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Regina Folk Festival : La francophonie au rendez-vous

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Mario Lepage au Regina folk Festival 2017

Mario Lepage au Regina folk Festival 2017

Photo : Marie Galophe (2017)

REGINA - Le 150e anniversaire de la Confédération canadienne aura été l’occasion pour le Regina Folk Festival d’établir un double record : celui de la durée et celui du nombre d’artistes francophones à se produire en français. Retour donc sur ces quatre jours de festival qui a fait résonner le parc Victoria d’accents français, du 10 au 13 août 2017.

Cette nouvelle édition était en effet placée sous le signe de la francophonie puisqu’il est revenu au groupe québécois Mélisande [électrotrad] d’ouvrir la soirée Canada Far & Wide : Grands Esprits (voir encadré). Les sonorités électros du groupe ont été chaleureusement accueillies par les spectateurs, comme le souhaitait Mélisande : « Pour nous, c’est vraiment de valoriser la chanson traditionnelle francophone et puis de l’habiller de façon à ce que ce soit plus “attirant” pour un public plus large. » 

Pari gagné aussi si l’on en croit Sandra Butel, directrice générale du festival, qui s’est exprimée le lendemain : « C’est important pour nous de reconnaître que le Canada a plusieurs langues et que nous sommes un pays bilingue. Cette année, nous avons 6 artistes francophones au programme. Je pense que les artistes qui ont ouvert le festival étaient super et que ça ne dérange pas le public de ne pas comprendre les paroles parce que leur énergie est si bonne. » 

La soirée de vendredi a aussi fait une place d’honneur au français puisque ce n’est pas moins de trois artistes francophones qui se sont succédés sur la scène principale. On retiendra bien évidemment le passage de Cœur de Pirate, tête d’affiche du festival, qui s’y produisait pour la deuxième fois et confirme « qu’il y a des gens qui ne parlent pas nécessairement le français mais qui l’ont appris à l’école, qui sont intéressés par la musique en français. Les gens sont plus ouverts d’esprit qu’ils ne l’étaient il y a huit ans, dix ans. »

Son passage sur scène a été précédé par celui du Montréalais Vox Sambou, originaire d’Haïti, qui mêle le créole, le français, l’anglais, l’espagnol et le portugais dans ses textes, au profit d’une « musique traditionnelle haïtienne qui est fusionnée avec le jazz et le hip-hop. En termes de concert, il faut amener vos baskets, il ne faut pas amener vos talons », lance-t-il, rieur, en présence de ses 8 musiciens venant de différents milieux culturels francophones.

Entre ces deux poids lourds francophones, on ne peut manquer de saluer sinon d’admirer le passage d’une comète familière des cieux saskatchewannais. Le trio Ponteix s’est imposé avec une économie de moyens qui en dit long sur la portée de la voix de Mario Lepage, capable en moins de 15 minutes d’asseoir sa présence sur scène et de ravir l’attention du public avec des textes sensuellement poétiques, pourtant en rupture totale avec l’ambiance de la soirée.

Que ce soit en partageant la scène avec des artistes anglophones de la Saskatchewan le samedi ou encore avec des artistes francophones comme Les Hay Babies, Mélisande ou encore De Temps Antan le dimanche, c’est avec la même grâce que Ponteix a repris les chansons de leur EP J’Orage, sorti en 2016. Bien que musicalement très différent de ses homologues francophones, Ponteix a aussi été le seul groupe à souligner la dimension collaborative de cette entreprise musicale :

« C’est un festival qui met vraiment en valeur tous les artistes, grands et petits, surtout à travers les workshops en après-midi où il y a des collaborations live, sans préparation, sans rien. C’est vraiment des impros ou ils mettent de gros artistes et des petits artistes ensemble pour qu’ils fassent de la musique devant un public. Je trouve qu’il y a toujours quelque chose de vraiment impressionnant qui ressort. »

Vox Sambou a aussi insisté sur l’excellente organisation du festival : « J’adore le staff ici, les volontaires, la manière dont c’est organisé. C’est sûr qu’ils nous font sentir que tout est facile, mais on sait le travail qui est derrière : ça doit être énorme. On se sent vraiment privilégié de venir partager ça ici, avec les gens de Regina. Pour nous, c’est plus que de venir sur scène faire de la musique, c’est de connecter avec les gens de Regina, mais aussi le staff qui travaille. »

Si Vox Sambou revenait pour la troisième fois au Regina Folk Festival, De Temps Antan y participait pour la première fois. Ils ont ainsi pu se produire dans les ateliers, en après-midi, mais aussi sur la scène principale, en ouverture de la soirée de clôture. Leur spectacle Ce Monde ici-bas annoncé comme « un gros party sur scène » a tenu ses promesses et le public a dansé avec beaucoup d’enthousiasme au son du violon, de l’harmonica et de l’accordéon du trio de Lanaudière.

C’est jusqu’à tard dans la nuit donc que le français a résonné dans le ciel de Regina puisqu’il est revenu à Ponteix de contribuer à l’animation de l’after-party dédié aux quelques 500 bénévoles principalement anglophones du Regina Folk Festival 2017 et de les faire rêver, à la recherche d’une intemporalité qui transcende la langue.