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Faire parler la littérature

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Livre
Crédit : Thought Catalog / Unsplash

La richesse des œuvres littéraires des auteurs francophones du Nord et de l’Ouest canadiens a rayonné pendant tout le mois de mars, Mois de la Francophonie. L’événement Dialogue d’écrivains, présenté par le Conseil culturel fransaskois (CCF) du 9 au 28 mars, a donné lieu à des soirées virtuelles et un forum en ligne alliant lectures publiques, débats et réflexions entourant le fait littéraire des prairies à la toundra.

Des artisans de la langue française aux quatre coins des provinces de l’Ouest et des deux territoires du Nord ont mêlé leurs voix par le biais des ondes virtuelles afin d’offrir des soirées de lecture. Et c’est en Saskatchewan que l’idée a fait son chemin jusqu’à ce carrefour interprovincial et interterritorial de rencontres et de découvertes.

C’est lors de l’une des retraites littéraires annuelles à Muenster, une petite ville à l’est de Saskatoon devenue le repaire des auteurs fransaskois, que le désir de créer des liens avec les amoureux de la littérature en tous genres, de l’Ouest et du Nord, a germé. 

« On avait un peu un syndrome de claustrophobie, relate le dramaturge Laurier Gareau, car nous ne pouvions pas inviter des auteurs d’autres provinces à notre retraite. On a donc présenté cette idée au CCF pour non seulement créer des liens, mais aussi un regroupement d’écrivains du Nord et de l’Ouest », précise le président des Éditions de la nouvelle plume.

Cette volonté, bien partagée par l’organisme, a donné naissance dans un premier temps à des soirées et à un forum qui présentaient les talents locaux et les activités du monde littéraire de chaque province et territoire.

Ouvrir les vannes

Le numérique a facilité l’accès aux événements, comme en témoigne Mychèle Fortin, auteure-interprète qui a aimé découvrir des auteurs d’ailleurs, de nouveaux sons de cloche, et surtout la jeune relève : « Mon coup de cœur a été une auteure de l’Alberta, Josée Thibeault, qui est aussi comédienne. L’interprétation de son texte était fantastique, je l’aurais écoutée encore longtemps ! »

L’auteur et musicien Jean-Pierre Picard la rejoint : « Au-delà du plaisir d’avoir accès à une tribune pour être écouté, […]j’ai senti chez les participants à ces soirées un véritable désir de nourrir des liens régionaux au sein de la communauté littéraire. »

Un élan littéraire

La soirée consacrée à la Saskatchewan, qui a accueilli une quarantaine de personnes, a fait une large place aux grandes pointures de la littérature fransaskoise, soit Martine Noël-Maw, David Baudemont, Jean-Pierre Picard, ainsi que Laurier Gareau à la co-animation. Des styles bien trempés qui ont reflété des thématiques variées, notamment l’histoire du célèbre cowboy Will James et celle du non moins iconique castor canadien, respectivement relatés par Martine Noël-Maw et Jean-Pierre Picard.

Contrairement aux arts de la scène dits « vivants », la littérature fait bonne figure au palmarès de la consommation. « Pendant les grandes crises comme la Seconde Guerre mondiale ou la pandémie que nous vivons présentement, les gens ont tendance à se tourner vers la lecture pour réfléchir et se divertir », souligne Frédéric Brisson, directeur du Regroupement des éditeurs franco-canadiens (RÉFC). 

De son côté, la directrice des Éditions du blé au Manitoba, Emmanuelle Rigaud, se réjouit de l’énergie qui souffle sur le milieu littéraire ces dernières années. Elle en veut pour preuve la mise sur pied, en 2017, de l’Association des auteurs du Manitoba français. Cette même année a également vu la création de la revue littéraire À ciel ouvert, en Saskatchewan.

Les projets littéraires se suivent, tous visant à favoriser la création, à soutenir les auteurs et à rapprocher les horizons de ceux qui font partie du vaste écosystème littéraire, soit les auteurs, éditeurs et diffuseurs.

La force du nombre

La question d’un regroupement d’écrivains de l’Ouest du Nord a été vivement discutée le 28 mars en présence d’auteurs des quatre provinces et des deux territoires, ainsi que d’administrateurs d’alliances bien établies comme le Regroupement des auteurs de l’Ontario français, mais aussi la société Chant’Ouest dans le domaine des arts musicaux.

Les avis étaient quelque peu partagés entre le désir de se regrouper dans une association qui réunirait les énergies créatives et la crainte des lourdeurs administratives qui découleraient d’une telle entité. Particulièrement dans les régions où les services et initiatives sont plus limités, les participants étaient très enthousiastes à l’idée d’une association commune.

« Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », a souligné l’un des participants à la rencontre. C’est donc un comité pilote qui va être mis en place, composé de représentants de chaque province et territoire afin de débroussailler le terrain.

En ce Mois de la Francophonie 2021, les arts littéraires, et à travers eux les mots d’une francophonie aux multiples accents, auront rassemblé une communauté bien vivante autour de l’amour du français.