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FRANCOPRESSE – La Société Radio-Canada affirme qu’elle tiendra compte de la francophonie canadienne dans sa présentation de la soirée électorale, le 20 septembre. En 2019, le diffuseur public avait fait l’objet de nombreuses critiques au lendemain de l’émission spéciale télévisée du 21 octobre pour sa couverture démesurée des circonscriptions québécoises, laissant les Franco-Canadiens dans le noir.
La Société Radio-Canada affirme qu’elle tiendra compte de la francophonie canadienne dans sa présentation de la soirée électorale, le 20 septembre.
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Le 22 octobre 2019, le lendemain des élections fédérales, la citoyenne d’Ottawa Aude Rahmani a déposé une plainte à l’ombudsman de Radio-Canada, dénonçant «le parti pris éditorial ʺquébécocentristeʺ affiché» pendant l’émission spéciale sur les élections fédérales.
Elle affirmait, en tant que Franco-Ontarienne, avoir été mal informée sur les résultats dans sa province lors de la soirée électorale.
Les choix éditoriaux de cette émission spéciale ont aussi été relevés dans un mémoire de la Société nationale de l’Acadie (SNA) présenté au CRTC dans le cadre du renouvèlement de licence du diffuseur public.
«Alors que les résultats des boites de scrutin de l’Atlantique entraient peu à peu, il n’y avait que des entrevues avec des candidats québécois qui étaient présentées, malgré que des journalistes de la SRC étaient postés à l’Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador et auraient pu être sollicités à l’antenne», peut-on lire dans le document.
«On n’a pas été assez présents»
La directrice générale de l’information à Radio-Canada, Luce Julien, affirme considérer les insatisfactions des francophones quant à la couverture des élections de 2019 dans la préparation de l’émission spéciale du 20 septembre.
Crédit : Courtoisie
Dans sa révision du 4 décembre 2019, l’ombudsman de Radio-Canada, Guy Gendron, conclut que «l’émission spéciale de la soirée électorale fédérale, présentée le 21 octobre 2019 sur les ondes d’ICI Radio-Canada Télé, aurait pu mieux servir le mandat du diffuseur public qui lui demande de refléter la diversité et de présenter des informations pertinentes à tous les citoyens».
Presque deux ans plus tard, la directrice générale de l’information à Radio-Canada, Luce Julien, adhère toujours à la conclusion de l’ombudsman.
«Je suis d’accord qu’on n’a pas été assez présents. Là-dessus, je suis d’accord. Pas assez présents en Atlantique. Par contre, c’est faux de dire qu’on n’a rien fait parce qu’on a interviewé vraiment beaucoup de personnes. Cela dit, je suis consciente qu’on va nous regarder beaucoup», dit-elle en faisant référence à l’émission spéciale prévue le soir du 20 septembre.
Luce Julien précise que des reporters seront déployés dans toutes les régions du pays pour assurer une couverture juste du déroulement de la soirée au fur et à mesure que les résultats seront annoncés. Elle tient toutefois à préciser que, malgré toute la préparation, une soirée électorale présente plusieurs incertitudes.
Une caricature de Bado effectuée à la suite des élections de 2019.
Crédit : Bado - Archives Francopresse
«L’histoire se bâtit au fur et à mesure de la soirée. L’histoire qu’on a à raconter ; est-ce que c’est en Ontario que ça se joue plus en ce moment de savoir si ça va être un gouvernement minoritaire, majoritaire? Est-ce que c’est au Québec que ça se joue? Je sais que les gens voudraient qu’on parle de la même façon de toutes les provinces dans une soirée électorale, mais ce n’est pas nécessairement toujours possible», indique-t-elle.
Pour l’émission télévisée du 20 septembre, Radio-Canada prévoit déployer des journalistes dans toutes les régions du pays. Ils seront appelés à faire soit des comptes rendus de la situation ou des entrevues avec les candidats dans leur circonscription.
«Les soirées électorales, on essaie qu’il y ait plus d’émotions, d’une certaine façon. De plus raconter une histoire que de juste être en mode résultats», précise Luce Julien.
Elle insiste sur le fait que la façon de préparer une soirée électorale a grandement évolué au cours des dernières années avec l’apparition de divers outils technologiques : «On sait qu’il y a beaucoup de citoyens qui regardent l’émission, qui regardent aussi les résultats sur leur ordinateur.»
Cela amène le diffuseur à développer un concept d’émission au cours duquel ils présentent moins de résultats et plus d’analyse, ajoute-t-elle.
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« Si la tendance se maintient »
Le premier directeur aux projets spéciaux à Radio-Canada, Frédéric Vanasse, travaille au Bureau de décision avec une équipe de 18 journalistes de CBC et de Radio-Canada qui déclareront les vainqueurs et les perdants des élections.
Crédit : Courtoisie
En coulisses de l’émission spéciale, une équipe de 18 journalistes de CBC et de Radio-Canada analysera les résultats au fur et à mesure que les boites de scrutin seront dépouillées afin de déterminer les candidats gagnants.
En prévision du jour des élections, le groupe de travail collige présentement des informations provenant entre autres de sondages, mais aussi directement des partis politiques sur les prévisions de gains ou de défaite des candidats, précise Frédéric Vanasse, premier directeur aux projets spéciaux à Radio-Canada.
«On donne trois codes aux circonscriptions. Une circonscription que l’on considère assurée pour un parti, une circonscription où on pense que ça va être serré, puis une circonscription où on ne sait pas ; un coup de dés.»
Même si les données sont traitées par ordinateur, Frédéric Vanasse précise que «ce sont des êtres humains qui prennent les décisions au fur et à mesure que les résultats entrent».
«On va regarder si les résultats ont été constants pendant la soirée. Par exemple, si monsieur Trudeau a toujours été en avance […] notre décision va se prendre assez rapidement, surtout si on n’entend pas dire qu’il y a eu des problèmes dans un bureau de scrutin ou qu’il y a eu énormément de votes postaux», illustre le premier directeur aux projets spéciaux.
Frédéric Vanasse explique que depuis plusieurs élections, Radio-Canada fait deux prévisions importantes en utilisant la phrase consacrée «si la tendance se maintient» : «Une pour le gouvernement majoritaire ou minoritaire, et ensuite pour la couleur du gouvernement.»
En raison de la pandémie, Élections Canada a reçu un nombre plus élevé qu’à l’habitude de votes par la poste qui seront comptabilisés à partir du 22 septembre. Comme le nombre de bulletins postaux n’est pas aussi élevé que les estimations initiales d’Élections Canada, Frédéric Vanasse ne croit pas que le déroulement de la soirée électorale en sera affecté.
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La soirée électorale de Radio-Canada sera présentée sur RDI, à la télévision de Radio-Canada et sur le Web.