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La Cueca Sola : la résistance chilienne portée à l’écran

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La Cueca Sola est un documentaire poignant sur le coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili qui a placé au pouvoir le dictateur Pinochet pendant près de 17 ans. Le film est sorti en 2003, année qui a marqué les 30 ans de commémoration de cette période historique tragique pour l’histoire du pays. Le Mois du patrimoine latino-américain, en octobre, est une bonne occasion de le (re)voir.

En bon documentaire, le film retrace les événements chronologiques de la dictature, offre des témoignages et des vidéos d’archives d’époque. Il raconte la vie de cinq femmes au destin écorché par la dictature qui deviendront des héroïnes de la démocratie de par leur engagement politique, civique ou encore artistique. 

La réalisatrice Marilu Mallet bouscule les codes du genre en insérant des séquences chorégraphiées en noir et blanc de trois danseuses contemporaines agitant des chemises blanches symbolisant ces pères et ces frères assassinés pendant la dictature.

Un peu comme les Trois Grâces de la mythologie gréco-romaine, ces danseuses sont porteuses d’une fragilité et d’une force féminines, presque mystiques et poétiques, faisant appel aux émotions du spectateur.

La sensibilité scénaristique est doublement marquée par la découverte des quartiers chiliens dans lesquels la réalisatrice n’avait pas mis les pieds depuis 30 ans, elle-même en exil depuis l’accession de Pinochet au pouvoir.

« Dónde están, où sont-ils ? », demandent les silhouettes dansantes. Dans un sursaut de douleur, les épouses, sœurs et filles chiliennes réclament justice tout en continuant de danser la cueca devenue maintenant sola.

Peu important le pays qui tombe sous les mains d’une dictature, les récits des citoyens vivant sous l’occupation sont similaires et poignants.

C’est le cas avec le récit de l’une de ces femmes, une Belge de naissance mais chilienne de cœur, qui retrace ses souvenirs d’enfance et la joie de l’adolescence, puis évoque le souvenir de la fuite, de la torture et du viol.

Des témoignages familiaux comme celui d’Isabel Allende, fille du président Salvador Allende, nous décrivent les derniers moments de l’homme d’État avant qu’il ne soit renversé, puis décapité.

Le film n’est pas un film féministe, il est un regard féminin sur les atrocités du passé. C’est un hommage au courage de ces femmes qui continuaient de danser la cueca durant des rassemblements. Une danse devenue symbole d’une résistance et d’un passé sanglant.

 Le film est disponible sur la plateforme de l’Office national du film (ONF) à l’occasion du Mois du patrimoine latino-américain.

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