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L'aide fédérale pour les radios et journaux se fait attendre

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Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine canadien

Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine canadien


Photo : Compte Twitter de Pablo Rodriguez
Après avoir exercé des pressions soutenues pendant deux ans pour obtenir une aide critique aux médias frappés par la chute de revenus, les journaux et radios communautaires se heurtent à d’autres délais. Deux comités ont été créés mais on ignore quand seront débloqués les fonds. Des questions demeurent aussi quant à la pertinence de l’offre.

Le fédéral a franchi une étape le 22 mai en détaillant le processus de nomination du comité chargé de lancer deux mesures fiscales confirmées lors du budget de mars dernier : une aide quinquennale de 595 millions sous forme d’un crédit d’impôt sur la masse salariale et une capacité de produire des reçus officiels pour dons de charité.

« Nous devons continuer d’avoir une presse vivante, professionnelle, fiable et indépendante, a souligné le ministre Pablo Rodriguez. Nous franchissons donc aujourd’hui une nouvelle étape vers la mise en œuvre de ces mesures visant à soutenir le journalisme canadien et local dans les communautés mal desservies. »

Pour assurer l’indépendance du comité, le ministre du Patrimoine canadien a confié la nomination des membres à huit organismes représentatifs de l’industrie chargés de soumettre chacun une candidature. L’Association de la presse francophone (APF) sera membre du comité.

Des journaux qui ne sont pas admissibles

Son président, Francis Sonier, avait mal réagi lors du dévoilement du budget en mars dernier, lorsqu’il a constaté que la majorité des 23 membres n’allaient pas qualifier pour le crédit d’impôt sur la masse salariale, à défaut du minimum requis de deux journalistes. Il avait aussi rappelé que très peu de membres pouvaient se qualifier comme organisme de charité.

« On représente des petits journaux, souligne Francis Sonier, et la plupart ne sont pas admissibles parce qu’ils ont un seul journaliste ou des pigistes et des contractuels. Ce n’est pas réjouissant que la plupart ne recevront aucun soutien. Plusieurs sont déjà dans une situation très précaire. »

Le comité a reçu le mandat d’établir les critères d’admissibilité des organismes journalistiques visés et de définir les types d’employés bénéficiaires. Il devra aussi recommander la composition du comité chargé de gérer les demandes aux programmes d’aide.

Le ministre Rodriguez a également nommé les organisations mandatées d’administrer un autre fonds fédéral de 50 millions sur cinq ans visant le soutien au journalisme local.

« Tout le monde est sur la corde raide »

La Presse canadienne et Médias d’Info Canada seront responsable du journalisme imprimé et en ligne, tandis que cinq autres groupes, dont l’APF, seront chargés de l’appui visant les radios et télés communautaires, les médias ethniques et de langue officielle en situation minoritaire.

Dans une entrevue à la SRC, le président de l’Association des radios communautaires de l’Ouest et des territoires, Michel Vézina, s’est inquiété de la situation de certains médias francophones.

« Tout le monde est sur la corde raide. À cause des grands comme Google et compagnie, la masse publicitaire a fondu et la plupart des médias passent par une période extrêmement difficile. »

« Pas de chèque avant la fin de 2020 »

Le président craint aussi la conjoncture politique. « On est dans un espace où les élections fédérales sont très proches. Ça laisse de nombreux points d›interrogation par rapport à cette aide, surtout qu›on sait que les conservateurs se sont beaucoup questionnés sur cette décision. On pourrait donc se retrouver devant une autre problématique après les élections. »

La directrice générale de l’APF, Linda Lauzon, doute que les fonds de 50 millions sur cinq ans pour le journalisme local soient suffisants. Selon elle, les besoins des médias communautaires en milieu minoritaire sont estimés à quelque 20 millions par année. Les échéances la dérangent également.

« Il semble que les gens ne recevront pas leur chèque avant la fin de 2020, a-t-elle signalé à Radio-Canada. C’est deux ans après la période d’admissibilité et cela nous préoccupe beaucoup. Parce qu’il va falloir tenir d’ici là. »