Une communauté…en santé?
Commentaire suite aux lettres ouvertes février 2017
Il y a quelque chose « qui sent mauvais dans l'état du Danemark »! J’aimerais bien mettre le doigt sur cet abcès qui perdure dans le pays de la Fransasque. J’entends et je lis les mots « discrimination », « injustice », « racisme »..! Sommes-nous au 21e siècle, au Canada, en Saskatchewan? Chers amis, pouvons-nous, un instant, sortir notre tête de ce sable (dont nous sommes tous un grain) et se parler vraiment?
La Fransaskoisie, c’est où je vis, où je travaille et où je participe activement depuis 20 ans. Elle n’est pas parfaite. Elle est dispersée et parfois elle est perçue comme fermée d’esprit, ou manquant d’ouverture sur les autres... Mais c’est aussi une communauté qui fait des jaloux! Quand on se regarde on se désole, quand on se compare on se console! Cette communauté a eu le courage de se questionner, de se donner un plan de 20 ans pour l’accueil des nouveaux arrivants, s’est permise une Commission sur l’inclusion, s’est donnée un code d’éthique et, drôlement, elle est toujours prête à se réinventer! Cependant, ces dernières années, il y a un malaise qui percole sournoisement à tous les niveaux – dans nos petites communautés, dans les organismes, dans les paroisses, dans nos écoles, dans nos activités culturelles et dans notre gouvernance…
Peut-être avons-nous besoin de moins de philosophie et plus de logique? Sur quoi est fondée cette idée de cloisonner notre communauté? Elle est tissée de tous ses membres! Pourquoi enflammer et diviser encore plus? Je ne comprends pas! Est-ce une question de perception ou de susceptibilité?
Ce que je n’accepte pas c’est le dénigrement des « anciens » de la communauté qui ont lutté pour la faire reconnaître, qui se sont battus pour ses droits, qui ont fait qu’elle s’est tenue debout parce qu’elle s’est ralliée, parce qu’elle est fière.
Être Canadien ou Canadienne, qu’on soit né ici ou ailleurs, c’est d’abord et avant être tolérant. Adopter les valeurs canadiennes, c’est être fier du multiculturalisme, du bilinguisme, de la « collectivité » avant l’individu; c’est être un bâtisseur! Pour vivre ensemble on se respecte mutuellement avec notre bagage (des anciens et des nouveaux), avec l’histoire et le patrimoine adoptif auquel on contribue! Et si on accepte cela, notre société continuera à évoluer, à progresser et à rayonner. N’est-ce pas cela le projet de société que nous voulons nous donner et léguer à ceux et celles qui nous succèderont?
Or, comment se retrouver dans tout cela? Comme nouvel arrivant, comme nouveau membre francophone, francophile, comme citoyen? Où trouver sa place? D’abord, c’est dans la richesse de notre diversité et dans la reconnaissance sans équivoque qu’il y a une valeur ajoutée quand on y contribue ENSEMBLE.
Ma communauté, je la bâtis et j’y contribue parce que j’y appartiens. Je souhaite que mes compatriotes se sentent bienvenus et à l’aise d’en faire partie aussi. Si j’appartiens à la Fransaskoisie, c’est parce que j’ai voulu trouver une place pour moi et ma famille, pas parce ce que je voulais imposer mon point de vue à tout prix. Il y a 20 ans, j’étais vue comme une « outsider », même comme Franco-Albertaine – ça n’a pas été facile de s’intégrer. Avec le temps, j’ai découvert une communauté chaleureuse, unique et créative et surtout fort accueillante. Cependant, j’ai eu à me retrousser les manches, à y participer activement et positivement.
Ce qui m’attriste c’est quand je constate le cloisonnement de groupes dans notre communauté, quand j’entends les « vous » et les « nous ». Ce n’est pas sain! On peut faire mieux et on a déjà fait mieux.
Alors qu’on se dise les vraies choses! Qu’on se parle dans le blanc des yeux, qu’on s’assoit à la même table en tant qu’égaux et qu’on s’écoute! Qu’on appelle cela « des états généraux » ou une « table de dialogue », je m’en fous! Trouvons un mécanisme avec une médiation neutre pour aborder les préoccupations et les mécontentements.
Que les mécontents de notre communauté s’assoient à la table. Du leadership ça engage; ça n’accuse pas. Le leadership se mérite - ça ne s’impose pas. Et mon dieu, du leadership, que nous en avons besoin en ce moment!
Gabrielle Lepage-Lavoie
Saskatoon
751