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Marie-France Kenny

"Comment ai-je bien pu me rendre ici?" - Marie-France Kenny

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L'autre soir, alors que je repensais à ma merveilleuse journée après avoir reçu la distinction de l’Ordre des francophones de l’Amérique du gouvernement du Québec, je me suis demandé “Mais comment ai-je bien pu me rendre ici?” 

La partie francophonie est assez facile à comprendre. Je suis francophone dans un pays où l’anglais est prédominant. J’ai des valeurs fondamentales profondes, dont les plus dominantes sont la justice et l’équité. Rien à voir avec être meilleur ou pire ou contre quelque chose, mais tout à voir avec le respect et l’ouverture à l’autre, à ses différences et à notre diversité. Ça je le dois à deux personnes : ma mère la fonceuse passionnée et mon père plus effacé mais si sage. On dit qu’on ne choisit pas ses parents, mais sincèrement, en toute objectivité, si l’on m’avait donné le choix, je n’aurai pu choisir personne au monde de mieux. On dit qu’on ne choisit pas ses frères et sœurs. Je n’ai qu’une sœur, mais là encore, j’ai frappé le gros lot. Ma sœur est le modèle le plus généreux et aimant qu’on puisse demander. 

Ajoutons à cela les centaines d’organismes francophones d’un océan à l’autre, leur personnel, leurs bénévoles et les membres de nos communautés qui tous les jours m’inspirent, m’allument et me motivent et disons que la francophone en moi, est très bien servie. 

Pour le reste, au début de ma carrière, j’ai connu une jeune fille qui croyait tout savoir, arrogante, têtue qui bien franchement si elle travaillait pour moi aujourd’hui, serait remerciée assez rapidement. Elle s’appelait Marie-France. 

Alors là, la question s’impose plus que jamais : “Comment ai-je bien pu me rendre ici?

Appelez ça de la chance si vous le voulez, mais j’aime croire que je suis née sous une bonne étoile et que j’ai des anges gardiens. Dans mes parcours personnel et professionnel j’ai eu la chance de rencontrer des gens comme très peu ont la chance d’en rencontrer. Ce sont des gens qui m’ont arrêté avant que je ne me casse la gueule, qui m’ont bien gentiment botté le derrière ou remis à ma place, des gens qui ont cru en moi et qui m’ont appris à être plus sage, plus réfléchie et à persévérer, des gens qui m’ont tenu responsable de me surpasser et qui m’ont dit qu’ils s’attendaient à mieux de moi et pour moi, des gens qui m’ont appris à me calmer « le pompon » et que la passion c’est bien beau, tant qu’elle ne brime pas la passion des autres, des gens qui m’ont ramassé lorsque je suis tombée, bref, des gens qui avec leur leadership m’ont inspirée. On les appelle souvent des mentors. Moi je les appelle aussi mes anges gardiens.

Je ne peux tous vous nommer parce que ma page planterait sans doute. J’aimerai toutefois croire qu’en lisant cette note, vous vous reconnaitrez et que vous saurez que cette petite tape dans le dos, cet encouragement que vous m’avez donné, quand j’en avais besoin, ou encore que cette discussion franche ou coup de pied au derrière que vous m’avez donné, quand je le méritais, ont fait en sorte que je me sois rendue ici. Et de grâce n’arrêtez pas, je ne suis pas rendue à destination et j’aurai surement encore besoin de la petite tape dans le dos ou de ce bon coup de pied au derrière et je compte sur vous. 

Alors ce soir, alors que je sais maintenant comment je me suis rendue ici, sachez que je pense à vous et que cette distinction je la partage avec vous parce c'est grâce à vous qu'on me l'a accordée. 

Mille mercis!

 

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