire francophone de Regina », « Association communautaire fransaskoise de Regina », « Association francophone de Regina » ou encore, plus original, « Vie francophone Regina » figurent parmi les propositions de nouveau nom.
Le terme « canadien-français » disparaîtrait ainsi pour lui substituer les termes « francophone » ou « fransaskois ». Un Fransaskois, décrit l’ACFR dans son communiqué, est une personne « qui a habité ou qui habite en Saskatchewan et qui choisit d’y vivre une partie de sa vie en français, peu importe sa langue maternelle ou ses origines ».
D’après Elma Bos, directrice générale de l’ACFR, le sondage répond à une attente de la communauté. « Changer de nom fait partie des choses évoquées par les membres lors de l’AGA [assemblée générale annuelle]. C’est un murmure au sein de la communauté depuis de nombreuses années », observe-t-elle.
S’adapter à une nouvelle réalité
L’organisme a adopté son nom actuel en 1970, une époque bien différente, souligne sa directrice actuelle. « L’ACFR des débuts n’est plus la même qu’aujourd’hui. Beaucoup de personnes impliquées ne s’y retrouvent pas », rapporte-t-elle.
Ce sentiment est particulièrement présent au sein des populations francophones immigrantes. Originaire de France, Elma Bos elle-même reconnaît s’identifier plus facilement au terme « francophone » que « canadien-français » ou même « fransaskois ». « C’est plus inclusif », résume-t-elle.
Céline Moukoumi, présidente de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS), souligne que « lorsque l’ACFR a choisi son nom, il y avait peu de diversité culturelle en Saskatchewan ». Ravie que l’ACFR consulte ses membres sur ce sujet, la porte-parole ajoute que « le choix d’un nom pour un organisme n’est jamais anodin et doit permettre à la majorité de ses membres de pouvoir s’y identifier ». La CAFS avait d’ailleurs elle aussi changé de nom en 2011 pour s’élargir à toute la Saskatchewan.
Au-delà des apparences
Pour Jean Népo Murwanashyaka, membre de la communauté fransaskoise de Regina et ancien président de la CAFS, le changement de nom n’est pas la panacée. « SI on veut changer de nom, c’est qu’il y a un problème. Il faut d’abord s’attaquer aux racines de ce problème avant de changer de nom. Si c’est changer de nom pour changer de nom, où est la plus-value ? »
Selon le Réginois qui a assisté à plusieurs AGA de l’ACFR, la livraison des services est une priorité. « Il faut avant tout s’assurer que les membres reçoivent un bon service à Regina. Est-ce que le changement de nom va changer quelque chose ? », questionne-t-il.
À titre personnel, Jean Népo Murwanashyaka n’est pas dérangé par le terme « canadien-français ». « Pour moi, c’est un faux débat. Le nom n’est pas un problème. Le vrai problème se trouve dans la livraison de services », insiste-t-il. D’autant plus qu’un changement de nom aurait « des implications légales, administratives, financières et matérielles », dit-il.
À cet égard, la directrice de l’ACFR préfèrerait opter pour un nouveau nom qui conserve l’acronyme ACFR afin de minimiser les complications. « Ce serait vraiment bénéfique sur plusieurs plans. Se faire reconnaître n’est pas simple, qui plus est auprès de la majorité. Beaucoup d’efforts ont été faits pour faire connaître le nom d’ACFR. »
Les résultats du sondage, conçu par le Comité de révision des statuts et règlements de l'ACFR, seront présentés au conseil d’administration qui émettra des propositions. Les membres décideront ensuite lors de l’assemblée générale annuelle prévue pour l’automne en prenant part à un vote. « C’est surtout en AGA qu’on aura le ressenti », songe Elma Bos.
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