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L'Apostrohe, chronique de Frédéric Dupré

Les artistes apprennent à gérer le stress de façon créative

La fransaskoisie aux petits soins pour ses artistes

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En ce temps de COVID-19 où le virus remplit toutes les toiles et les partitions, comment les artistes gèrent-ils la situation ? Via un atelier en ligne le 21 mai, le Conseil culturel fransaskois (CCF), en partenariat avec le Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS), s’est penché au chevet des artistes de la province.

« Nous souhaitons donner l’occasion à tous ceux qui le désirent de parler de leurs défis et aussi de leurs bons coups, de leurs belles initiatives et de leurs projets à venir. Nous écoutons les artistes pour définir quels projets nous pouvons développer, pour eux et avec eux », explique Aurélie Labrière, coordinatrice de projets au CCF.

L’initiative virtuelle, qui a rassemblé 13 participants, était animée par Sylvie Rochette, une artiste visuelle du Québec, consultante et formatrice dans le domaine culturel.

Avec cet atelier, l’animatrice a pu aborder des thèmes qui lui tiennent à cœur comme le parcours artistique, la nature de la création et la façon dont elle se manifeste et se nourrit. « Je ne suis pas une professionnelle de la santé, mais je connais les artistes et les démarches de création artistique », souligne-t-elle.

Des artistes stressés

La pandémie affecte toute la planète et toutes les facettes de la vie. Alors que beaucoup de citoyens se sentent privés de leurs libertés par les mesures restrictives du confinement, la recherche du sens de la vie devient de plus en plus pertinente. « Je pense que nous jouissons toujours des mêmes libertés mais nous nous sommes juste responsabilisés et conscientisés. Nous avons dû prendre notre place pour soi et pour la collectivité », avance Sylvie Rochette.

Face aux projets qui tombent à l’eau et à l’incertitude générale, le CCF a donc proposé des outils de désamorçage du stress et de l’anxiété, sources de dépression et de mise à l’arrêt du processus créatif. « Nous sommes à leur écoute », résume Aurélie Labrière, qui organise régulièrement des suivis et des discussions de groupe avec les artistes. « Nous espérons que ces discussions permettent de briser un peu l’isolement. »

Pour faire rempart contre le stress, il faut avant tout le comprendre, insiste Sylvie Rochette : « Le stress est un ensemble de réactions de notre organisme à une situation menaçante. La gestion de ce stress doit se faire de façon individuelle, tout dépend de la caractéristique de la personne et des agents de stress. La ligne commune résidera dans l’action. »

À ce stress s’ajoute l’anxiété, une émotion nourrie par l’appréhension d’un stimulus ou par la réflexion sur ce qui aurait pu se passer face à une réelle menace. L’artiste et consultante évoque ici ses conséquences avec l’apparition de maladies, et la dégradation de l’état émotionnel, comportemental et cognitif.

Retrouver l’inspiration

La créativité est avant tout un état d’esprit selon Sylvie Rochette, soit « la conscience de la générosité de la vie ». Les arts vivants se réinventent depuis toujours et le faire par internet n’est pas évident pour tout le monde.

Pour y parvenir, Sylvie Rochette évoque de nombreux artistes comme Amedeo Modigliani pour qui le devoir réel est de sauver son rêve. Un message fort a ainsi été envoyé aux artistes fransaskois : l’art est un outil puissant pour aller au-delà du monde visible. D’où l’importance de trouver les mots et les actes qui mènent à ce rêve.

En ces temps incertains, les artistes doivent accepter les pages et toiles blanches,  soit l’aptitude à tolérer le doute. Selon les principes de Léonard de Vinci rapportés par Sylvie Rochette, cet apprentissage nécessite de passer par sept étapes : la curiosité, l’expérimentation, les sensations, l’ambiguïté, l’équilibre entre la science et l’art, l’équilibre entre le corps et l’esprit et, enfin, l’harmonisation entre le cœur et le corps.

C’est cette sensibilité qu’essaye d’adopter Anne Brochu-Lambert, artiste visuelle de Regina, participante à l’atelier : « À force de patience, je retrouve le plaisir de créer, sans pression d’échéanciers. Je case tout sous l’étiquette “études”. J’investis du temps dans un blogue bilingue mensuel et j’avance sur le plan administratif. Et je suis peut-être un peu plus philosophe face aux accomplissements du jour. Comme disait mon père : petit train va loin ! »

Regagner la confiance du public  

Une restructuration de l’industrie culturelle est en cours. Les modes de production artistique pourraient bien changer dans le monde de demain. « Les mesures sanitaires vont rester pendant longtemps, on ne sait pas ce que ça va donner, alors il va falloir s’adapter pour continuer de créer […] Des mécanismes économiques vont devoir se mettre en place et il va falloir rebâtir une relation avec le public », analyse Sylvie Rochette.

Afin de respecter les normes sanitaires évolutives de la COVID-19, les artistes doivent se tenir informés le plus régulièrement possible et rester en contact avec les associations professionnelles ou organismes communautaires comme le CCF et le RSFS.

Quatre étapes pour apprendre à gérer son stress
  1. Écouter son corps et son psychisme pour anticiper les effets nocifs du stress.
  2. Reconnaître les agents stressants qui nous entourent.
  3. Comprendre ses réactions face aux agents stressants – CINE (C pour contrôle, I pour imprévisibilité; N pour nouveauté et E pour égo).
  4. Trouver une activité mentale ou physique « canalisatrice de stress » correspondant à chaque agent CINE.
Exercice thérapeutique pour évaluer son stress, tiré de l’art-thérapie somatique de Johanne Hamel
  1. Tracer le contour de son corps grandeur nature
  2. Dessiner à l’intérieur du corps les sensations qui s’en dégagent
  3. Observer et, au besoin, redessiner plus gros la ou les parties les plus souffrantes

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