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L'Apostrohe, chronique de Frédéric Dupré

(Re) Conciliation ?

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Enfin, la rapport accablant de la Commission de vérité et réconciliation du Canada a été déposé. Les faits exposés dans ce rapport sont graves et les conséquences sociales dramatiques. Le gouvernement du Canada a bel et bien, pendant près d’un siècle, mis en œuvre des politiques et des interventions pour anéantir les peuples autochtones du pays. Des politiques génocidaires, disent plusieurs, qui, à bien des égards, ont atteint leurs objectifs. Aujourd’hui, les peuples autochtones du pays et particulièrement dans l’Ouest canadien subissent toujours les effets dévastateurs de gestes délibérés pour tuer la culture, l’âme de ces premiers peuples d’Amérique.

En s’attaquant aux enfants, le gouvernement, en complicité avec l’Église, envisageait de détruite des générations d’autochtones et en quelque sorte anéantir tout espoir de survivance pour ces peuples. Les faits sont maintenant connus et les conséquences toujours sévères. Les écarts sociaux et en santé publique entre la majorité des Canadiens et les Autochtones sont un scandale sans nom. Bien des individus qui ont traversé ces tortures ne s’en remettront jamais. Un peuple avec une culture riche et inclusive a été mis au ban de la société, opprimé et considéré comme une sous-race. Voilà le constat. Maintenant, pouvons-nous réparer le passé? Non! Pouvons-nous changer l’avenir? Peut-être!

Mais avant tout, la prémisse de la réconciliation doit être questionnée sérieusement. La réconciliation suppose qu’à un moment donné il existait une bonne entente entre deux parties.  Or, entre la majorité européenne et les peuples autochtones, cette bonne entente n'a à peu près jamais existé. Pendant près de quatre siècles de contacts, ni les anglophones, ni les Canadiens-français d’ailleurs, n’ont considéré les autochtones comme des égaux avec qui il existait une entente et un respect mutuel.

Certes, bien des coureurs des bois et quelques chefs français, comme Champlain, ont su engager des relations sincères et respectueuses avec les Autochtones. L’émergence du peuple Métis représente certainement aussi une forme de conciliation, grâce au mariage avec les premiers peuples. Toutefois, les Métis ont fini aussi au ban de la société, dans les écoles résidentielles ou encore bannis de leurs terres par les autorités canadiennes. Bref, il n'y a jamais eu de conciliation entre le gouvernement canadien et les peuples autochtones, et les traités ont été peu respectés.

Ainsi, ne parlons pas de ré-conciliation, mais bien d’entamer un processus de conciliation et de dialogue pour trouver une entente qui soit prometteuse d’un vivre-ensemble qui respecte et célèbre nos cultures et modes de vie réciproques. La conciliation ne peut pas faire fi de la mémoire des atrocités du passé. Ce processus se fera sur des générations, peut-être grâce à l'éducation des plus jeunes, mais il doit d’abord exister une réelle volonté d’entrer en dialogue, de part et d’autre. Une volonté de réparer, tant que cela se peut, les saccages du passé, une volonté sincère de reconnaître la valeur de l’autre, une réelle volonté de solidarité et de compassion envers ce peuple déchiré.

Il y a beaucoup d’idéalisme dans cette vision certes. Toutefois, il demeure essentiel de rêver mieux notre place, comme descendants de colonisateurs européens, sur les terres des premiers peuples, ces peuples qui possèdent une sagesse certaine, des connaissances fabuleuses et surtout le plus grand respect pour la Terre qui nous héberge. C’est la responsabilité du gouvernement canadien de tenter de panser les plaies et de soutenir les enfants autochtones d'aujourd'hui dans leur développement, comme de veiller à réduire les inégalités sociales scandaleuses qui séparent nos peuples.

Mais c'est aussi à chacun de nous de respecter et d'honorer les souffrances de nos frères que nos ancêtres ont sauvagement torturés et opprimés. Allons-nous perpétuer le racisme d'antan ou trouver une voie vers la conciliation et la fraternité?

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