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Jean-Pierre Picard (EV)
/ Catégories: Éditorial, Opinion, Politique

NPD Alberta et Conservateurs fédéraux : même avantage

Ils étaient nombreux à se réjouir de la surprenante arrivée au pouvoir du NPD en Alberta. Après avoir maintenu les Conservateurs au pouvoir pendant 44 ans, la province a fini par avoir la réputation d’une société plutôt à droite. Plusieurs parlent d’un vent de changement au pays.

Mais ceux qui voudraient empêcher Stephen Harper d’obtenir quatre mandats majoritaires consécutifs,  record égalé uniquement par Wilfrid Laurier et John A. MacDonald, ne devraient pas se réjouir trop vite. C’est grâce aux failles de notre système électoral que le NPD a pu se glisser entre les divisions du vote de ses adversaires. 

En fait c’est généralement le cas au Canada. Il est rare de voir un parti prendre le pouvoir avec une majorité de votes. L’équipe de Harper a remporté l’élection de 2011 avec moins de 40% du suffrage exprimé (39,6%). Cela ressemble à ce qu’a obtenu le NPD albertain a obtenu (40%).

En Alberta, l’arrivée du Wild Rose Alliance Party est venue saper l’appui aux Conservateurs en séduisant les électeurs les plus à droite de l’échiquier.  Le WRAP a réussi à maintenir la quasi totalité de ses sièges en plus d’en gagner 4 de plus qu’en 2012. L’appui populaire aux partis de droite albertains s’est maintenu au dessus de la barre des 50% depuis l’élection de 2004.

À Ottawa, c’est le même scénario, mais à l’inverse. Ce sont les partis plus à gauche (ceci étant relatif évidemment… pas besoin d’être socialiste pour être à gauche de Stephen Harper) qui se divisent le vote. On a tendance à oublier qu’après l’élection de 1993 les Conservateurs fédéraux n’avaient plus que 2 sièges alors que les Réformistes de Preston Manning en remportaient 52. En 1997 le Reform Party devenait l’opposition officielle face aux Libéraux reportés au pouvoir.

Le règne des Libéraux aurait pu continuer longtemps si les partis de droite n’avaient pas uni leurs forces derrière un seul parti. Le Reform Party est devenu le Canadian Alliance en 2000 avant de s’unir au parti Progressiste conservateur moribond en 2003. 

À l’élection suivante, en 2004, les Libéraux n’obtenaient qu’un gouvernement minoritaire. Puis en 2005, la droite, unie sous Stephen Harper, prenait le pouvoir et ça dure depuis ce temps.

Il y a fort à parier qu’avec la division du vote centre/centre-gauche aux élections fédérales Harper risque de se faufiler encore une fois au pouvoir. Qu’est-ce que cela augure pour le pays? 

Ce gouvernement a sabré dans tellement d’institutions en recherche en environnement que l’on peut se demander combien de temps il faudra pour reconstruire. Sur le site Web de l’Association des communicateurs scientifiques du Québec on peut lire :  « Le gouvernement fédéral musèle les scientifiques, coupe leur financement pour la recherche… »

Et il y a d’autres domaines qui subissent les politiques actuelles comme les programmes sociaux, les libertés civiles, etc. 

Je vous invite à lire l’excellente analyse de Chantal Hébert dans l’Actualité sur ce qui nous attend avec un prochain gouvernement Harper. Selon elle, « S’il est réélu, Stephen Harper pourrait lancer un assaut décisif contre les deux derniers bastions de résistance aux idées conservatrices : la Cour suprême et Radio-Canada. » 

http://www.lactualite.com/opinions/les-prochains-combats-de-stephen-harper/

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 - jeudi 14 novembre 2024