Pour des états généraux de la communauté fransaskoise
Réponse à la lettre de Marie-France Kenny
Chère Marie France,
Je suis un Canadien d'origine ivoirienne qui a lu avec beaucoup d'intérêt ta lettre ouverte à la communauté. J'ai en effet trouvé courageux de ta part de dénoncer certaines tares au sein de la communauté; peu de personnes osent jeter ce regard critique sur la communauté de peur d’être jugées ou prises à partie par certains esprits chagrins et chagrinés.
J'ai été par contre frappé par ton analyse partielle et sélective de cette communauté à laquelle tu dis être très branchée. J'ai eu l'impression qu'on vivait tous les deux dans deux mondes parallèles, et il est possible que ce soit le cas. C'est pour cette raison que je vais me permettre de te faire une peinture de notre communauté aujourd'hui.
Il existe 3 catégories de personnes dans notre communauté. Il y a ceux qui croient dur comme du fer que la communauté fransaskoise leur appartient et par conséquent quiconque s'oppose à leur pensée ou vision attire leur courroux. Donc c'est bien eux qui doivent décider de ce que les autres devraient penser. S'opposer à eux est un risque périlleux. Du coup, il y a Eux et les autres.
Ensuite il y a ceux qui croient que la première catégorie est légitime, a raison et a, en effet, ce droit. Et les personnes dans cette deuxième catégorie sont prêtes à leur servir le café à souhait et accepter l'inacceptable quitte à se contenter de quelques tapes dans le dos. Je suis même convaincu que certains Ivoiriens et Burundais ont trouvé tes propos anodins. Pour ma part, je ne pense pas que le choix en exemple de ces deux communautés fut le fruit d'un hasard, mais je te donne le bénéfice du doute après ta seconde lettre.
Et enfin la troisième catégorie est la somme de tous ceux qui réfutent et refusent l'existence des deux premières catégories. Elle croit que la communauté est un bien commun qui doit être protégé par tous, sans exception, et pour tous.
Notre communauté est de plus en plus morcelée et divisée à cause des injustices faites à certains, l'iniquité avec laquelle on traite d'autres et le mépris dont souffrent beaucoup.
Oui Marie France, je suis d'accord avec toi pour dire que notre communauté est malade, malade de ces injustices, malades de ces querelles qui ont trop perduré entre ACF, CECS, CCF, ACFR etc... qui n'en finissent plus... malade de ces replis communautaires. L'émergence de plusieurs associations telles que la CAFS, l'Association des Ivoiriens, des Burundais, Congolais, Camerounais, Rwandais, Français et j'en passe, traduit bien un échec collectif et un malaise profond que seuls des États généraux peuvent aplanir. Je sais que c'est un mot sensible qui a une portée tellement terrifiante que certaines personnes refusent de l'entendre. Mais la solution se trouve là. On peut tourner 20 ans en rond au gré de certaines personnes, mais la solution pour un Mieux être et un Vivre ensemble ne pourra venir que de là.
J'aimerais conclure en te disant que personne ne gagne à voir une communauté divisée, personne ne gagne à discriminer les uns des autres. Nous devons faire assez pour attirer nos jeunes et néo-fransaskois dans nos organismes majeurs afin de revitaliser et insuffler un nouvel élan dans notre communauté. Les anciens doivent écouter les jeunes et les nouveaux et leur passer le flambeau avec sérénité. La communauté a subi une profonde mutation, le visage de la fransaskoisie ne sera plus celui connu il y a 20 ans. C’est cela notre nouvelle réalité. Alors il faut qu'on se parle, qu'on s'écoute pour embrasser avec ouverture cette mutation. J'aime comparer notre communauté à une plage. Nous sommes tous comme chaque grain de sable sur une plage, sans chacun de nous , il n'y a pas de plage.
Amicalement.
Patrice Ngouandi, Regina
Citoyen fransaskois.
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