C’est à nous d’y voir (Extrait)
Extrait de la pièce C’est à nous d’y voir qui retrace l'histoire de la Fédération des aînés fransaskois. Elle sera présentée à la Troupe du Jour de Saskatoon du 23 novembre au 3 décembre 2023
Synopsis : Une troupe amateure d’ainés entreprennent de monter une pièce de théâtre avec l’appui d’une jeune Régisseuse qui ne comprend pas les défis de leur âge.
Régisseuse : (Cassant le 4e mur) Ah, bonjour ! Vous vous demandez ce qui se passe ? Bien voilà que Vitalité 55+ prépare un spectacle, une pièce de théâtre en célébration de son 40e anniversaire.
Marguerite : Au début, c’était la FAF, la Fédération des ainés fransaskois.
Régisseuse : Oh, je le sais, ça n’a pas l’air tellement prometteur comme sujet. Une histoire de vieillards….
Michel : Ah non! Nous sommes les « jeunes d’esprit », Mademoiselle !
Donalda : Ouais, si c’est ça votre attitude, Mademoiselle…
Émile : La société semble croire que c’est la jeunesse qui porte l’espoir.
Marguerite : Mais c’est nous qui avons préparé son avenir.
Régisseuse : (À la Troupe.) Assez de philosophie, les amis. Je surveillerai mes mots dorénavant. (Au public.) Dans cette pièce que nous préparons, Troupe Vitalité veut célébrer les débuts de la Fédération des ainés fransaskois. Elle veut s’attarder sur leurs initiatives, leurs succès. Elle veut fêter une association qui enrichit toujours notre communauté et nos ainés.
Lucie : On n’est pas fort mais on n’est pas mort !
Régisseuse : Notre société ne sait même pas comment les nommer. On se perd en euphémismes. On parle du « bel âge » « du troisième âge », de « l’âge d'or ».
Annette : Ouais, l’âge où on dort !
La Troupe fait semblant de dormir en ronflant la bouche ouverte.
Régisseuse : (En référence au ronflement.) Je vous en prie! (Ils arrêtent.) Même la Fédération a proscrit le mot « ainés » en se renommant Vitalité 55+.
Lucie : Ouais, on est plusse !
Michel : Plusse que vous pensez.
Annette : Et pis la FAF, ça me faisait toujours penser à un pneu crevé !
Toute la Troupe : FAFFFFFF !
Ils font semblant de se dégonfler comme des pneus crevés et se trouvent bien drôles.
Jeanne : (Des coulisses.) Mademoiselle la Régisseuse, avez-vous fini de vous entendre parler ? C’est le temps pour mon entrée.
Annette : L’entendez-vous, celle-là ?
Régisseuse : Oui madame. (S’adressant à la Troupe) Mais qu’est-ce que vous attendez ? Vite, mettez les chaises en place pour la première scène historique avec la Dodge ’38.
La Troupe réorganise les chaises en deux rangées de trois pour créer une voiture. Ils retournent à leurs porte-manteaux et endossent leurs accessoires. Entretemps, la Régisseuse finit son adresse au public.
Régisseuse : Mesdames et messieurs, voilà que ce soir, nous célébrons un rassemblement de personnes bien ordinaires, vivant des vies bien ordinaires, dans des villages et des villes bien ordinaires dans la province la plus plate du pays. (Elle pointe à la carte sur le fond de toile, et trace un rectangle dans l’air.) Comme, regardez-moi ça : plate. (Geste de main soulignant l’horizontal.) Plaaaaate !
JEANNE : (Des coulisses.) Mademoiselle la Régisseuse ! J’attends !
Régisseuse : Ne voulez-vous pas que je vous introduise comme il se faut, madame? (Retournant au public.) Est-ce que les ambitions, les activités, les projets, les succès d’une fédération de vieillards fransaskois-
Michel : Mademoiselle, un peu de respect !
Régisseuse : - d’une fédération de Fransaskois jeunes d’esprit mais non de corps qui voulaient faire les choses en français ont contribué quelque chose d’essentiel à votre vie ?
Bien, il semble que pour cette fédération, la vie n’est pas finie avant le dernier soupir, et en attendant ce moment, y’a des choses à faire. Mot d’avis : la femme qui a mis tout ça en branle…elle n’était pas tout à fait ordinaire.
Zenon Park, 1938, la famille Leblanc.