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L'Apostrohe, chronique de Frédéric Dupré

Vivre le ramadan en fransaskoisie

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Madina (à gauche), originaire de la Gambie, et Farida, originaire de l’Algérie

Madina (à gauche), originaire de la Gambie, et Farida, originaire de l’Algérie

Photo : Nicolas Roussy (2018)
REGINA - Pour les membres de la communauté fransaskoise de confession musulmane, les semaines qui viennent revêtent une signification toute particulière. Du 15 mai au 14 juin, c’est le mois de Ramadan pendant lequel les musulmans doivent s’abstenir de manger et boire entre le lever et le coucher du soleil. Ce jeûne est l’un des cinq piliers de l’Islam et peut être considéré comme un acte spirituel qui rapproche les pratiquants de Dieu. Les dates du ramadan varient d’une année à l’autre puisque le calendrier musulman est basé sur les cycles de la lune et non celui du soleil.

Afin de découvrir comment se vit ce rituel en Saskatchewan, l’Eau vive a rencontré deux musulmanes de Regina : Farida, qui est originaire de l’Algérie et qui habite la Saskatchewan depuis deux ans et Madina, qui est native de la Gambie et qui est dans la province depuis cinq ans.

EV : Comment se prépare-t-on pour le ramadan ?
Farida : Les préparatifs sont d’ordre spirituel. Durant le ramadan, on doit lire le Coran. Pour ma part, je me fais un calendrier pour lire les oracles pendant les prières de Tarawih. (NDLR : la prière de Tarawih est la prière quotidienne du soir exécutée pendant le jeûne du ramadan et au cours de laquelle une partie du Coran est récitée). Au-delà de l’aspect privatif, c’est la connexion spirituelle avec le créateur qui est importante. Dans notre pays d’origine, l’Algérie, les préparatifs se font de façon matérielle. Vous nettoyez votre maison, achetez de la nouvelle vaisselle. Le ramadan c’est comme un invité que vous accueillez.

EV : Quelles différences voyez-vous entre la pratique du ramadan en Saskatchewan et dans votre pays d’origine ?
Farida : Ici, nous ne sommes pas très nombreux. On ne sent pas le ramadan dans le quotidien comme chez nous. J’essaie au maximum d’appliquer comment on doit être pendant ce mois. Ce n’est pas toujours évident quand vous voyez votre collègue en train de manger et de boire et que tout est ouvert.

Madina : En Gambie, il y a plus de monde. On a l’habitude de faire ça en groupe. Ici, les gens n’ont pas le temps d’aller à la mosquée pour faire la prière parce qu’ils travaillent avec des horaires différents. Ici, pour cette année, nous jeûnons plus longtemps que dans mon pays, car les heures de clarté sont plus longues que chez nous (entre le lever et le coucher du soleil).

EV : Sentez-vous une ouverture chez les Canadiens qui sont d’une autre religion ?
Farida : J’ai été agréablement surprise. Les gens nous respectent et sont compréhensifs. L’année dernière, mon chef hiérarchique m’avait proposé de quitter le travail plus tôt. Il m’avait dit « puisque tu jeûnes, tu peux rentrer chez toi. » Le peuple canadien est très ouvert aux autres cultures.

Madina : Les Fransaskois et les Canadiens sont compréhensifs, ce que j’apprécie beaucoup.

EV : Comment se termine cette période ?
Farida : Dans mon pays, lorsque le ramadan se termine, c’est une fête. Après la prière du soir, vous rentrez chez vous et vous commencez à visiter les membres de votre famille proche : père, mère, frère et sœur. Vous leur demandez pardon et leur faites la bise. Ça s’étale sur deux jours. Vous visitez ensuite les amis. Vous préparez des gâteaux et vous faites le tour. C’est la partie la plus importante. On sort nos plus beaux vêtements et c’est la fête. Ici, ce n’est pas tout à fait pareil, dans le sens où si la fin du ramadan tombe un jour de semaine, les gens doivent aller travailler.

Madina : Le ramadan, c’est le mois du pardon. À la fin tu vas voir ta famille et tes amis pour leur demander pardon. Ça se fait même entre mari et femme.

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