La petite enfance et l'avenir : Quand les chiffres parlent d'eux-mêmes
Dossier petite enfance - Mai 2014
« Donner un degré de priorité élevé au développement de la petite enfance. Il s’agit là de l’investissement le plus rentable que nous puissions faire pour assurer notre prospérité à long terme. » (rapport L’Ontario à l’ère de la créativité)
Tout le monde en parle. L’automne passé, la petite enfance était à l’ordre du jour de la 18e conférence ministérielle sur la francophonie canadienne. Les ministres responsables de la francophonie ont parlé du défi de conserver la langue française partout au Canada, et du rôle que peut jouer la petite enfance pour transmettre l’héritage francophone. Les ministres provinciaux et territoriaux de l’Éducation ont aussi abordé l’éducation à la petite enfance et ses bienfaits durant leur réunion à Edmonton.
En Ontario, par exemple, le gouvernement continue de faire de la petite enfance l’une de ses priorités en révisant son modèle de gouvernance du soutien à l’enfance et à la famille, en réalignant les ressources provinciales et en intégrant des programmes préscolaires au continuum éducatif. D’ici 2015, toutes les écoles de l’Ontario offriront des programmes de 4 et de 5 ans à temps plein dans la programmation de l’élémentaire. Dans son plus récent budget, le gouvernement de l’Ontario a annoncé un financement supplémentaire de 269 millions $ sur trois ans, afin de soutenir une hausse salariale du personnel des services de garde d’enfants. La province veut recruter et garder en poste les meilleurs éducateurs de la petite enfance pour offrir aux enfants les meilleurs services de garde possible.
Des adultes plus scolarisés, mieux adaptés et plus productifs
Les études canadiennes et internationales sont nombreuses à démontrer les effets significatifs des investissements en petite enfance sur la collectivité. Les bénéfices se font sentir à long terme sur plusieurs plans, entre autres :
- • l’éducation (augmentation de la réussite des élèves, diminution du décrochage scolaire, diminution des coûts spéciaux d’éducation);
- • la santé (réduction des coûts de santé, aux toxicomanies, etc.);
- • l’économie (diminution du chômage, de l’aide sociale et de coûts sociaux);
- • la justice (diminution de la criminalité).
Une étude (Ypsilanti) longitudinale menée au Michigan a permis de suivre pendant 40 ans les coûts-avantages d’un programme d’intervention préscolaire et familiale auprès d’un groupe d’une minorité urbaine. Les résultats de cette étude ont pu démontrer que chaque dollar dépensé pour le programme avait entraîné des économies de 17 $ en frais de santé, justice et d’aide sociale. (rapport Dans l’optique de notre meilleur avenir, Charles E. Pascal)
Une étude économique spéciale produite par les Services économiques TD arrive à la même conclusion. En effet, des analyses coûts-avantages canadiennes indiquent que pour chaque dollar consacré à l’éducation préscolaire, des gains se situent entre 1,49 $ et 2,78 $. Les gains sont de l’ordre de 17 $ pour chaque dollar dépensé lorsque ces programmes touchent des enfants provenant de milieux défavorisés. Les analystes arrivent à la conclusion que, « même si les programmes de qualité coûtent chers, les avantages de l’éducation préscolaire l’emportent largement sur les coûts ».
Un outil de transmission de la langue, de la culture et de l’héritage francophones
Si l’investissement stratégique dans la petite enfance produit d’énormes bienfaits sociaux, économiques et scolaires pour la réussite et le bien-être des individus et de la collectivité, c’est aussi vrai pour assurer la vitalité des communautés linguistiques minoritaires au Canada. Selon l’ancien directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, Rodrigue Landry, la petite enfance demeure la mesure significative de réparation des torts du passé (assimilation) pour augmenter la transmission de la langue française dans les foyers.
Au Canada, le taux de transmission de la langue du français langue maternelle se situe à 51 %. Plus les enfants sont initiés tôt à la langue française, meilleures sont leurs chances de conserver cette langue à l’âge adulte. Les chances de réussite à l’école de langue française sont aussi amplifiées. Des études menées sur les écoles de français langue première ont d’ailleurs révélé que chaque année de participation à un « programme préscolaire réduisait la probabilité de redoublement de la première année et ce, qu’il s’agisse d’enfants issus de familles à revenu élevé ou de familles à revenu faible (rapport Ronald Bisson, 2013).
Il en résulte que ces enfants qui poursuivent et terminent leurs études secondaires dans les écoles de langue maternelle française ont un plus haut taux d’employabilité et gagnent près de 10 % de plus en raison de leur bilinguisme (Statistique Canada 2009).
Encourageons donc la province de la Saskatchewan à investir dans les services de la petite enfance de langue française et de langue anglaise. Ce ne sont pas seulement les familles et les enfants qui en bénéficient, la société en profite aussi largement!
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