Le tourisme estival touché de plein fouet en Alberta et Saskatchewan
Selon l’organisation touristique Travel Alberta, le logement, la restauration et le transport ont été les trois catégories les plus touchées par la pandémie cet été, lors d’une saison touristique qui a mis du temps à démarrer… pour ne pas réellement décoller. En Saskatchewan, le président et directeur général de l’Association Hôtel et Hospitalité, Jim Bence, a quant à lui confirmé une saison estivale 2020 catastrophique pour la province. En somme, un été touché en plein cœur par la pandémie, malgré les petites aides des gouvernements
Si les acteurs du tourisme dans les deux provinces se retrouvent sur un point, c’est bien celui-là : aucun profit n’a été réalisé par les différents secteurs du tourisme cet été, loin s’en faut.
Alors que des campagnes locales ont été lancées pour pousser les Albertains et les Saskatchewanais à redécouvrir localement leur région, les visites des Canadiens d’autres provinces ont été timides en Saskatchewan. L’Alberta aurait davantage attiré, grâce aux fameuses Rocheuses canadiennes. Les aspirations au grand air étaient nombreuses pendant la pandémie.
« Très peu d’entreprises ont pu tirer leur épingles du jeu. »
Selon la directrice du développement touristique et entrepreneuriat du Conseil de développement économique de l'Alberta (CDÉA), Julie Fafard, « les terrasses ont sauvé la saison ». Elle souligne toutefois que même les affaires qui fonctionnaient n’ont pu faire de profits, puisqu’aucune n’était ouverte à sa capacité optimale à cause des mesures que l’on connaît. « Très peu d’entre elles ont pu tirer leur épingle du jeu. Si elles l’ont fait, c’est qu’elles avaient une certaine réputation et les reins assez solides pour passer au travers », explique la directrice.
Les recettes des services de nourriture et de boisson ont commencé à décliner considérablement dès le mois de mars. En avril, le niveau de perte était de 58,4% comparativement à 2019. Toutefois, malgré un rebond en juin-juillet avec des baisses respectives de 25,8% et 19,4% comparativement aux chiffres de 2019 émis par Statistique Canada, ces services ont tout de même enregistré près de 27% moins de recettes que l’an dernier. Le taux d’emploi a également chuté dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, notamment en juin avec 34,7% comparativement aux données de 2019.
En Saskatchewan, où Regina et Saskatoon sont les villes les plus fréquentées, le revenu par chambre a chuté de moitié, comme l’indique Jim Bence. En juillet 2019, le revenu était de 67$ à Regina et de 77$ à Saskatoon. Ces deux données sont passées respectivement à 34$ et 39$.
Aides gouvernementales : « C’est déjà très bien d’avoir eu quelque chose. »
Ces chutes s’expliquent davantage par le fait qu’en Alberta comme en Saskatchewan, les visiteurs des autres provinces venaient par grappes éparses, vu les mesures et l’appréhension de voyager hors province en temps de pandémie. Ensuite, les villes auraient été désertées au profit des campagnes, comme ont pu l’observer Julie Fafard et Jim Bence, chacun dans sa province. « Les centres-villes ont le plus souffert », témoigne ce dernier.
Le gouvernement de la Saskatchewan a versé, à la mi-août, 35 millions de dollars à l’industrie du tourisme provinciale. « Un réel effort, alors que le gouvernement était aux prises avec des priorités en termes de santé, de soutien pour les revenus, mais certainement, nous attendions plus de support », de préciser M. Bence.
De son côté, Travel Alberta aurait reçu 17 millions de dollars des deux paliers de gouvernement. « C’est déjà très bien d’avoir eu quelque chose, mais ce n’est pas assez », affirme la vice-présidente pour le développement des affaires de Travel Alberta, Karen Soyka.
« En 2016, le gouvernement croyait beaucoup à la diversification de l’économie albertaine par le tourisme, enchaîne Julie Fafard. Une grande subvention a donné du carburant... Nous étions en bonne position pour mieux discuter avec les grands joueurs. Depuis, le gouvernement a changé et il y a un mois, il a effacé la section tourisme du ministère. Désormais, le tourisme est englobé dans le portefeuille emplois, économie et innovation. Cela nous démotive. Les grands joueurs du tourisme de la province sont vexés ».
Une préparation restreinte par la situation
Les deux provinces tentent de se préparer à la saison automne/hiver 2020, tant bien que mal. Ceux qui souhaitent passer l’hiver dans les régions chaudes des États-Unis ne le pourront pas cette année. Tandis que la CDÉA favorisera prochainement les webinaires pour continuer d’être en contact avec les opérateurs touristiques, le directeur de l’Association Hôtel et Hospitalité de Saskatchewan voit ce futur proche d’un œil morne. « Normalement, c’est la saison la plus occupée pour nous, puisque les conférences et les salons professionnels redémarrent… Je crois notamment que le premier quart de 2021 sera un désastre », prédit Jim Bence. Il ajoute: « Nous continuons de travailler, notamment avec le gouvernement. »
Quant à Julie Fafard et Karen Soyka, elles expliquent que selon les lignes directrices énoncées par les provinces sur les restrictions des voyages, il serait inapproprié de pousser les gens à se déplacer hors province. « Nous allons continuer de nous adresser localement aux réseaux du tourisme, évoquer peut-être des journées spéciales ou un festival… On va s’ajuster », disent-elles.