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Les noms d'ici, par Carol Léonard

Sacré Charlemagne!

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Pour nous inviter aux vacances, il y a eu la chanson « C’est le temps des vacances ».  Mais pour nous ramener à la réalité de la fin de celles-ci et de la rentrée scolaire, il y a eu une chanson très populaire en son temps par la chanteuse française France Gall. Évidemment, il s’agit de « Sacré Charlemagne ».

D’après cette chanson, c’est ce sacré Charlemagne qui a eu un jour l’idée folle d’inventer l’école. Toujours d’après la chanson, il donna beaucoup d’ennuis aux élèves: participe passé; 4 et 4 font 8; leçon de français, de mathématiques; que de travail ! « Il aurait dû caresser longtemps sa barbe fleurie… » 

Mais malheureusement (ou heureusement pour lui), Charlemagne, fils de Pépin le Bref n’a pas inventé l’école car celle-ci existait déjà à son époque. Peut-être pas pour tout le monde mais elle existait quand même. Il a cependant encouragé un renouveau culturel  dans le royaume des Francs et ordonné au clergé d’ouvrir des écoles pour tous: il souhaitait développer l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. C’est le noyau de base de l’école publique.

Je ne sais pas comment Charlemagne verrait l’école d'aujourd’hui, celle des multitudes de chambardement de programmes, des élèves qui ont une multitude de besoins de mieux en mieux et de plus en plus identifiés, des devis pédagogiques multiples. 

Pour les francophones canadiens, l’accès à des écoles françaises un peu partout au pays a été une chaude lutte. Non seulement l’accès mais aussi la gestion de ces écoles. Rares sont les écoles qui n’ont pas vu le jour sans une saga devant les tribunaux. Et on ne peut s’arrêter là. Qui dit écoles, dit aussi centres de petite enfance. Et qui dit écoles dit aussi la suite après le secondaire, c’est-à-dire les niveaux collégial, technique et universitaire. Et on n’a pas fini si on se fie à la situation dans plusieurs provinces.

En Saskatchewan, la communauté fransaskoise a eu sa part de défis en matière d’éducation. Chaque école du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a eu son histoire. Encore aujourd’hui, il y a des écoles à réparer, d’autres à agrandir, certaines à créer, un préscolaire à compléter et un post secondaire à mettre sur pied. Et cela semble toujours devoir passer par les tribunaux face à l’incompréhension du gouvernement provincial qui s’étonne toujours de cette réalité. 

Depuis quelques années, le CÉF connaît ce qu’on peut appeler des maux de croissance. Le financement est toujours insuffisant car n’oublions que le CÉF doit aller au delà de la simple éducation des systèmes publics et catholiques: on parle de langue, identité et culture, du développement du citoyen fransaskois complet. L’immigration constitue un autre défi. Sans oublier la refrancisation des jeunes qui ont droit à cette éducation fransaskoise. Il est normal que les parents se questionnent. Il y a une démocratie scolaire pas toujours facile à comprendre et des décisions qui sont loin de satisfaire tout le monde. Mais c’est là le lot de s’impliquer et d’avoir obtenu le droit de gérer nos institutions scolaires.

Dans les prochains jours, des centaines de jeunes de tous les âges envahiront à nouveau nos institutions scolaires. Ils seront, pour la prochaine année, au cœur de nos préoccupations, comme intervenants scolaires, comme intervenants familiaux et comme intervenants communautaires. Nous avons un devoir de leur montrer le chemin comme adultes, citoyens, Fransaskois, et celui de trouver les solutions qui répondront aux besoins en éducation des jeunes fransaskois. 

Bonne rentrée scolaire et peut-être merci à Charlemagne, l’empereur à la barbe fleurie.


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