Première rencontre des ministres de l'environnement en dix ans
La Saskatchewan est la grande récalcitrante
OTTAWA _ Les ministres de l'Environnement du pays se sont contentés d'annoncer leur désir de collaborer encore, à la suite d'une première rencontre en 10 ans, à Ottawa, vendredi.
Si l'objectif demeure le même _ trouver le moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada, pour respecter l'engagement pris à la conférence de Paris, en décembre, de limiter le réchauffement de la planète à moins de deux degrés Celsius _ les moyens pour y arriver demeurent abstraits.
Jeudi, à quelques heures de cette rencontre, la ministre fédérale de l'Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, cherchait déjà à tempérer les attentes.
"On n'établit pas les cibles aujourd'hui. Ça va prendre du temps et on doit prendre le temps nécessaire. Je vais discuter avec mes homologues parce qu'on veut avoir une route (...) pour la réunion des premiers ministres, début mars", avait-elle déclaré à sa sortie des Communes.
À sa sortie de la réunion, 24 heures plus tard, son discours n'offrait aucun nouveau détail.
"Ici, la discussion (portait) sur ce qu'on peut faire ensemble, où on en est (en termes) d'émissions. Les provinces et les territoires ont beaucoup fait déjà. Alors, c'est maintenant au tour du gouvernement fédéral de travailler avec les provinces et les territoires pour réduire nos émissions", a déclaré Mme McKenna, répétant ainsi un message qu'on entend depuis la conférence de Paris.
Pendant les 10 ans où Ottawa n'a pas discuté avec les provinces de changement climatique, plusieurs d'entre elles ont établi leurs propres plans pour diminuer les GES.
Le nouveau gouvernement libéral à Ottawa s'est engagé à respecter les différentes approches des provinces.
L'Alberta a promis une taxe sur le carbone semblable à celle de la Colombie-Britannique. Au Québec, en Ontario et au Manitoba, on a plutôt choisi un système de plafonnement et d'échange des droits d'émission. Reste la Saskatchewan de Brad Wall qui est plutôt récalcitrante à tout l'exercice.
Le ministre saskatchewanais Herb Cox offrait encore la même résistance, vendredi après la réunion à 14, rejetant "toute forme de taxe sur le carbone" et affirmant qu'étant donné la situation économique actuelle, il faut éviter n'importe quelle nouvelle taxe.
"Ce n'est pas le temps de faire quelque chose du genre, surtout pas une taxe fédérale", a répété M. Cox, en point de presse, à l'issue de la réunion.
Son homologue du Québec s'est montré magnanime.
"Ce n'est pas au Québec de dire à une autre province ou à un autre territoire "vous devez absolument faire ça"", a souligné David Heurtel. Le ministre québécois préférait renvoyer la balle à Ottawa.
"Il faut que le fédéral aussi contribue à cet effort-là. Ce n'est pas seulement une addition du travail des provinces et des territoires", a-t-il fait remarquer.
Le ministre Heurtel s'attend à ce qu'Ottawa fasse sa part en investissant dans le développement des technologies propres ou en modifiant des règles fiscales.
"Dans ses propres champs de compétence, il faut que le fédéral démontre aussi qu'il contribue à l'effort", a insisté le ministre, sans parler de prix sur le carbone.
Pourtant, le premier ministre Justin Trudeau s'est engagé à fixer un prix national sur le carbone. C'est pour y arriver, donc, que les ministres de l'Environnement tenaient cette réunion à Ottawa et c'est dans le même but que les premiers ministres se rencontreront début mars.
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