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Un regard intime sur Madame Butterfly à l'Opéra de Saskatoon

Vue des coulisses

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Balises

La préparation de Madame Butterfly au Saskatoon Opera

La préparation de Madame Butterfly au Saskatoon Opera

Tim Cardinal, le directeur technique de Madame Butterfly, joue du pinceau.
Photo: Jean-Marie Michaud (2015)

Chez plusieurs d’entre nous, le mot « opéra » à lui seul fait frémir. Les envolées lyriques nous font trembler, avec raison d’ailleurs. Les murs de la loge de la soprano Michele Capalbo, dans le rôle titre de Madame Butterfly, vibrent quant elle réchauffe sa voix. D’ailleurs, la puissance et la richesse de sa voix font vibrer de l’intérieur toute personne dans les parages de ses envolées.

C’est un des délices des coulisses de l’opéra auxquel je vous convie aujourd’hui pour un survol rapide avec Saskatoon Opera de notre production de Madame Butterfly de Puccini. 

Il faut se lever tôt

Pour produire un opéra, ça prend une ruche d’abeilles. L’atelier bien équipé du Théâtre Persephone nous a ouvert ses portes pour l’occasion.

Comme plusieurs de nos lecteurs, Nicholas Blais, le scénographe (originaire de Calgary présentement établi à Toronto), se lève toujours à la barre du jour. On le retrouvait récemment à sa table à dessein tous les matins à 5h30 pour compléter les devis nécessaires à la production de Madame Butterfly, à la fois pour les menuisiers, les éclairagistes et l’équipe de production. 

À la première réunion de production, j’hérite d’un dossier illustré de chacun des accessoires utilisés par les personnages. On me confie le libretto – le texte de l’opéra – pour bien saisir comment chacun d’entre eux est introduit et utilisé.

La course aux trésors

Dès la première répétition, il est impératif de pouvoir fournir aux membres de la distribution les articles dont ils ont besoin, quitte à fournir des éventails de style espagnol plutôt que japonais pour les premiers jours. 

C’est grâce à la générosité de l’accessoiriste en chef du Persephone que je pénètre dans l’antre du théâtre. Même Indiana Jones ouvrirait grand les yeux en découvrant les rangées sombres d’étagères poussiéreuses chargées d’articles hétéroclites, les trésors des productions passées et à venir qui s’empilent jusqu’au plafond de ce capharnaüm : plateaux, carafes à whisky, gobelets, théières, étuis à cigarettes, lanternes orientales, matelas et coussins, faux sabre de Samouraï, etc... Tout y passe.

Je file ensuite avec Nick, notre dynamique scénographe, pour rencontrer les amies du Département de théâtre de l’Université de la Saskatchewan. Elles aussi nous ouvrent les portes bien gardées des salles où reposent les accessoires amassés au fil d’années de productions théâtrales. 

Des visites répétées aux magasins Village Green sur la 20e avenue et une excursion épique au Village des Valeurs nous permettent de découvrir de la quincaillerie fort utile et des éléments clé, dont un pot de rouge à peindre et un parasol d’une grande beauté.

L’achat des tissus des éventails à confectionner et des bannières à créer me permet de réaliser le niveau de qualité visé par cette production. Le poids et le flot des tissus, la tonalité des couleurs choisies, tout doit se marier parfaitement pour que la magie opère avec l’habillage très soigné de l’éclairage scénique. 

Une grande tragédie

La première représentation, samedi le 13 juin dernier, confrontait le public de Madame Butterfly à une grande tragédie. Les magnifiques tableaux mis en scène avec finesse et originalité nous transportaient dans un ailleurs déchirant, une époque où un officier pouvait s’offrir une jeune femme de quinze ans et l’abandonner à son sort après la nuit des noces. La réalité de notre époque en est elle vraiment si éloignée? 

Que voulez-vous, l’opéra, c’est ça aussi.

Les prochaines représentations à Saskatoon sont les jeudi 18 et samedi 20 juin 2015.