Lendemain de veille au Québec
Pauline Marois doit sûrement se demander quel train lui est passé dessus. Connaissant la tradition péquiste de persécuter ses chefs défaits en élection, sa décision de quitter la direction du parti est la plus sage qu’elle ait prise depuis quelque temps.
Il faut dire qu’elle l’a un peu cherché. En déclenchant cette élection, madame Marois a enfreint sa propre loi sur les élections à date fixe, adoptée en juin 2013, qui prévoyait la prochaine élection en octobre 2016. L’esprit de cette loi était d’éviter qu’un parti au pouvoir profite d’une embellie dans les sondages pour lancer la province en élection. Et c’est exactement ce qu’a fait madame Marois. Les politiciens sont connus pour briser leurs promesses, mais leurs propres lois???
Et puis, elle recrute Pierre Karl Péladeau en pleine campagne électorale sans savoir l’effet qu’aura cet éléphant sur la porcelaine de l’électorat. L’arrivée de ce magnat de la finance a réussi le pari de rendre la souveraineté douteuse chez les militants de l’aile gauche.
Il faut dire que les nuances de la politique québécoise sont difficiles à cerner. La question de la souveraineté force des alliances tous azimuts sur l’échiquier politique. D’un côté du spectre, on retrouve des gens de gauche de la trempe du regretté Pierre Bourgault ou même de Gilles Duceppe, et à l’autre extrémité, des hommes, comme Pierre Karl Péladeau ou Lucien Bouchard.
Bref, comment construire une force participative autour d’un parti qui change de vision sociale au gré des chefs qui se succèdent encore plus vite que les saisons? Le premier ministre Brad Wall, à l’instar de ses homologues au pays, a manifesté sa satisfaction face au scrutin de lundi dernier et a même dit « Adieu » aux souverainistes. Il ne faut pas confondre souveraineté et Parti Québécois. Il y a sans doute bien des personnes qui voudraient la souveraineté mais qui préfèrent l’agenda politique des autres partis sur les questions économiques et sociales.
En bout de ligne, la déconfiture du Parti Québécois me rappelle à quel point il n’y a pas qu’en politique que des gens rassemblés autour d’un objectif commun finissent par tout perdre par manque de clarté ou de collaboration sur la façon de l’atteindre.