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L'Apostrohe, chronique de Frédéric Dupré

Regard bienveillant d’un aumônier au pénitencier de Prince Albert

Être un homme de foi en milieu carcéral

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Charles Kahumbu, aumônier au pénitencier fédéral de Prince Albert

Charles Kahumbu, aumônier au pénitencier fédéral de Prince Albert

Prince Albert, petite ville du Nord, accueille le pénitencier fédéral de la Saskatchewan. Ce pénitencier propose 3 niveaux de sécurité : maximale, moyenne et minimale.

C’est dans ce dernier niveau qu’œuvre le révérend Charles Kahumbu, aumônier fédéral depuis 2014 à Prince Albert. D’origine congolaise, arrivé au Canada en 1995, le révérend Charles a poursuivi ses études de théologie à l’Université St-Paul à Ottawa, puis au séminaire presbytérien de l’Université McGill à Montréal et en justice réparatrice à l’Université Queens à Kingston.

Après différentes expériences professionnelles au Manitoba, Charles est devenu aumônier au Pénitencier de la Saskatchewan.

Pour postuler pour un emploi d’aumônier fédéral, il faut avoir fait tout son cursus universitaire en théologie et avoir pris un cours en justice réparatrice. Puis, il faut avoir exercé 2-3 ans et obtenir une lettre de recommandation de son diocèse. Il y a un grand nombre d’étapes à franchir avant même de pouvoir présenter sa candidature. Enfin, il faut s’informer sur les places vacantes dans les différentes provinces du Canada. Le processus de recrutement peut s’avérer fastidieux.

Le rôle de l’aumônier intervenant dans un pénitencier est particulier. Ses tâches sont aussi multiples qu’inattendues, voire essentielles.

« Nous sommes 4 aumôniers de confessions catholique, protestante et musulmane. Nous travaillons ensemble afin de permettre aux détenus incarcérés au niveau de sécurité minimale de préparer leur sortie. » Les détenus à ce niveau se situent dans une place de transition. Les aumôniers les accompagnent alors vers leur réhabilitation : « Nous aidons les prisonniers à créer des connexions avec la communauté. Ces connexions sont essentielles pour leur donner envie de réintégrer une société qui ne leur fermera pas les portes. »

C’est ainsi qu’on offre différentes formations professionnelles telles que la mécanique (très populaire auprès des détenus). La plupart de ces cours aboutissent à une certification qui permettra aux prisonniers de se réinsérer plus facilement. Quand leur peine touche à sa fin, ils ont la possibilité d’effectuer un stage en entreprise qui peut parfois déboucher sur un emploi à leur sortie.

Les aumôniers de prison ont un rôle d’accompagnateur, mais aussi de gestionnaire de conflit entre les détenus : « Nous avons une approche réparatrice pour traiter et répondre aux dommages causés par le comportement criminel ».

Leurs horaires de travail sont relativement flexibles. Ils travaillent majoritairement durant les jours de semaine, mais il se peut parfois qu’ils accompagnent un détenu à un office religieux durant la fin de semaine ou qu'ils célèbrent leur mariage.

Le révérend Charles est bilingue, mais il n’utilise que très peu la langue française. « J’ai eu la certification pour enseigner le français aux employés fédéraux. Cela peut s’avérer nécessaire de maîtriser les 2 langues officielles. Mais je n’ai à ce jour que très peu utilisé le français auprès des détenus. »

Il estime à environ 90% la population carcérale issue des Premières nations. La majorité est de confession catholique ou protestante.

D’ailleurs, l’Église anglicane est présente au sein de la prison par le biais d’ouverture d’écoles professionnelles.

Bien que ce pénitencier soit une institution hautement surveillée et que les contacts extérieurs sont rares, les aumôniers gardent une foi implacable en la possibilité du repenti des prisonniers.

Ainsi se situe leur leitmotiv pour continuer à avancer avec eux et croire en leur avenir : « Toute personne a la capacité de changer son avenir », de conclure le révérend Charles.

 

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