Y a-t-il une vie après 70 ans?
Le chant de Georges Boivin à La Troupe du Jour
Pierre Collin a rencontré le public après la représentation de la pièce Le chant de Georges Boivin à La Troupe du Jour
« Quand t'as passé ta vie comme comédien, tu peux plus abandonner ça. Tu joues et des gens t’applaudissent. Les autres jobs... c’est rare qu’un patron t’applaudisse ».
Photo : Mychèle Fortin (2015)
SASKATOON - La Troupe du Jour présentait, samedi et dimanche derniers, Le Chant de Georges Boivin, une pièce de Martin Bellemare, avec Pierre Collin dans le rôle d’un homme de 77 ans qui « décide de relancer les dés » et part à la recherche de son premier amour d’il y a 50 ans.
Georges a perdu sa femme. Il a perdu sa
« référence au monde »
, il a peur de
« n’être plus là pour personne »
. Elle n’est plus là mais lui, il veut continuer à vivre. Et poussé par ce désir, il entreprend avec trois amis aussi âgés que lui un
road trip
du Québec à Vancouver, là où résidait, il y a un demi-siècle, la première femme de sa vie.
L’acteur est seul sur scène. C’est à travers ses yeux et ses émotions que les spectateurs peuvent ressentir et imaginer les trois amis qui l’accompagnent dans sa quête, plonger dans un univers que l’on voit peu sur scène, l’intimité entre « vieux » qui se connaissent depuis toujours.
On est étonné qu’un tel texte, récipiendaire du prix Gratien Gélinas en 2009, soit sorti de l’imaginaire d’un tout jeune auteur, Martin Bellemare. Voici ce qu’il en dit : « Je n’ai pas eu de grands-parents. Ils sont morts avant ma naissance. Puis, j’ai travaillé dans un centre hospitalier comme préposé aux bénéficiaires de 17 à 20 ans. Là-bas, je me suis rapproché de façon significative de personnes dites confuses. C’est cette affection, je crois, qui m’a poussé à écrire ce solo ».
Le chant de Georges Boivin, c’est aussi la rencontre d’un texte et d’un comédien. À 77 ans, Pierre Collin campe un rôle qu’on croirait taillé sur mesure. Il ne cache pas l’importance de cette pièce qu’il aimerait jouer tant qu’il en sera capable. « Cette pièce c’est un peu ma deuxième vie que je viens d’obtenir. Nous avons tous deux vies. La seconde commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une. Les temps changent. On voyait nos grands-pères et nos grands-mères assis dans la cuisine qui disaient ‘J’attends que le bon Dieu vienne me chercher’. Aujourd’hui ils joggent à 80 ans. »
Un groupe de la Fédération des aînés a assisté à la pièce samedi en après-midi. L’oeuvre a souvent été jouée pour un public d’aînés. Pierre Collin raconte que lors de l’échange qui a suivi une de ces représentations, il a demandé au public : « Y’a-t-il un avenir après 70 ans? » Question qui lui a valu un cri du cœur unanime, « comme à un spectacle d’enfants enthousiastes : Ouais! ». Tout comme Georges Boivin, Pierre Collin a « retrouvé l’avenir. Je suis un nouveau comédien ».
Le Chant de Georges Boivin, mise en scène Mario Borges, production Les Productions Kléos.
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