Cali, dans l’obscurité.
Paul Ruban
avant même que tu
ne perces ton cocon
tu auras entendu
le chant des baleines
résonner contre les
criques et les pics rocheux
de Big Sur
et le mnash grand bash
des vagues de Kerouac.
tes petits poumons
auront inspiré
l’odeur des tacos
au poisson-chat,
le parfum des orangers
et des eucalyptus,
le sel de mer
mêlé aux effluves
de barbe à papa
sur la jetée de Santa Monica.
à San Francisco
tu auras flotté
vers le haut
lorsque le tram
fonçait vers le bas
et auras été chatouillé,
peut-être,
par les
vilaines
punaises
qui mouchetaient ce triste motel de
Los Alamos.
avant que tu ne
sortes de ta caverne,
l’aube rosée
de Santa Barbara
se sera glissée
entre les fissures,
tu auras entendu
les pieds de ta mère
traîner dans le sable,
le zèbre hennir
parmi les chevaux,
le roucoulement de l’espagnol,
les théories fumeuses
de cet historien de jeans,
pour qui la couture arquée
sur les fesses de Levi’s
ne pouvait être qu’un clin d’œil
au Golden Gate,
et le vrombissement
des ailes de ce colibri,
qui voltigeait autour
de toi,
un
hippocampe
curieux
qui
barbotte
autour
d’un hublot de
sous-marin,
comme pour
mieux épier
les mystères
de la mitose.
Paul Ruban
Né à Winnipeg, Paul Ruban a grandi à Ottawa. On peut lire ses nouvelles et poèmes dans diverses revues et anthologies. Son premier recueil de nouvelles, Crevaison en corbillard (Flammarion Québec), s'est vu décerner le prix Trillium 2020.