« Bouffe » Une comédie qui rassasie
Rencontre avec le public
Les acteurs et créateurs de Bouffe, Marc-André Charron et Mathieu Chouinard ont rencontré le public après la représentation de dimanche, le 9 novembre, sous l'oeil attentif du directeur artistique de la Troupe du jour, Denis Rouleau.
Photo: Jean-Marie Michaud
SASKATOON - Passionnés de cuisine, les chefs Bazil et Mortadel nous ont bien fait rire, et réfléchir, avec leur jeu d’une époustouflante créativité dans la pièce « Bouffe », présentée à la Troupe du jour les 7 et 9 novembre dernier. Ils rehaussaient d’une saucesavoureusement satyrique les travers alimentaires et culinaires de notre société en décadence.
Les spectateurs sont venus nombreux assister aux représentations de la coproduction invitée que la Troupe du Jour insérait savamment à sa programmation automnale. Avec la préparation sur scène du « potage ancestral », Marc-André Charron et Mathieu Chouinard de la compagnie Satellite Théâtre de Montréal se sont imposés un défi de taille. Cuisiner, même une simple soupe, au milieu d’une avalanche de scènes complexes, est une énorme contrainte logistique. Le jeu en valait la chandelle car le fumet de ce « personnage additionnel » nous chatouillait l’odorat jusqu’à la scène finale.
Une production exigeante
Formés entre autre à la prestigieuse école internationale de théâtre Jacques Lecoq à Paris, les talentueux comédiens et co-créateurs de la pièce « Bouffe » sont remarquablement bien outillés.
Ils investissent un travail monstre en amont de chacune des représentations : une heure pour préparer la nourriture - « ...car on veut que ce soit bon, et frais » nous disait Mathieu, - une heure d’échauffement vocal et corporel pour se préparer à l’effort exigé par ce type de théâtre physique, et une heure de maquillage et de concentration. Même Ghislain Basque, le régisseur avec ses vingt années de tournée, est épaté par leur discipline de fer. Il doit pour sa part consacrer une demi-heure avant chacun des spectacles pour s’assurer que les nombreux éléments hétéroclites nécessaires à la production soient bel et bien au bon endroit au moment voulu.
Un voyage (eh-hum) gastronomique
Avant même que le spectacle commence, le quatrième mur - ce mur invisible qui par convention existe au théâtre entre la scène et le public - est la première chose à disparaitre sous les couteaux affilés de nos deux chefs. Le théâtre bouffon et le clown, en effet, exigent ce rapport direct avec les spectateurs. Mathieu et Marc-André, avec l’accent coloré de leurs personnages, y prenaient un malin plaisir.
Dans un épatant flashback de leur enfance à bord d’un grand navire, l’éclairage et les éléments mobiles du décor étaient habilement manipulés pour nous faire traverser avec eux une tempête à tout casser : une scène mémorable brillamment exécutée ! Leur naufrage nous permettait de sombrer avec eux dans le vif du sujet et de découvrir la source de leurs gouts excentriques.
Le calme revenu, quelques joyeux spectateurs étaient invités à déguster la finesse de leur cuisine. D’un petite assiette à l’autre, nos deux chefs soulignaient à leur façon la décadence dans laquelle s’endors notre société bien dodu et dont il vaut mieux rire; jusqu’au moment du dessert... Mais ça, c’est une surprise!
Nous saluons l’audace du Théâtre populaire d’Acadie et la compagnie alsacienne Houppz! Théâtre de s’être alliés à ces deux « affamés » pour que naisse leur création débridée.
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