Estelle Bonetto et quelques Fragments d'identité
Morceaux choisis : une exposition d’Estelle Bonetto
Estelle Bonetto et quelques Fragments d'identité
Estelle Bonetto
Photo: Gracieuseté
REGINA -
C’est dans le cadre du Cathedral Village Arts Festivals qu’Estelle Bonetto, poète et artiste d’origine française, a choisi de montrer une sélection d’œuvres. Le public a ainsi pu admirer mais aussi toucher certains éléments de la série originale intitulée
Fragments d’Identité, présentée au 13th Avenue Food and Coffee House, du 22 au 27 mai 2017. Voir et toucher en effet puisque le travail plastique d’Estelle Bonetto consiste en une série de 60 bouteilles de verre, porteuses d’images, de textes poétiques et de matériaux organiques propres à faire surgir en archipel les multiples facettes du Soi.
Cette exposition s’intitule Fragments d’Identité. Fragments est au pluriel et identité, au singulier : quelle est cette identité singulière que vous dévoilez ici ?
Ces fragments sont en fait des épisodes, en rapport avec des morceaux de mon parcours, des fragments de mon identité. Pour moi l’identité est un tout, et à l’intérieur de cette identité, il y a toutes sortes de fragments qui changent avec le temps et constituent au fil des ans une fresque.
Pourquoi choisir des bouteilles pour représenter cette fragmentation ?
J’ai essayé beaucoup de formats dans mon travail exploratoire puisque cela fait dix ans que je travaille sur ce concept. Il a finalement abouti l’année dernière lorsque j’ai trouvé une bouteille de vin. Il y a certainement aussi une référence au message, comme une bouteille que l’on met à l’eau qui s’en va quelque part et que quelqu’un trouve à un moment donné. Les bouteilles sont aussi conçues par épisode et chaque épisode a été l’occasion d’écrire six poèmes, qui accompagnent les photographies.
Comment définiriez-vous ces épisodes ?
Il s’agit en fait d’un thème. Dans Fragments d’Identité, il y avait six épisodes, comme par exemple l’agriculture, le pain, les marchés, la danse et le mouvement, la fleur de l’âge, autant de réalités qui participent à la construction de mon identité et qui m’inspirent en tant qu’artiste.
Quand on regarde les bouteilles, l’œil s’arrête au verre de la bouteille et la transparence qu’il offre, mais aussi les distorsions qu’il crée. Pourtant, il y a dans votre travail un autre matériau d’autant plus intéressant que vous écrivez : le papier. Quelle place occupe-t-il ?
Je savais que je voulais remplir les bouteilles d’éléments liquides, libres, alors ça s’est imposé d’utiliser le papier photo laminé à l’intérieur, pour sa résistance, sa solidité. Les poèmes, quant à eux, sont destinés à être lus: c’est donc tout naturellement qu’ils devaient s’afficher sur les étiquettes, comme une étiquette de bouteille de vin. J’ai d’ailleurs intégré dans l’exposition une loupe qui en facilite la lecture mais qui peut aussi être détournée pour observer le contenu de la bouteille, les détails des photographies, le jeu des matériaux dans la lumière.
Comment envisagez-vous la conservation de ces œuvres ?
Quand j’ai débuté ce projet, je n’avais pas l’intention de les conserver, c’était quelque chose d’éphémère. Je ne cherche pas à m’en départir nécessairement, mais je ne cherche pas à les garder non plus. Le thème majeur de cette exposition, c’est l’identité, c’est donc quelque chose qui fluctue, qui change. Tout ce qui est à l’intérieur des bouteilles est donc amené à évoluer, à se détériorer.
Si la bouteille en tant qu’objet est amenée à disparaître –certaines ont même explosé en raison de la fermentation des matériaux, quel est le destin des poèmes qui les accompagnent ? Avez-vous des projets de publication ?
Oui, je suis en train de préparer un manuscrit à soumettre au comité de lecture des Éditions de la nouvelle plume. J’y reprends les épisodes que j’avais établis au départ en ajoutant quelques poèmes. Ce serait un recueil de ce que j’ai composé, incluant aussi les photos de l’exposition, donnant ainsi une deuxième vie à ces fragments, réinventés dans un autre format : le livre.
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Marie Galophe
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