Le financement communautaire
Se diversifier sans pour autant laisser le gouvernement nous oublier
Récemment une formation sur le financement a été organisée en partenariat entre le Collège Mathieu et l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), probablement une des meilleures qui ait été donnée à date dans ce domaine.
Actuellement, les communautés francophones à travers le pays font face à un problème aigu de ressources de toutes sortes: humaines, techniques, financières. Les organismes locaux et provinciaux ont pour mandat d’assurer le développement et l’épanouissement des francophones dans leur langue et dans leur culture. Les Fransaskois ne font pas exception.
Jusqu’au début des années cinquante, il y avait peu de financement. L’Association culturelle (catholique avant cela) franco-canadienne de la Saskatchewan (ACFC) organisait une levée de fonds annuelle dans ses cercles locaux, ce qui soutenait de peine et de misère le secrétariat provincial et ses activités. Avec l’arrivée de la Loi sur les langues officielles, l’ACFC et les organismes provinciaux existants ont pu commencer à s’organiser grâce au financement fédéral qui a suivi. L’ACFC a pu placer en région des employés, qui se sont souvent retrouvés entre l’arbre et l’écorce c’est-à-dire entre les directives de l’ACFC et les attentes des communautés qui fonctionnaient avec de petits budgets.
Puis, la signature de la première entente Canada-Communauté fransaskoise et la manne financière qui a suivi ont permis l’autonomie des régions qui ont obtenu assez de budget pour embaucher un employé et développer une programmation. De nouvelles associations provinciales virent le jour. Dès la deuxième entente, il y eut une baisse de cette manne et à la troisième, qui correspondait à une période de restrictions budgétaires à Ottawa, le financement fut coupé radicalement, causant une implosion de l’ACFC et menant à la création de l’ACF.
Le financement associatif a connu une légère hausse mais stagne depuis le début du nouveau millénaire. On peut dire qu’il a même diminué si on tient compte de l'inflation. Il y a eu une vague de diversification ministérielle du financement qui est plutôt demeurée une vaguelette. Le travail de persuasion à faire auprès des autres ministères demeure énorme.
Les coûts croissent sans cesse et les revenus ne suivent pas la même courbe, que faire?
Pendant la formation, on a abordé plusieurs sujets : le membership, qui demeure plutôt symbolique ; les fondations, comme la Fondation fransaskoise, qui demeurent un levier plutôt à moyen terme; la vente de publicité ou la recherche de commandites sont d'autres pistes mais les marchés touchant les francophones sont plutôt minces. Aussi, il vaudrait la peine d'explorer et d'exploiter les marchés des francophiles et des anglophones.
L'entrepreneuriat, consistant à favoriser l’initiative des employés encouragés par des incitatifs internes aux organismes, est une piste très intéressante. Et la présence d'une ou quelques personnes ayant des expertises financières sur nos conseils d’administration serait un atout. La limite pour développer du financement alternatif demeure la limite de l’imagination, de la créativité. Mais deux principes sont quand même à retenir. D'abord, si on choisit d'offrir des services à des clientèles francophiles ou anglophones, il faut se souvenir que nous sommes des organismes francophones dédiés avant tout aux francophones. L’autre principe à retenir est que le gouvernement fédéral a la responsabilité d’appuyer les communautés de langues officielles et que cela fait partie de la formule de financement de nos groupes. En conclusion, nos employés et nos bénévoles devront dans le futur avoir des connaissances et des expertises en financement si on veut assurer la pérennité de nos communautés! Mais pas question que les gouvernements s’en lavent les mains!!!